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L'effondrement du Yémen, un avant-goût des difficultés à venir

La crise au Yémen constitue un avertissement sérieux face aux risques menaçant les Etats dans les années et décennies à venir, non seulement dans la région mais à travers le monde

Le Yémen est au bord de la guerre civile. Suite à la chute du gouvernement soutenu par les Américains à Sanaa, la capitale du pays vieille de 2 500 ans, et à la prise du pouvoir par les rebelles chiites houthis en provenance du nord,  le Yémen s'est retrouvé pris dans la tourmente et fait face à la menace d'une nouvelle conflagration régionale de nature sectaire.

La Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France ont déjà fermé leur ambassade, mais il reste à savoir comment ces acteurs peuvent répondre à une crise qui semble sur le point d’échapper à tout contrôle.

Les spécialistes de la guerre se sont bousculés au portillon pour proposer toutes sortes de recommandations périmées et largement inspirées des politiques ratées de lutte contre le terrorisme mises en place au cours de la dernière décennie.

Nous sommes à court d'options, mais la cause de tout cela est plus nuancée que ce que certains pourraient croire.

Les éléments moteurs de la défaillance de l'Etat yéménite ne sont pas les islamistes, les djihadistes d'al-Qaïda ou les Houthis : ces facteurs sont d'ordre structurel, systémique et, en fin de compte, civilisationnel.

Bienvenue dans un futur post-pétrolier

L'histoire du Yémen est celle d'un effondrement prolongé et inexorable. Autour de l'année 2001, la production de pétrole du Yémen atteignait son maximum. Depuis, la production est passée de 450 000 barils par jour (bpj) à 259 000 bpj en 2010, avant de chuter à 100 000 bpj l'année dernière. Ce chiffre devrait tomber à zéro d’ici deux ans.

Cette situation a entraîné une baisse radicale des exportations de pétrole du Yémen, qui a rongé les recettes publiques, dont 75 % dépendent des exportations de pétrole. Les recettes pétrolières représentent également 90 % des réserves de change du gouvernement. La baisse des recettes du Yémen après le pic de production a réduit la capacité du gouvernement à soutenir les investissements sociaux, même les plus fondamentaux.

La situation semble mauvaise aujourd'hui. Mais lorsque le pétrole viendra à manquer, sans planification ni investissement visant à créer une nouvelle source significative de revenus pour le gouvernement, toute capacité à maintenir une structure étatique viable sera complètement réduite à néant.

Les pénuries d'eau

Il n'y a pas que le pétrole qui disparaît au Yémen : l'eau se fait rare également. Le Yémen est l'un des pays les plus pauvres en eau du monde. En 2012, un Yéménite avait accès en moyenne à seulement 140 m³ d'eau par an pour tous les usages, un chiffre très en deçà de la moyenne régionale, inférieure à 1 000 m³, ce qui est encore bien en dessous du niveau suffisant. Aujourd'hui, en 2015, il reste aux Yéménites à peine 86 m³ de ressources en eau renouvelables par personne et par an.

L'état des ressources en eau du Yémen est aujourd'hui catastrophique selon tout standard raisonnable. Dans de nombreuses villes, les habitants n'ont qu'un accès sporadique à l'eau courante, par exemple toutes les deux semaines. Dans les prochaines années, Sanaa pourrait devenir la première capitale au monde à se retrouver effectivement à court d'eau.

Le changement climatique a déjà contribué à aggraver la pénurie d'eau dans la région. Entre 1974 et 2004, l’on a observé dans le monde arabe des hausses de la température de l'air en surface allant de 0,2 à 2 °C. Les modèles prévisionnels projettent généralement un climat plus chaud, plus sec et moins prévisible qui pourrait entraîner une baisse de 20 à 30 %des réserves d’eau de la région d'ici 2050, principalement en raison de la hausse des températures et de la diminution des précipitations.

D'après la Banque mondiale, tandis que l'« altération des précipitations provoquée par le changement climatique » a aggravé l'aridité du Yémen, la situation a été aggravée par la croissance rapide de la demande causée par « l'extension et l'intensification de l'agriculture ainsi que la croissance rapide des centres urbains ».

Un désastre démographique

Avec environ 25 millions d'habitants, le Yémen a une population relativement faible, mais son rythme de croissance est exorbitant. Plus de la moitié de la population est âgée de moins de 18 ans ; d’ici le milieu du XXIe siècle, elle devrait presque avoir doublé.

L'année dernière, lors d'une conférence organisée conjointement à Sanaa par le Conseil national de la population et le Fonds des Nations unies pour la population, des experts et responsables politiques ont déclaré qu’au cours de la prochaine décennie, ces tendances démographiques pourraient réduire à néant la capacité du gouvernement à répondre aux besoins fondamentaux de la population en matière d'éducation, de santé et d'autres services publics essentiels.

Mais cela est déjà en train de se produire. Plus de la moitié de la population yéménite vit sous le seuil de pauvreté, tandis que le taux de chômage atteint 40 % pour l'ensemble de la population et 60 % chez les jeunes. Alors que ces crises alimentent les conflits actuels à travers le pays, la crise humanitaire qui en résulte a touché près de 15 millions de personnes.

Cette forte croissance démographique a eu un impact majeur dans l'expansion de la culture du khat. Face au manque d'opportunités économiques, un nombre croissant de Yéménites s’est tourné vers la culture et le commerce de ce narcotique doux, accélérant ainsi l'utilisation de l'eau, jusqu’à atteindre environ 3,9 milliards de m3 alors que les ressources renouvelables en eau s’élèvent à seulement 2,5 milliards de m3.

Cette pénurie d'eau à hauteur de 1,4 milliards de m3 est comblée en puisant dans les réserves d'eau souterraines. Alors que ces réserves se vident, les tensions sociales, les conflits locaux et même les déplacements massifs sont exacerbés, alimentant la dynamique des conflits sectaires et politiques plus larges entre le gouvernement, les Houthis, les séparatistes au sud et les militants affiliés à al-Qaïda.

La sécurité alimentaire a également subi un impact négatif. Alors qu'environ 40 % des surfaces irriguées du Yémen sont consacrés à la culture du khat, l'agriculture pluviale a diminué d'environ 30 % depuis 1970.

Comme beaucoup d'autres pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le Yémen dépend ainsi de plus en plus des importations alimentaires, et son économie est toujours plus vulnérable à la volatilité des prix des denrées alimentaires à l'échelle mondiale. Le pays importe actuellement plus de 85 % de ses réserves de nourriture, 90 % de ses réserves de blé et la totalité de ses réserves de riz.

Entre 2000 et 2008, l'année de l'effondrement du système bancaire international, les prix des denrées alimentaires à l'échelle mondiale ont augmenté de 75 %, et même de 200 % pour le blé. Depuis, les prix fluctuent mais restent élevés.

Néanmoins, la pauvreté généralisée signifie que ces prix sont tout simplement inabordables pour la plupart des Yéménites. En 2005, la Banque mondiale a estimé que les familles yéménites dépensaient en moyenne entre 55 et 70 % de leurs revenus uniquement pour essayer de s'approvisionner en nourriture, en eau et en énergie. Et tandis que 40 % des ménages yéménites se sont par conséquent endettés pour se nourrir, la plupart des Yéménites ont encore faim et le taux de malnutrition chronique atteint 58 %, ce qui place le pays au deuxième rang seulement après l'Afghanistan.

Un lent processus d'effondrement

Depuis plus de dix ans, le Yémen est confronté à une convergence de crises en matière d'énergie, d'eau et de denrées alimentaires, intensifiées par le changement climatique, qui accélère la crise économique du pays à travers le gonflement de la dette, l'accroissement des inégalités et l'effondrement des services publics de base.

Etant donnée la corruption épidémique observée au sein du gouvernement, qui a contribué à exacerber sa mauvaise gestion et son incompétence endémiques, le peu de revenus généré par le gouvernement a en grande partie disparu dans des comptes en Suisse. Pendant ce temps, les investissements indispensables à la mise en œuvre de nouveaux programmes sociaux, au développement de ressources non pétrolières et à l'amélioration des infrastructures ont traîné.

Avec des revenus en chute libre suite à l'effondrement de son industrie pétrolière, le gouvernement a été contraint de réduire considérablement les subventions tout en augmentant le prix du carburant et du diesel. En retour, cela a entraîné une hausse du prix de l'eau, de la viande, des fruits, des légumes et des épices, déclenchant ainsi des émeutes de la faim.

Il ne fait alors aucun doute que la montée en puissance des mouvements violents et séparatistes à travers le Yémen, dont al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), a été en grande partie rendue possible par le long effondrement de l'Etat yéménite. Ce processus d'effondrement a été principalement alimenté par des tendances observables à travers le monde : pic de la production conventionnelle de pétrole, intensification des phénomènes météorologiques extrêmes dus au changement climatique, impacts sur la pénurie d'eau et de denrées alimentaires, et aggravation de la crise économique.

Comme le gouvernement n'a pas été en mesure d'offrir les biens et les services de base, même les plus fondamentaux, il a perdu toute légitimité et le vide qu'il a laissé a été comblé par les milices.

La « guerre » contre les Yéménites affamés, assoiffés et sans emploi

La « guerre contre le terrorisme » menée par les Etats-Unis au Yémen constitue donc une étude de cas idéale pour illustrer un échec : l'échec de la « guerre contre le terrorisme » en tant que stratégie, l'échec de l'Etat yéménite, l'échec des préconisations néolibérales en matière d’économie et, en fin de compte, l'échec nombriliste de n'avoir pas su comprendre comment et pourquoi nous sommes en train d’échouer.

Depuis quelques décennies, les administrations américaines successives ont subventionné ces échecs en soutenant des régimes corrompus et autoritaires. Au lieu de reconnaître les facteurs fondamentaux de l'effondrement de l’Etat, l'approche a consisté à traiter les symptômes de surface en soutenant les pouvoirs policiers et militaires d'une structure étatique illégitime et vouée à l'échec.

L'ancien gouvernement d'Ali Abdallah Saleh a été renversé par une vague de protestations populaires en 2011, suite à laquelle le président a été contraint de remettre les rênes du pouvoir à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi. Aujourd'hui sur la liste noire de Washington pour son soutien au « terrorisme » et son rôle de « déstabilisation » du Yémen en raison de sa conspiration avec les Houthis, Saleh était pourtant un fidèle allié des Américains, qui s'était même désigné de son plein gré responsable des frappes de drones américaines dans le pays qui ont tué un grand nombre de civils.

Saleh considérait que sa tâche principale consistait à enrichir les caisses de l'Etat au détriment du reste du Yémen, et à déployer aveuglément des forces militaires écrasantes pour réprimer les révoltes populaires.

Tout au long de son règne, Saleh a été soutenu à coups de dizaines de millions de dollars d'aide américaine versée chaque année ; une aide qui a atteint 176 millions de dollars en 2010 pour la formation militaire et l'aide à la lutte contre le terrorisme.

Cependant, comme l'ont décrit des groupes comme Human Rights Watch (HRW), l'aide militaire américaine a été utilisée pour écraser impitoyablement les mouvements sécessionnistes et d'opposition. Des bombardements aériens massifs et des tirs d'artillerie ont régulièrement occasionné un nombre « élevé de victimes civiles », selon HRW. Les forces gouvernementales ouvraient systématiquement le feu sur des manifestants désarmés bien avant 2011, habituellement « sans avertissement » et de près.

Pourquoi nos amis aiment-ils al-Qaïda ?

Notre idylle avec Saleh était justifiée par la nécessité de lutter contre al-Qaïda dans la péninsule arabique, qui a revendiqué récemment le massacre dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris.

Toutefois, le régime de Saleh a abrité les terroristes d'al-Qaïda pendant des décennies, ce dont les Etats-Unis avaient en grande partie connaissance. Depuis au moins 1996, la National Security Agency (NSA) a intercepté toutes les communications d'Oussama Ben Laden avec la plate-forme opérationnelle d’al-Qaïda au Yémen, basée à Sanaa, qui servait de base logistique pour coordonner des attaques terroristes dans le monde entier, dont les attentats à la bombe contre des ambassades américaines en Afrique de l'est et l'attentat contre l'USS Cole.

Mais une grande partie de cette activité terroriste a également eu lieu sous le patronage du régime Saleh, comme l'a décrit en toute franchise un rapport du service de recherche du Congrès américain en 2010. Ce rapport explique comment, en 1994, « le président Saleh a dépêché plusieurs brigades d'"Afghans arabes" pour lutter contre les sécessionnistes au sud », avec le soutien américain. Dans la même période, les militants affiliés à al-Qaïda « ont commencé à attaquer des cibles à l'intérieur du pays ».

Malgré cela, le rapport du Congrès souligne que « le Yémen continue d'abriter un certain nombre d'agents d'al-Qaïda et a refusé d'extrader plusieurs militants identifiés sur la liste des terroristes les plus recherchés par le FBI », dont des individus ayant été reconnus coupables d'avoir ciblé des installations pétrolières yéménites.

« Si le Yémen est réellement un allié, alors il doit agir comme un allié », a argumenté Ali Soufan, ancien agent spécial du FBI. « En attendant, l'aide accordée par les Etats-Unis au Yémen doit être réévaluée. Il sera impossible de vaincre al-Qaïda si nos "alliés" libèrent des meurtriers reconnus coupables de la mort de citoyens américains ainsi que des cerveaux d’attentats terroristes, tout en recevant une aide financière directe de la part des Etats-Unis. »

Le gouffre est toutefois bien plus profond que cela. Presque immédiatement après qu'AQPA a officiellement déclaré son existence grâce à un partenariat entre les agents d'al-Qaïda basés en Arabie saoudite et au Yémen, Saleh « a conclu un accord avec Ayman al-Zaouahiri », l'actuel chef d'al-Qaïda, d'après Jane Novak, une analyste spécialiste du Yémen.

« Lors du dernier cycle de négociations, Saleh aurait demandé aux militants de commettre des actes de violence contre le mouvement séparatiste du sud », a écrit Jane Novak, dont le blog, www.armiesofliberation.com, a été interdit par le gouvernement yéménite en 2007. « Cet accord inclurait l’approvisionnement des forces paramilitaires d'al-Qaïda en armes et munitions par l'armée yémenite. »

Une copie d'un communiqué interne d’AQPA obtenue par une publication yéménite a révélé qu'al-Qaïda légitimait le combat aux côtés de l'Etat en faisant référence à la guerre de 1994.

« Al-Qaïda dans la péninsule arabique a expliqué à ses disciples que le président Saleh souhaite que les djihadistes combattent au nom de l'Etat, en particulier ceux qui l'ont déjà fait en 1994, contre les ennemis de l'unité, c'est-à-dire les opposants du sud », a rapporté Jane Novak. « D'après le communiqué, AQPA obtiendra en retour des libérations de prisonniers et une liberté totale de circulation vers les théâtres extérieurs du djihad. »

Protéger notre pétrole

Les Etats-Unis continuent d'apporter leur soutien à une structure étatique autoritaire qui véhicule le terrorisme. Depuis l'arrivée du successeur de Saleh, Abd Rabbo Mansour Hadi (destitué suite au récent coup d'Etat des Houthis), Obama a accordé près d'un milliard de dollars d'aide au gouvernement yéménite. Ce soutien était censé être un modèle réussi de transition politique et servir d'exemple quant à la manière de relever le défi de l'« Etat islamique ».

Comme son prédécesseur, Hadi n'est pourtant pas un réformateur. Il est arrivé au pouvoir à l'issue d'une imposture d'élection « démocratique », dans laquelle il était le seul candidat. Le processus était soutenu par les Etats-Unis et négocié par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), lui-même formé de certaines des dictatures les plus brutales au monde, dont Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Désormais, suite aux menaces d'invasion conjointe lancées par les puissances du CCG afin d'évincer les Houthis chiites, ceux-ci ont accepté de former un « conseil de transition populaire » avec les partis rivaux pour résoudre la crise politique.

Pour les Etats-Unis, le vrai problème avec le Yémen est sa position stratégique vis-à-vis de l'approvisionnement mondial en pétrole. Le Yémen contrôle le détroit de Bab el-Mandeb, point de passage de 8 % du commerce mondial, dont 4 % des produits pétroliers mondiaux. Le coup d'Etat houthi menace la capacité du gouvernement yéménite à contrôler le détroit, et pourrait même l'obliger à le fermer si la violence venait à s'aggraver.

La fermeture du détroit augmenterait les coûts et les temps de transit et aurait ainsi des conséquences graves sur les prix du pétrole à l'échelle mondiale, ce qui pourrait déclencher une crise économique.

Le plus gros problème de la stratégie au Yémen est cette obsession à faire comme si de rien n’était, peu importe que cette position soit désuète. La dépendance chronique mondiale aux combustibles fossiles alimente le changement climatique, qui accélère à son tour la pénurie d'eau et de denrées alimentaires dans la région. Elle signifie aussi que nous devons maintenir un régime autoritaire mais docile au Yémen afin d’empêcher qu'un gouvernement anti-américain arrive au pouvoir, compromette notre accès à cette région stratégique et déstabilise l'économie mondiale.

Pourtant, c'est précisément la mise en œuvre de cette stratégie qui a amplifié l'instabilité au Yémen et nourri les revendications alimentant la dissidence, la rébellion et même le terrorisme, et qui a eu comme point d'orgue le coup d'Etat Houthi que nous tentons aujourd'hui désespérément de réprimer et de gérer.

Tant que les acteurs de la crise ne sont pas prêts à reconnaître ses causes profondes et à s'y attaquer, le nouveau « conseil de transition » du Yémen ne résoudra rien. Dans les années à venir, l'état du pays va empirer, et les efforts des Etats-Unis visant à renforcer les capacités de ses structures les plus répressives accéléreront simplement le processus d'effondrement.

A cet égard, la crise au Yémen constitue un avertissement sérieux face aux risques qui menacent les Etats dans les années et décennies à venir, non seulement dans la région mais à travers le monde.

Pourtant, il existe une alternative. Si nous voulons un gouvernement stable au Yémen, nous ferions bien de repenser l'efficacité d'une stratégie consistant à consacrer une part considérable de notre aide à des régimes corrompus et répressifs au nom de la lutte contre le terrorisme, un processus qui a contribué à la destruction à grande échelle de la société yéménite.

Nous avons besoin d'un nouveau modèle basé sur la résilience communautaire populaire, facilitant la mise en place de cadres de coopération mutuelle entre tribus aux niveaux politique et économique, et renforçant les capacités des communautés à mettre en œuvre les meilleures pratiques de développement d'infrastructures axées sur les énergies propres, de gestion de l'eau et de production alimentaire durable au niveau local.

Le fait que nous préférions tirer, bombarder et tuer pour nous frayer un chemin vers la victoire, de mèche avec des régimes qui soutiennent le terrorisme sous notre nez et avec notre soutien, révèle la mesure de notre aveuglement quant à la voie insoutenable que nous avons choisie.
 

- Nafeez Ahmed est journaliste d'investigation et auteur à succès. Titulaire d’un doctorat, il s’est spécialisé dans les questions de sécurité internationale, examinant ce qu'il appelle les « crises de civilisation ». Il a obtenu une récompense de la part de l’organisation  Project  Censored  dans  la  catégorie « Outstanding Investigative Journalism » (« journalisme d’investigation d’exception ») pour un reportage d’investigation, publié par le journal The Guardian, sur l'intersection des crises globales de nature écologique, énergétique et économique et des conflits et géopolitiques régionales. Il a également écrit pour The Independant, Sydney Morning Herald, The Age, The Scotsman, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, Prospect, New Statesman, Le Monde diplomatique et New Internationalist. Son travail sur les causes profondes et les opérations secrètes liées au terrorisme international a officiellement contribué à l’établissement de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les Etats-Unis du 11 septembre 2001 et à l'enquête du Coroner sur les attentats du 7 juillet 2005 à Londres.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Légende photo : membres armés de la tribu yéménite des al-Awlaki, le plus grand clan de la province de Shabwa, au sud du Yémen (AFP).

Traduction de l’anglais (original).

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