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Le lauréat franco-tunisien de la meilleure baguette de Paris boudé par l’Élysée

L’artisan a été accusé par des internautes d’avoir partagé sur les réseaux sociaux des contenus hostiles à la France
Pour l’avocate du boulanger, l’Élysée « manque de courage » et « ploie devant la fachosphère » (Twitter)
Pour l’avocate de Makram Akrout, l’Élysée « manque de courage » et « ploie devant la fachosphère » (Twitter)

Le boulanger vainqueur du concours de la meilleure baguette de Paris, qui doit approvisionner l’Élysée, ne s’est pas déplacé le 2 octobre pour recevoir son prix après la divulgation de captures d’écran de son compte Facebook relayant des « opinions haineuses » vis-à-vis de la France.

Makram Akrout « a compris que ce n’était pas forcément idéal de venir », a déclaré à l’AFP le premier adjoint de la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, lors de la remise des prix à l’occasion de la Fête du pain, sur le parvis de Notre-Dame.

La maire Anne Hidalgo devait initialement s’en charger mais elle a eu une « contrainte personnelle », a assuré son premier adjoint.

Akram Akrout, vainqueur du concours une semaine auparavant parmi 173 concurrents, s’est fait représenter.

Pourtant, au lendemain de sa victoire dans ce concours, l’Élysée twittait : « Bravo ! […] Comme le veut la tradition, il fournira du pain à l’Élysée pendant un an. »

« Cela pose un sujet sur la livraison de l’Élysée si d’aventure c’était un personnage qui avait eu des expressions malheureuses », a estimé Emmanuel Grégoire.

Contacté par l’AFP, l’Élysée n’avait pas réagi.

Depuis sa victoire, l’artisan de 42 ans, dont dix-neuf ans de métier en France après être arrivé de Tunisie, voit affluer les nouveaux clients dans sa boulangerie du XIIe arrondissement de la capitale.

Mais il a aussi été pointé du doigt par un site d’extrême droite pour avoir relayé sur les réseaux sociaux des messages, rédigés en arabe, critiques voire hostiles à la France.

« Comme bien des internautes, il a pu partager dans le passé des contenus publiés sur les réseaux sociaux sans en saisir toute la teneur », a avancé son avocate Sylvia Lasfargeas, contactée par l’AFP.

« Messages de haine »

« Le fait que des contenus partagés sur son compte Facebook aient pu comporter des opinions antirépublicaines et haineuses vis-à-vis de la France et de ses concitoyens a immédiatement suscité son incompréhension et sa stupeur, à tel point qu’il a cru son compte piraté », a ajouté maître Lasfargeas, dont le client a « immédiatement supprimé son compte Facebook ».

Son avocate a également déclaré : « Monsieur Akrout est désolé d’apprendre par voie de presse la décision de l’Élysée, qui dénote un manque de courage et qui ploie devant la fachosphère. »

Depuis, « M. Akrout est profondément atteint par le déferlement de messages de haine qui s’abattent sur lui », ajoute l’avocate, dont le client, qui a acquis la nationalité française en 2019 par décret, revendique « son attachement à la France et son adhésion à tous ses principes fondamentaux de liberté, égalité et fraternité ». 

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