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Les États-Unis restituent à la Palestine une cuillère pillée vieille de 2 700 ans

Cet artefact volé fait partie de la collection d’un milliardaire américain très impliqué dans le soutien à Israël
George Noll, chef du Bureau américain des affaires palestiniennes, restitue une cuillère en ivoire pillée à la ministre du Tourisme et des Antiquités de l’Autorité palestinienne, Rula Maayah, à Bethléem, le 5 janvier 2022 (Twitter/Bureau américain des affaires palestiniennes)
George Noll, chef du Bureau américain des affaires palestiniennes, restitue une cuillère en ivoire pillée à la ministre du Tourisme et des Antiquités de l’Autorité palestinienne, Rula Maayah, à Bethléem, le 5 janvier 2022 (Twitter/Bureau américain des affaires palestiniennes)
Par MEE

Des responsables américains ont restitué au gouvernement palestinien un objet pillé vieux de 2 700 ans lors d’une cérémonie officielle à Bethléem jeudi 5 janvier.

L’objet remonte à la civilisation assyrienne et a probablement été volé à Hébron (Bureau du procureur du district de Manhattan)
L’objet remonte à la civilisation assyrienne et a probablement été volé à Hébron (Bureau du procureur du district de Manhattan)

Cette cuillère, qui a été sculptée dans de l’ivoire entre 800 et 700 avant notre ère, a été rendue par George Noll, chef du Bureau américain des affaires palestiniennes, à la ministre du Tourisme et des Antiquités de l’Autorité palestinienne, Rula Maayah.

Dans un communiqué, le bureau américain a qualifié ce transfert d’« événement historique », après la découverte de l’artefact lors d’une enquête sur des objets détenus par Michael Steinhardt, un éminent homme d’affaires new-yorkais et collectionneur d’art ancien.

Les enquêteurs ont saisi 180 antiquités volées d’une valeur de 70 millions de dollars chez Steinhardt en 2021. Ce dernier est frappé d’une interdiction à vie de collectionner et d’acheter les antiquités.

La cuillère servait à verser de l’encens lors de rituels vénérant les dieux et les morts. Une figure ailée est gravée sur un côté.

« Cet artefact est important car il acquiert sa véritable valeur scientifique et archéologique dans son emplacement d’origine », a déclaré la ministre Rula Maayah. George Noll a qualifié l’objet d’« exemple du patrimoine culturel palestinien ».

Selon les enquêteurs américains, l’objet remonte à la civilisation assyrienne et a probablement été volé à Hébron, en Cisjordanie occupée.

Mais le seul artefact restitué aux Palestiniens ne représente qu’une fraction de ce qui devrait leur revenir.

Au lieu de cela, plusieurs autres objets trouvés à Hébron et dans d’autres régions de Cisjordanie sont renvoyés à Israël.

En 2021, dans le cadre de leur conclusion dans le dossier Steinhardt, les procureurs de New York ont déclaré que les 40 objets pris illégalement en Israël et dans les territoires palestiniens devaient être restitués à Israël.

Pour justifier leur décision, les procureurs américains ont déclaré : « Le pillage a eu lieu soit dans une zone à l’intérieur des frontières d’Israël, soit dans une zone sur laquelle Israël exerce une autorité légale. »

« Far West » dans le commerce des antiquités

La décision semble donner à Israël la propriété de tous les artefacts de Cisjordanie, quel que soit l’endroit où ils avaient été trouvés.

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À l’époque, Wael Hamamra, ministère palestinien du Tourisme et de l’Archéologie, a dénoncé les agissements du milliardaire Michael Steinhardt, très impliqué dans le soutien à Israël.

Il a déclaré à l’AFP que la collection comprend « des objets archéologiques palestiniens [qui] devraient être restitués à leur lieu d’origine ».

Israël est le seul pays du Moyen-Orient qui autorise les marchands d’antiquités agréés par l’État à vendre des objets anciens.

C’est aussi l’un des rares pays au monde à avoir autorisé le commerce d’antiquités entre marchands privés.

En conséquence, Israël est devenu un point chaud pour le commerce du marché noir dans l’achat et la vente d’objets.

Morag Kersel, professeur d’archéologie à l’université DePaul de Chicago, a décrit Israël comme un « Far West » dans le commerce des antiquités.

Et contrairement à l’Autorité palestinienne, elle n’a pas ratifié la convention de l’UNESCO de 1970 contre le commerce illicite des antiquités.

Israël entretient des relations tendues avec l’agence basée à Paris, après qu’elle est devenue la première du système des Nations unies à accepter la Palestine comme État membre, en 2011.

Traduit de l’anglais (original).

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