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Algérie : un concert à côté d’une mosquée déclenche la polémique

L’imam d’une mosquée de Kabylie s’est insurgé contre la tenue d’un gala tout près de l’édifice religieux
Un imam s’est emporté contre un gala de musique organisé près de sa mosquée, à M’Chedallah, en Kabylie, à l’est d’Alger (réseaux sociaux)
Un imam s’est emporté contre un gala de musique organisé près de sa mosquée, à M’Chedallah, en Kabylie, à l’est d’Alger (réseaux sociaux)
Par MEE

C’est une soirée musicale à M’Chedallah, petite ville à l’est d’Alger, en Kabylie, qui est devenue le sujet de polémique entre Algériens cette semaine.

Samedi soir, après les prières du soir du Ramadan, les tarawih, un gala musical a été animé par la chanteuse Taous Arhab. Le concert a eu lieu dans la place publique de cette petite ville, non loin de la mosquée el-Hidaya.

« Le gala a été lancé à 22 h 24. Tout se passait dans la tranquillité et sans le moindre incident. À minuit, nous avons entendu du Coran [des haut-parleurs de la mosquée adjacente à la place centrale où se tenait le gala] ensuite [l’imam] a proféré des insultes. Il a notamment traité les présents de racaille et d’irréligieux et un tas d’autres insultes », témoigne dans des médias locaux un élu de M’Chedallah.

« Deux minutes plus tard, alors que le gala était interrompu, l’imam de cette mosquée prend la parole pour fustiger les organisateurs [la mairie et la direction de la culture] et traiter la population de la région de mécréante et de ‘’racaille’’ », rapporte Le Soir d’Algérie.

L’ambiance est tendue : selon les correspondants locaux de la presse, de jeunes hommes, frustrés de ne pouvoir profiter du concert, sont en colère et les sages de la région doivent intervenir pour les calmer.

Les excuses de l’imam

Finalement, le lendemain, l’imam a présenté ses excuses à la population de la ville. En fin d’après-midi de dimanche, les autorités locales, dont le wali (préfet) de Bouira, ont organisé une rencontre à la mosquée el-Hidaya, où l’imam a dit regretter ses propos. Les autorités parlent d’un « incident isolé qui ne devrait pas avoir lieu ».

D’après le communiqué qui a suivi cette rencontre, tenue pour « contrer toutes les tentatives de semer la zizanie après l’incident et le dérapage isolés survenus hier soir dans la commune », il a été rappelé que « le gala artistique a[vait] eu lieu en effet après la prière des tarawih à 22 h 30 et n’a[vait] apporté aucun préjudice aux fidèles ».

L’incident a été énormément commenté sur les réseaux sociaux. Une partie des internautes a lancé le hashtag « solidaires avec l’imam de M’Chedallah », s’étonnant même du fait que ce dernier se soit excusé.

D’autres ont fait un parallèle entre « l’agression » de cette mosquée, comme ils qualifient le concert, et les violentes intrusions des forces de sécurité israéliennes dans le complexe de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem occupée.   

Certains internautes ont pour leur part rappelé les incidents qui ont eu lieu au début des années 1990 (juste avant la guerre civile de la « décennie noire »), lorsque le Front islamique du salut (FIS), dont les élus contrôlaient beaucoup de communes, tentait souvent d’interdire les concerts de musique, provoquant des affrontements avec les forces de sécurité.

L’ancien imam de la mosquée, Zoubir Aouadi, a publié un post sur Facebook pour calmer les esprits et apporter des éclaircissements. Il explique ainsi que les organisateurs du gala sont des enfants du village qui fréquentent la mosquée en question et réfute toute volonté de provocation de leur part.

Il témoigne aussi du fait qu’il ne s’agit pas d’un espace extérieur de la mosquée mais de la place publique principale de la ville, où s’organisent habituellement d’autres rassemblements. L’ex-imam explique surtout que c’est aux riverains et à la clinique mitoyenne que revient la décision d’autoriser ou non un concert dans leur voisinage.   

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