Arabie saoudite : un sommet arabe sous haute tension
En façade, et sur les dix-huit points qu’auront à discuter les chefs d’État présents durant ce sommet, la question palestinienne reste la plus saillante avec ses habituels dossiers : la nécessité de réactiver l’initiative de paix arabe, les violations israéliennes à Jérusalem, la colonisation, la question des réfugiés et le soutien financier à l’Autorité palestinienne et au Liban.
Les récentes déclarations du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, quant au « droit des Israéliens de vivre en paix », la répression israélienne contre la marche du retour et la décision de Trump de transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem planeront sur les échanges entre les délégations arabes, mais sans trop aller dans le sens contraire du consensus mou autour des principes traditionnels de la Ligue.
Deux points n’ont pas été abordés lors des réunions préparatoires qui se tiennent dans la capitale Riyad depuis lundi dernier : « l’évolution de la crise syrienne » et « les interventions iraniennes dans les affaires internes arabes », selon la terminologie officielle de la Ligue.
Sur ces deux points, qui ont été reportés pour discussion à la réunion des chefs d’État ce dimanche, la fracture arabe est profonde : certains pays, comme l’Algérie, la Tunisie ou encore l’Égypte, souhaitent la réintégration de la Syrie à la Ligue (elle en est suspendue depuis 2011), alors que la position d’une autre partie, avec comme chef de file l’Arabie saoudite, reste intransigeante vis-à-vis de Damas.
La question de l’Iran divise également et une énième déclaration hostile ne sera pas votée à l’unanimité.
L’autre dossier épineux est la guerre au Yémen : l’enlisement saoudien et la catastrophique crise humanitaire dans le pays pousseront les dirigeants arabes à éviter les débats autour de la question yéménite et à se contenter de déclarations de principes.
Ce sommet intervient aussi en pleine crise entre les pays du Golfe : depuis juin 2017, le Qatar subit un véritable blocus de la part de Bahreïn, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et des Émirats arabes unis.
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L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad, ne participera pas au sommet. Le Qatar a décidé de revoir à la baisse son niveau de représentation. L'absence d’un début de pourparlers empêche d’aborder ouvertement la crise inter-Golfe lors de ce sommet.
À signaler également : le sommet coïncide avec l’organisation par l’Arabie saoudite, depuis une semaine, d’une importante manœuvre militaire engageant les forces d’une vingtaine de pays, intitulé « Bouclier commun du Golfe 1 ». Le lendemain du sommet arabe, le 16 avril, aura lieu la phase finale de cet exercice visant à renforcer la coopération militaire dans la région.
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