La France appelle les pays européens à accueillir des réfugiés
D’ici à la fin 2019, la France souhaite accueillir 10 000 réfugiés. Et dès que possible, un groupe de 25 personnes – Érythréens, Éthiopiens et Soudanais comprenant quinze femmes et quatre enfants – sera accueilli en France après une première évacuation de Libye vers le Niger menée par le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR).
« Ils ont été entendus par l’OFPRA [Office français de protection de réfugiés et apatrides] », a précisé ce mardi sur France Inter Céline Schmitt, la porte-parole du HCR. « Il s’agit du premier groupe, mais nous souhaitons en faire d’autres et pour cela, il nous faut plus d’offres de places de réinstallation dans des pays européens. On a estimé le nombre de places pour des réfugiés vulnérables en provenance de quinze pays de la Méditerranée centrale, à 40 000. »
Après l’émotion suscitée par le reportage de CNN montrant des migrants vendus aux enchères en Libye, le président français Emmanuel Macron a publié un tweet pour appeler « les partenaires » de la France à le rejoindre dans « cette mobilisation pour éviter les horribles exactions subies sur les routes migratoires ».
Le 14 octobre, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’as al-Hussein avait dénoncé la détérioration des conditions de détention des migrants en Libye, jugeant la coopération de l’Union européenne – consistant à aider les gardes-côtes libyens à intercepter et à renvoyer les migrants – « inhumaine ».
Les observateurs de l’ONU, qui s’y trouvaient la première semaine de novembre pour visiter les centres de détention, affirment avoir été « choqués » par ce qu’ils ont vu : « des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants émaciés et traumatisés, empilés les uns sur les autres, enfermés dans des hangars et dépouillés de leur dignité. »
Le HCR qui, il y a quelques mois, a renforcé ses activités en Libye, pour répondre aux besoins urgents de plus de 14 000 migrants et réfugiés détenus en captivité par des passeurs décrit aussi des conditions de détention particulièrement choquantes.
« Les réfugiés et les migrants qui ont été sauvés des mains des passeurs sont visiblement traumatisés. La plupart d’entre eux affirment avoir été victimes de nombreuses violations des droits humains, y compris la violence sexuelle et sexiste, le travail forcé et l’exploitation sexuelle », décrit le HCR. « Beaucoup déclarent qu’ils ont été battus et forcés de travailler pendant de longues heures sans nourriture ni eau. Ils étaient gardés dans des conditions exiguës, souvent sans toilettes ni ventilation. Lorsqu’on les a trouvés, des centaines d’entre eux nous ont affirmé qu’ils n’avaient pas mangé depuis des jours. »
Le groupe de réfugiés que la France s’est engagée à accueillir sont arrivés à Niamey le 11 novembre et selon le ministère français de l’Intérieur, devraient gagner la France au plus tard en janvier. Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra précise que ces personnes obtiendront le statut de réfugié « très rapidement » après leur arrivée. D’abord hébergés dans des structures collectives, « le temps de leur donner un certain nombre de clés sur la vie en France », précise la Direction générale des étrangers en France (DGEF) qui coordonne l'opération de réinstallation, ils seront orientés dans quelques mois vers des logements classiques.
Sur les 10 000 places dédiées aux réfugiés, 3 000 seront choisis par les « missions de protection avancées » de l’OFPRA au Niger et au Tchad, Paris estimant la situation sécuritaire en Libye trop compliquée pour ouvrir des centres d’accueil.
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