« Dans mon cœur, je suis palestinien » : le Moyen-Orient pleure la disparition de Maradona
Le Moyen-Orient est en deuil et les hommages affluent pour saluer la légende du football argentin Diego Maradona, fervent défenseur de la cause palestinienne, dont le décès a été annoncé mercredi.
Considéré comme l’un des plus grands footballeurs de tous les temps, il est mort d’une crise cardiaque à l’âge de 60 ans à son domicile de Tigre, en Argentine, alors qu’il se remettait d’une récente opération du cerveau visant à retirer un caillot sanguin.
L’ancienne star de Barcelone, Naples et Boca Juniors a cumulé 91 sélections lors desquelles il a marqué 34 buts, avant de prendre sa retraite sportive à l’âge de 37 ans en 1997.
Son but international le plus controversé, marqué contre l’Angleterre après avoir frappé le ballon de la main lors de la Coupe du monde 1986 au Mexique, est passé à la postérité sous le nom de « Main de Dieu ».
Un fervent défenseur de la Palestine
Maradona a été salué pour ses positions socialistes et anti-impérialistes, notamment pour sa défense des mouvements progressistes et son soutien sans faille à la Palestine.
Celui qui se décrivait comme « le plus grand fan du peuple palestinien » a qualifié de « honteux » les bombardements lancés en 2014 lors de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza assiégée, qui a tué plus de 2 200 Palestiniens.
En 2018, Maradona a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Moscou et, tout en le prenant dans ses bras, lui a confié ces paroles devenues célèbres : « Dans mon cœur, je suis palestinien. »
Traduction : « “Dans mon cœur, je suis palestinien” : voici ce qui s’est passé lorsque Diego Maradona a rencontré le [président] palestinien Mahmoud Abbas pendant la Coupe du monde de football en Russie en 2018. »
En 2015, Maradona aurait été en négociations avec la Fédération de Palestine de football pour entraîner la sélection palestinienne à l’occasion de la Coupe d’Asie des nations.
Traduction : « Une légende du football et un véritable ami de la Palestine. RIP Maradona. »
Le poète palestinien Mahmoud Darwich, qui a décrit le football comme un « terrain d’expression […] dans le donjon de la démocratie arabe » et « une bouffée d’air qui permet à la nation en ruine de guérir autour d’un lieu commun », a consacré un article au joueur argentin après la finale de la Coupe du monde 1986.
Dans l’article, Darwich raconte l’enfance modeste de Maradona, son amour du football et les sacrifices de son père. Il le décrit comme quelqu’un qui « n’a pas de sang dans les veines, mais des missiles ».
Jamal Mahmoud, ancien entraîneur de la sélection nationale palestinienne, a partagé une photo de sa dernière rencontre avec la star argentine, qui s’était vu remettre le maillot de l’équipe de Palestine de football.
Traduction : « Celui qui savait mieux que personne divertir le monde balle au pied a disparu. Maradona recevant le maillot de l’équipe nationale de football palestinienne lors d’un événement passé lors duquel je l’avais rencontré. »
Dans un tweet, le porte-parole du Hamas Sami Abou Zouhri a présenté ses condoléances à la famille de Maradona et à ses fans dans le monde entier.
« Nous sommes attristés par la disparition de Maradona, l’un des plus grands footballeurs de l’histoire, connu pour son soutien en faveur de la cause palestinienne », a-t-il écrit.
Syrie et pays du Golfe
Au cours de la septième année de guerre civile en Syrie, Maradona s’était également exprimé sur le rôle des États-Unis en Syrie dans une interview : « Nul besoin d’être allé à l’université pour comprendre que les États-Unis veulent anéantir la Syrie. »
Traduction : « Maradona : “Nul besoin d’être allé à l’université pour comprendre que les États-Unis veulent anéantir la Syrie.” »
Dans la ville syrienne de Binnish, dans la province d’Idleb, l’artiste Aziz Asmar a rendu hommage au footballeur en composant une fresque en son honneur.
En 2011, il a suscité un véritable engouement dans le Golfe après avoir signé un contrat juteux pour prendre les commandes d’Al-Wasl, ce qui a permis au club émirati de se faire un nom sur la scène internationale et braqué les projecteurs sur le football asiatique comme jamais auparavant.
L’euphorie a toutefois été de courte durée : au bout de quatorze mois agités à la tête du club, il a été licencié en juillet 2012, Al-Wasl terminant la saison à la huitième place.
L’ancien international argentin Gabriel Calderón, qui a entraîné aux Émirats arabes unis, déclarera plus tard : « Il savait parfaitement que sa tâche en tant qu’entraîneur aux Émirats arabes unis ne serait pas facile. Il était le centre de l’attention des médias, mais en réalité, il adorait simplement le football. […] Il a gardé de nombreux bons souvenirs de son séjour aux Émirats arabes unis et je sais que les fans l’aimaient aussi. »
Les années suivantes, il a officié en tant qu’ambassadeur sportif de Dubaï avant de retrouver un banc aux Émirats en prenant les commandes d’Al-Fujairah, un club de deuxième division, en 2017. « Ils m’ont ouvert les portes alors que toutes les autres étaient fermées », a-t-il confié à l’époque.
Mais après avoir échoué à faire monter le club, il s’en est allé l’année suivante.
Traduction : « C’étaient de beaux jours. Des souvenirs inoubliables qui entreront dans l’histoire : la plus belle incarnation du football est passée ici, à Al-Fujairah. Adieu, légende. »
Un but controversé
En parallèle, nombreux sont ceux qui ont rendu hommage à la légende du football en rappelant sa visite en Tunisie en 2015, lors de laquelle il a rencontré l’arbitre Ali Bennaceur, qui avait officié lors du match Argentine-Angleterre, lui offrant un maillot avec la dédicace « Pour Ali, mon ami éternel ».
Traduction : « J’adore me souvenir qu’en 2015, Diego Maradona a rendu visite à Ali Bennaceur, l’arbitre tunisien du match de la “Main de Dieu”, et lui a offert un maillot avec la dédicace “Pour Ali, mon ami éternel”. »
Au cours de cette rencontre, Bennaceur a confié aux journalistes qu’il doutait de la validité du but controversé inscrit par Maradona à la 51e minute, avant toutefois de décrire son second but du match comme un « chef-d’œuvre » – celui-ci a par la suite été élu « but du siècle ».
« On a passé un moment agréable, je lui ai dit que ce jour-là, ce n’était pas l’Argentine qui avait gagné, mais lui, Maradona », a déclaré Bennaceur à l’AFP. « C’était un génie, une légende du foot, moi en tant qu’arbitre, je ne me permettais pas de fermer les yeux même une seconde en le suivant, car il était capable de toutes les actions. »
Un an après cette Coupe du monde, Maradona a revêtu le maillot du club saoudien d’Al-Ahli à Djeddah lors d’un match contre l’équipe danoise de Brondby, à l’occasion du cinquantième anniversaire du club. Il a inscrit deux des cinq buts qui ont scellé la victoire d’Al-Ahli.
Traduction : « Maradona en visite à Djeddah (Arabie saoudite) en 1987 à l’occasion d’un match amical. Repose en paix. »
Le club a rendu hommage au footballeur sur Twitter, saluant une « icône légendaire du football ».
Traduction : « Certains de mes plus beaux souvenirs d’enfance, c’était lorsque je frappais dans un ballon de football contre le mur de mon appartement en Arabie saoudite – en me prenant pour Maradona qui marquait des buts incroyables. Une légende. RIP. »
Traduction : « Pour moi, Maradona était le meilleur joueur de tous les temps, peut-être pas sur le plan comptable, mais sur la base de cette question toute simple : si vous deviez jouer un match où votre vie est en jeu et que vous pouviez avoir un joueur à son meilleur niveau, lequel choisiriez-vous ? »
Rongé par des problèmes de santé après des années de consommation abusive de drogue et d’alcool, Maradona a également marqué pour l’Argentine lors d’un match amical contre le Maroc en 1994, ce qui s’est avéré être son avant-dernier but en sélection, sa carrière en sélection ayant pris fin après un contrôle positif aux stupéfiants lors de la Coupe du monde 1994.
Traduction : « Repose en paix, légende. #Maradona »
De nombreux footballeurs ont rendu hommage à Maradona sur les réseaux sociaux, dont les joueurs égyptiens Mohamed Salah et Mohamed Elneny, qui ont tous deux été récemment testés positifs au coronavirus.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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