« Pas touche à mon hijab » : les réseaux sociaux s’insurgent contre le projet de loi visant à interdire le voile aux mineures
Dans le cadre de la répression actuelle en France contre le « séparatisme » islamiste, le Sénat a adopté un amendement au projet de loi « confortant le respect des principes de la République » qui interdirait le port du hijab aux mineures dans l’espace public.
Le 30 mars, le Sénat a ainsi voté en faveur de l’ajout de l’interdiction du « port par les mineures de tout habit ou vêtement qui signifierait l’infériorisation de la femme sur l’homme » dans un texte qui a été descendu en flammes par ses détracteurs, qui considèrent qu’il vise principalement les citoyens de confession musulmane.
Si le port du hijab par les élèves est illégal en France dans les écoles publiques depuis 2004, l’amendement étendrait cette interdiction aux mineures dans l’espace public.
Le projet de loi sur les « principes de la République » doit d’abord être approuvé par l’Assemblée nationale avant d’être définitivement adopté.
Un amendement adopté par le Sénat interdit également aux mères qui portent un hijab d’accompagner les sorties scolaires, tandis qu’un autre rend illégaux les burkinis – les maillots de bain couvrant l’intégralité du corps – dans les piscines publiques.
L’annonce de l’amendement sur le voile des mineures a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, un certain nombre d’internautes utilisant le hashtag « hands off my hijab » (pas touche à mon hijab) pour exprimer leur désapprobation.
Traduction : « Âge de consentement sexuel en France : 15 ans. Âge de consentement pour porter le hijab : 18 ans. Comprenez bien. Ce n’est pas une loi contre le hijab. C’est une loi contre l’islam. »
Certains font valoir que priver les jeunes filles de leur droit à choisir ce qu’elles portent ne défend pas les droits des femmes, comme l’ont soutenu certains politiciens français.
Traduction : « Je pensais qu’on avait déjà réglé cela. Forcer une femme à porter le hijab est mal. Tout comme la contraindre à l’enlever est mal.
C’est SON choix. »
D’autres considèrent cet amendement comme une autre tentative visant à contrôler le corps des femmes.
Traduction : « 2021 et les hommes légifèrent toujours sur ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas faire de leur corps. Au beau milieu d’une pandémie, ils n’ont rien de mieux à faire que d’essayer de créer des lois qui déterminent ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas porter. C’est islamophobe ! C’est misogyne ! »
Des internautes français ont fait part de leur inquiétude concernant la détérioration de la relation de leur pays avec l’islam.
Des personnalités publiques et des influenceuses sur les réseaux sociaux ont nourri le débat, exprimant leur solidarité avec les musulmanes, notamment Amani al-Khatahtbeh, fondatrice de la plateforme en ligne muslimgirl.
Traduction : « Tout le monde veut parler des pays musulmans qui imposent le hijab. Les pays occidentaux qui forcent les femmes à ENLEVER le hijab, c’est non seulement la même forme de contrôle, mais pire encore : c’est une haine systémique contre les musulmans. Forcer des mineures d’une minorité vulnérable à dévoiler leur corps est ÉCŒURANT »
Certaines influenceuses ont témoigné leur solidarité avec la campagne en inscrivant le slogan sur leurs mains tout en informant leurs abonnés de ce qui se passe en France.
Le projet de loi actuellement débattu au Sénat est l’une des initiatives du gouvernement du président Emmanuel Macron dans sa lutte contre « l’islamisme » – notamment via une loi de sécurité globale et une charte des imams controversée qui condamne la discussion du « racisme d’État ».
Certains détracteurs accusent Macron et son gouvernement d’adopter la rhétorique de l’extrême droite, tout en voulant faire passer une législation trop générale qui contribue à la confusion entre islam et islamisme, nourrissant davantage le sentiment d’hostilité envers les musulmans dans le pays.
La France n’est pas le seul pays d’Europe à adopter une position aussi radicale vis-à-vis de sa communauté musulmane.
Le Parlement néerlandais a décidé en février de surveiller les mosquées sous « influence étrangère ».
En mars, la Suisse a interdit la burqa dans l’espace public après un référendum concluant en faveur de cette interdiction par une courte majorité de 51 %.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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