L’ultime bataille de Mossoul vue par Netflix
Ils ont en commun d’être natifs de Mossoul et d’avoir perdu un être cher tué par le groupe État islamique. Les hommes de la troupe spéciale (SWAT) de la police de Ninive, sous les ordres du charismatique major Jassem, se battent pour leur ville, mais, surtout, pour accomplir une « mission ».
Cette « mission » ne se dévoile qu’à la fin de Mosul, long-métrage hyperréaliste, disponible sur Netflix, où l’on plonge dans l’enfer de Mossoul et de la guerre contre Daech qui a déclaré, en 2014, cette ville irakienne comme la capitale de son califat autoproclamé.
Premier film réalisé par Matthew Michael Carnahan (scénariste de Dark Water, World War Z et Lions et Agneaux) et produit par les frères Russo (Avengers), Mosul est inspiré par un long article du New Yorker, datant de 2017, écrit par le reporter de guerre Luke Mogelso.
Intitulé « La bataille désespérée pour détruire Daech », cet article raconte l’histoire des hommes du SWAT de la police de Ninive engagé dans l’âpre bataille de Mossoul (juillet 2016-octobre 2017). Une plongée empathique dans l’univers de ces hommes décidés à en finir avec l’organisation qui leur a tout pris, leur ville, leurs proches, leurs vies.
« Les Irakiens protagonistes de leur propre histoire »
« J’ai toujours été étonné de voir à quel point nous parlons peu du traumatisme des peuples d’Irak et d’Afghanistan par rapport à ce que nous disons du traumatisme des Américains qui ont brièvement visité ces pays », écrivait alors Luke Mogelso.
Le journaliste a suivi l’homme qui menait cette troupe de combat, le lieutenant-colonel Rayyan Abdelrazzak, qui inspire le personnage du très convaincant acteur irakien du film, Suhhail Dannach, lequel joue le major Jassem.
« Mosul met en vedette des acteurs arabes parlant arabe. Le film reflète le fait que les opérations coûteuses d’expulsion de l’État islamique, pâté de maisons après pâté de maisons, dans cette ville d’un million d’habitants, ont été presque entièrement menées par les forces terrestres irakiennes et kurdes.
« Pendant plus de trois décennies, les Irakiens ont largement servi d’ennemis ou de victimes non identifées dans le cinéma américain. Dans Mosul, les Irakiens sont à juste titre les protagonistes de leur propre histoire », s’enthousiasme le magazine Forbes.
« C’est historique d’avoir l’opportunité de raconter cette histoire en langue arabe, en dialecte irakien, avec des acteurs arabes. Je reçois des messages de partout. Ma mère m’a aussi demandé si elle allait pouvoir le regarder sans sous-titres. Je lui ai répondu : ‘’Absolument !’’ », raconte le jeune acteur franco-tunisien Adam Bessa, qui joue le rôle de la nouvelle recrue de la troupe spéciale et qui a dû apprendre le dialecte irakien, comme les autres acteurs.
Selon un des producteurs du film, « il est important de raconter des histoires qui ne sont pas anglocentrées, qui ne sont pas hollywoodiennes. L’un des moments les plus marquants de notre carrière a été lorsque l’un des acteurs du film nous a dit que c’était la première fois qu’il pouvait jouer – en tant qu’acteur arabe – un héros dans un film et non pas un terroriste ou un méchant. Et c’est vraiment troublant ».
Et réussir un casting aussi unique n’était pas évident : « On ne pouvait pas aller caster des acteurs directement en Irak, parce qu’au moment de la préproduction, Trump venait de signer son Muslim Ban [décret restreignant de manière stricte les arrivées en provenance de plusieurs pays à majorité musulmane]. Ça aurait été encore plus compliqué de les faire venir jusqu’au Maroc [où le film a été tourné] », explique le réalisateur Matthew Michael Carnahan.
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