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Abbas sévit au sujet des fuites dans les médias, révèle un conseiller à MEE

Des assistants d’Abbas révèlent à MEE l’obligation au silence prononcée par le président palestinien au sujet des fuites le concernant
Les récentes rencontres entre Abbas et Sissi ont été décrites comme étant cordiales (AFP)
Par MEE

Mahmoud Abbas a demandé à ses assistants et conseillers de garder le silence à propos d’une conversation téléphonique divulguée dans laquelle un responsable de haut rang d’un service de renseignement égyptien et l’homme fort palestinien en exil Mohammed Dahlan se moquent d’Abbas, ont indiqué des sources proches de l’affaire.

Selon un conseiller qui s’est exprimé pour Middle East Eye sous couvert d’anonymat, le président palestinien a demandé lundi à son entourage de cesser de parler de cette affaire à la presse, une requête qui a été rapidement rejetée.

« Le président veut que cette histoire disparaisse rapidement, il a dit que nous surmonterions cet obstacle avec le moins de conséquences possible », a affirmé le conseiller, ajoutant que le président voulait protéger ses liens avec l’Égypte, « le plus grand et le plus influent pays arabe ».

Cependant, plusieurs proches assistants d’Abbas ont fait part à MEE de tensions grandissantes au sujet du traitement spécial prétendument réservé à Dahlan par Le Caire et des efforts qui seraient déployés par le gouvernement égyptien pour le ramener sur la scène politique.

« Le président Abbas sait que les fuites sont véridiques, mais il ne veut pas perdre l’Égypte », a déclaré l’assistant.

Les enregistrements divulgués, apparus pour la première fois ce week-end, ont semblé être ceux d’une conversation téléphonique entre Dahlan et le général Wael el-Safty, de la Direction générale du renseignement égyptien (GID), au cours de laquelle Abbas a été décrit comme quelqu’un de « stupide », et son mouvement, le Fatah, comme étant « foutu ».

Safty dirige le portefeuille palestinien de la GID, tandis que Dahlan était le principal homme du Fatah à Gaza avant de lancer une tentative manquée d’éviction du Hamas à la fin de l’année 2006.

Il a ensuite été contraint de fuir vers la Cisjordanie, mais en 2010, il a été accusé d’avoir tenté de renverser Abbas. En 2011, le Fatah a révoqué son adhésion et Dahlan a été contraint une fois de plus à l’exil, ce qui lui a permis de nouer des liens avec des partisans dans le Golfe et en Égypte.

En surface, Abbas et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi entretiennent des relations chaleureuses. Les responsables insistent sur le fait qu’une rencontre récente à l’ONU, à New York, a été cordiale, malgré les allégations portant sur des efforts de l’Égypte visant à interférer dans les affaires palestiniennes.

Après la rencontre, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a fermement rejeté les allégations selon lesquelles l’Égypte tentait de se mêler des affaires palestiniennes, selon Ramallah News.

Choukri a indiqué que l’Égypte n’avait pas l’intention d’imposer une vision spécifique à l’Autorité palestinienne ou au peuple palestinien, ajoutant toutefois que l’Égypte avait toujours encouragé la solidarité entre l’AP et la population ainsi qu’au sein des deux principales factions palestiniennes, à savoir le Fatah, qui gouverne la Cisjordanie, et le Hamas, à la tête de la bande de Gaza.

« La rencontre entre le président Abbas et le président [Sissi à New York] était très chaleureuse et la compréhension était totale entre les deux dirigeants sur des questions très détaillées », a déclaré Choukri au journal.

Néanmoins, plus tôt cette année, des sources palestiniennes et jordaniennes de premier plan ont indiqué à MEE qu’un plan lancé conjointement par l’Égypte, la Jordanie et les Émirats arabes unis visait à installer Dahlan au poste de président de l’AP dans une ère post-Abbas.

Abbas aurait accepté de faire revenir la famille de Dahlan, mais aurait affirmé qu’il serait difficile de faire revenir Dahlan lui-même en raison des charges juridiques qui ont été portées contre lui en Cisjordanie, dont une condamnation par contumace prononcée en 2014 pour diffamation contre l’État. En 2015, une affaire de corruption le liant au détournement présumé de 17 millions de dollars de dépenses a été rejetée. Dahlan a toujours insisté sur le fait que les accusations étaient motivées par des considérations politiques.

« Le message était clair pour le Quartet arabe : Dahlan n’a aucune chance de revenir », a déclaré précédemment un assistant d’Abbas au sujet de ces tentatives.

Lundi, des responsables palestiniens ont également mis en évidence ce qu’ils ont décrit comme une rencontre positive entre Abbas et Sissi, tout en minimisant les fuites, affirmant que la Palestine n’était pas un État qui suivait de telles allégations portant sur de « petites choses ».

Un certain nombre d’activistes du Fatah se sont déchaînés sur les réseaux sociaux suite aux fuites.

Muner Jaghoub, un fidèle du parti, a accusé le responsable du renseignement égyptien de faire « partie de la conspiration » contre Abbas.

« Cela le positionne [Safti] sur le front qui se dresse contre le projet national palestinien », a-t-il affirmé.

D’autres factions politiques en Palestine ont évité la controverse.

« Notre relation avec le responsable du renseignement égyptien est merveilleuse et ce dernier a toujours exprimé son respect pour le FPLP et ses positions », a ainsi déclaré Rabah Muhanna, qui dirige le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) à Gaza.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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