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Aucune justice, aucune aide : Gaza est à genoux deux ans après la guerre

Alors que les ONG déplorent le manque de progrès dans la reconstruction, Amnesty International s’emporte sur le fait qu’aucun Israélien ou Palestinien n’ait été inculpé pour crimes de guerre au cours du conflit de 2014
Un homme constate les dégâts causés par une attaque aérienne israélienne sur un atelier dans la ville de Gaza, le 2 juillet 2016 (AFP)

Deux ans après le dernier conflit dévastateur entre Gaza et Israël, des groupes de droits de l’homme ont exprimé de la frustration ce jeudi face au lent processus de reconstruction dans le territoire palestinien et au manque de poursuites pour crimes de guerre.

Amnesty International considère comme « indéfendable » le fait qu’Israël ou des Palestiniens n’aient pas été jugés pour de supposés crimes de guerre. Une coalition de grandes ONG a de son côté exhorté Israël à lever son blocus sur la bande de Gaza.

Le conflit de juillet-août 2014 entre Israël et la Palestine a tué plus de 2 200 Palestiniens et 73 personnes du côté israélien, et a aussi endommagé des centaines de maisons dans Gaza assiégée.     

Le processus de reconstruction a été particulièrement laborieux, l’ONU ayant pris plus d’un an pour reconstruire sa première maison détruite. 

Israël a maintenu son blocus sur l’enclave, limitant l’entrée de nombreux biens et matériaux essentiels pour la construction. Les autorités israéliennes craignent que ces biens tombent dans les mains du Hamas et servent à renforcer encore plus sa capacité militaire.

Selon le rapport d’Amnesty, publié avant l’anniversaire du début du conflit ce vendredi, seulement trois soldats israéliens ont été poursuivis pour des inculpations mineures en lien avec la guerre.

« Le fait qu’aucun Israélien ni Palestinien n’ait été tenu responsable pour des crimes de guerre commis de manière évidente de part et d’autre est absolument injustifiable », affirme Philip Luther, responsable du secteur Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty.

« Deux années sont passées et il est grand temps que la justice se remette en route. »

 Dans un rapport séparé, AIDA (un organisme regroupant les principales ONG internationales travaillant en Israël et dans les territoires palestiniens) a affirmé que le long blocus israélien qui dure depuis des décennies a « sérieusement entravé la reconstruction et le redressement de Gaza ».

« À moins que le blocus ne soit levé, les Palestiniens vivant à Gaza ne pourront pas avancer et vivre dans la liberté, la dignité et la sécurité », ont déclaré Chris Eijkemans, directeur d’AIDA, et l’association caritative britannique Oxfam.

Peur et misère à Gaza

Malgré la construction de nouvelles routes à l’intérieur de Gaza, de nombreux endroits restent déserts et l’économie est au point mort.

Selon l’ONU, la guerre a sérieusement endommagé plus de 120 000 maisons et en a totalement détruit plus de 20 000.

Selon les estimations palestiniennes, le taux de chômage dans l’enclave méditerranéenne est de 45 %, soit l’un des taux les plus élevés au monde, tandis que le travail des enfants a doublé ces cinq dernières années.

Sohad al-Masry, une femme au foyer de 40 ans, a perdu sa maison lors d’une attaque durant laquelle son cousin a également été tué.   

« Je n’aime pas m’en souvenir mais je suis triste », explique-t-elle à l’AFP. « Ils n’ont pas reconstruit les maisons détruites, le siège et les fermetures continuent, et il y a du chômage. »

Les craintes d’un autre conflit avec Israël, qui serait le quatrième depuis 2008, ont grandi ces derniers mois après que les forces israéliennes ont découvert deux tunnels d'« attaques »  du Hamas qui atteindraient la frontière.   

Après une brève recrudescence des violences au mois de mai, les dirigeants des deux côtés se sont déclarés prêts pour un autre conflit.

« J’ai vraiment peur qu’une quatrième guerre surgisse. Les [autorités d’] occupation font planer une menace de guerre sur les tunnels du Hamas », affirme Mohammed Abu Daqa, 26 ans, qui travaille dans une école du gouvernement. 

Il a appelé le Hamas à se réconcilier avec le Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, qui dirige la Cisjordanie, en vue de renforcer le soutien pour lever le siège de Gaza.    

« Mais malheureusement, le Hamas et le Fatah ne sont pas prêts pour une réconciliation », soupire-t-il.             

Traduit de l'anglais (original) par Raphaëlle Maury. 

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