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Attentat kamikaze en plein centre de Tunis

Un premier bilan fait état d’au moins neuf blessés. Selon le ministère de l’Intérieur, le kamikaze est une femme. Tunis n’avait pas connu d’attentat depuis novembre 2015
La police scientifique inspecte les lieux après l’attentat kamikaze perpétré en plein centre de Tunis, le lundi 29 octobre (AFP)

TUNIS – Au moins neuf personnes, dont huit policiers, ont été blessées dans un attentat perpétré lundi en début d’après-midi par une femme kamikaze en plein centre de Tunis, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Intérieur.

Cette femme, dont l’identité n’est pas encore connue, s’est fait exploser « à proximité de voitures de police », sur l’avenue Habib Bourguiba, la principale artère du centre de la capitale tunisienne, a déclaré Sofiène Zaag, porte-parole de ce ministère.

Sur place, une journaliste de l’AFP a pu voir le corps sans vie de la kamikaze. Plusieurs ambulances et d’importants renforts de police sont arrivés sur les lieux et le secteur a été immédiatement bouclé, d’après la même source.

De nombreuses boutiques de cette avenue commerçante ont rapidement baissé leurs rideaux, dans une atmosphère chaotique, selon une journaliste de l’AFP.

Il s’agit du premier attentat à secouer la capitale tunisienne depuis le 24 novembre 2015, quand une attaque suicide, commise là aussi en plein centre-ville contre un bus de la garde présidentielle avait tué douze agents. Cette attaque avait été revendiquée par le groupe État islamique (EI).

Quelques mois plus tôt, le 18 mars 2015, toujours à Tunis, deux hommes avaient ouvert le feu à l’arme automatique sur des touristes qui descendaient d’autocars pour visiter le musée du Bardo, avant de les pourchasser dans le bâtiment.

Vingt-et-un touristes et un policier tunisien avaient été tués dans cet acte également revendiqué par l’EI, tout comme l’attentat perpétré par un kamikaze en juin de la même année sur une plage et contre un hôtel près de Sousse (est), qui avait coûté la vie à 38 touristes.

Des personnes se recueillent pour les victimes à l’hôtel RIU Imperial Marhaba, à 140 km de Tunis, après l'attaque du 26 juin 2015 (AFP)

En mars 2016, des dizaines d’islamistes armés venus de Libye avaient tenté, sans succès, de s’emparer de postes des forces de sécurité dans la région de Ben Guerdane (sud), près de la frontière libyenne. L’attaque avait fait vingt morts parmi les forces de sécurité et les civils.

L’attaque n’avait pas été revendiquée mais les autorités tunisiennes avaient accusé l’EI d’avoir voulu créer « un émirat » sur le sol tunisien.

À l’époque, cette série d’attentats avait gravement nui au tourisme, un secteur vital de l’économie tunisienne, contribuant à fragiliser le processus démocratique né de la révolution de 2011 contre le régime de Zine el Abidine Ben Ali.

À LIRE : Tunisie : les islamistes armés sont-ils toujours une menace ?

Depuis le printemps 2016, les autorités tunisiennes se sont félicitées d’un retour au calme, même si en juillet dernier, six membres des forces de l’ordre ont été tués dans une attaque dans le nord-ouest du pays.

À la faveur de cette accalmie, l’industrie touristique a connu une embellie lors des saisons 2017 et 2018, et la croissance tunisienne s’est raffermie.

L’état d’urgence reste toutefois en vigueur sur l’ensemble du territoire depuis l’attentat de novembre 2015, et la présidence tunisienne a annoncé une nouvelle prolongation d’un mois le 5 octobre dernier.

L’état d’urgence octroie des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre. Il permet notamment l’interdiction des grèves et des réunions « de nature à provoquer le désordre ».

Par Kaouther Larbi

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