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Les Palestiniens prêts à des négociations directes avec Israël

Face à la menace d’annexion, l’Autorité palestinienne a annoncé, dans une lettre remise au Quartette, sa volonté de reprendre les négociations avec Israël pour parvenir à un accord de paix
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d’une réunion du cabinet en 2019 (AFP)

Opposés au plan américain pour le Proche-Orient, les Palestiniens se disent prêts à relancer des négociations directes avec les Israéliens, selon un texte remis au Quartette (Union européenne, ONU, Russie et États-Unis) et consulté lundi par l’AFP.

Salué comme « historique » par Israël, le plan du président Donald Trump prévoit notamment l’annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée et la création d’un État palestinien démilitarisé sur un territoire morcelé et sans Jérusalem-Est pour capitale.

Israël doit se prononcer à partir de mercredi sur la mise en œuvre de ce plan controversé, et les dirigeants palestiniens appellent depuis des semaines la communauté internationale à le rejeter vigoureusement.

Début juin, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh avait dévoilé l’existence d’une contre-proposition palestinienne, mais sans donner beaucoup de détails.

Un État « avec un nombre d’armes limité »

Dans un texte remis au Quartette et dont l’AFP a obtenu une copie, les Palestiniens se disent « prêts à reprendre les négociations bilatérales directes là où elles se sont arrêtées ».

« Personne n’a autant intérêt que les Palestiniens à parvenir à un accord de paix et personne n’a autant à perdre que les Palestiniens de l’absence de paix », est-il écrit dans ce texte de quatre pages.

« Nous sommes prêts à avoir notre État avec un nombre d’armes limité et une force de police puissante pour faire respecter la loi et l’ordre », indique l’Autorité palestinienne.

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« Nous sommes prêts à accepter la présence d’une tierce partie mandatée par [l’ONU] pour […] s’assurer du respect de l’accord de paix concernant la sécurité et les frontières », ajoute-t-elle, mentionnant l’OTAN pour « mener des forces internationales ».

Le texte propose en outre des « modifications mineures des frontières qui auront fait l’objet d’un accord mutuel, sur la base des frontières » d’avant la guerre de juin 1967, lors de laquelle Israël a commencé à occuper et coloniser la Cisjordanie.

Lorsqu’il avait dévoilé la contre-proposition le 9 juin, Mohammed Shtayyeh avait précisé que le transfert de territoires se ferait d’« égal à égal » concernant la « taille et la valeur ».

Sur la question du statut de Jérusalem, l’une des pierres d’achoppement du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens répètent leur volonté de faire de la partie orientale de la ville, occupée et annexée par Israël, la capitale de l’État auquel ils aspirent.

« Si Israël déclare l’annexion sur n’importe quelle partie du territoire palestinien, cela signifiera nécessairement l’annulation de tous les accords signés », avertit en conclusion le document. Les Palestiniens ont déjà commencé à suspendre la coopération avec Israël en réponse à la menace d’annexion, notamment en matière de sécurité.

Plus de 2,8 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, où résident également quelque 450 000 Israéliens dans des colonies jugées illégales par le droit international.

Outre le rattachement à Israël d’une centaine de colonies juives, les autorités du pays souhaitent annexer la vallée du Jourdain, plaine agricole comptant pour 30 % de la Cisjordanie.

Lundi, l’ONU a dénoncé l’illégalité du projet d’annexion, relevant que « les ondes de choc […] durer[aient] des décennies et ser[aient] extrêmement préjudiciables à Israël, ainsi qu’aux Palestiniens ».

« Il est encore temps de revenir sur cette décision », a insisté la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet dans une déclaration écrite.

Différend entre Gantz et Netanyahou

Lundi, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a estimé que toute annexion en Cisjordanie devrait attendre que la pandémie de coronavirus soit terminée.

Au fur et à mesure du déconfinement, le nombre de contaminés est en effet reparti à la hausse en Israël, pays qui avait réussi dans un premier temps à relativement bien contenir l’épidémie.

« Tout ce qui n’est pas lié à la bataille contre le coronavirus attendra jusqu’après le virus », a déclaré Benny Gantz, son bureau précisant ensuite qu’il faisait spécifiquement référence au plan d’annexion.

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En réponse, le Premier ministre Netanyahou a déclaré aux législateurs de son parti, le Likoud, que les étapes de l’annexion, qui devaient être débattues par le gouvernement dès mercredi, ne dépendaient pas du soutien de Gantz.

« Nous sommes en pourparlers avec l’équipe américaine ici en Israël », a déclaré Netanyahou lors d’une réunion du Likoud à la Knesset. « Nous le faisons discrètement. La question n’est pas du ressort du Bleu Blanc [le parti de Gantz]. Ils ne sont en aucun cas un facteur. »

Les deux anciens rivaux, qui sont difficilement parvenus à former une coalition le mois dernier, rencontrent tous deux actuellement des responsables américains, lesquels souhaitent un consensus au sein du gouvernement israélien avant de donner leur feu vert aux plans d’annexion de Netanyahou.

Un différend entre ce dernier et Gantz pourrait donc retarder le débat sur l’annexion, qui était censé débuter au sein du cabinet à partir du 1er juillet.

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