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Des jeunes « perdus, suicidaires » : une cellule de l’EI infiltrée par un journaliste français

Un reporter affirme qu’il n’a « pas vu d’islam » après avoir passé six mois à filmer secrètement une cellule terroriste française de dix membres qui planifiaient un attentat contre une boîte de nuit
Saïd Ramzi a expliqué avoir reçu des ordres dans une lettre manuscrite (Canal+)
Par MEE

Une cellule de sympathisants du groupe État islamique qui planifiait un attentat en France était remplie de jeunes « paumés, frustrés, perdus, suicidaires, faciles à manipuler » et qui avaient peu de connaissances de l’islam, selon un journaliste français qui a infiltré le gang.

Saïd Ramzi (un pseudonyme) a expliqué qu’il a pu contacter « facilement » les « Soldats d’Allah » sur Facebook et s’est joint à eux pendant six mois avant de quitter le groupe en janvier.

Il a filmé des réunions en caméra cachée lors desquelles ils complotaient en vue d’attaquer une boîte de nuit ; les séquences ont été diffusées lundi dans le documentaire « Soldats d’Allah ».

Composée de dix membres, la cellule était dirigée par Oussama, un Franco-Turc de 20 ans qui, selon le documentaire, était auparavant sataniste et alcoolique et avait été emprisonné pendant cinq mois en France après avoir tenté de rejoindre l’État islamique en Syrie.

« Mon but était de tenter de comprendre ce qu’ils ont dans la tête », a indiqué Ramzi dans des propos relayés lundi par l’AFP.

« Et l’un des enseignements principaux est que je n’ai pas vu d’islam [...]. Aucune volonté de rendre le monde meilleur. Seulement des jeunes paumés, frustrés, perdus, suicidaires, faciles à manipuler. »

« Ce sont des jeunes en quête, et c’est ce qu’ils ont trouvé. »

Le documentaire montre comment Ramzi a été introduit dans le groupe avec la promesse d’une « route vers le paradis » : « Nos femmes nous y attendent, avec des anges comme serviteurs. Tu auras un palais, un cheval ailé fait d’or et de rubis. »

Dans les séquences vidéo, Oussama explique que son groupe pourrait attaquer une base militaire : « Quand ils mangent, ils sont tous alignés... Ta-ta-ta-ta-ta ! »

Oussama rêve également d’attaquer des journalistes : « Comme ils ont fait à Charlie [Hebdo]. Il faut leur casser le cœur. Par surprise, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent. Ils ne sont pas bien protégés. Il faut que les Français meurent par milliers. »

Dans une autre séquence, un membre du groupe envisage de se servir d’un lance-roquettes pour abattre un avion atterrissant à l’aéroport de Paris-Le Bourget et traumatiser la France « pendant un siècle ».

Les réunions étaient organisées à Châteauroux et à Orléans, dans le centre de la France. Le groupe communiquait également via Telegram, un service de messagerie cryptée.

Les ordres réels pour le complot du groupe, dont l’objectif était d’attaquer une boîte de nuit, venaient d’un certain Abou Souleiman, qui s’était rendu à Raqqa, « capitale » de l’État islamique en Syrie. Ramzi a reçu ces ordres dans une station RER, dans une lettre manuscrite qui lui a été remise par une femme vêtue d’un voile.

Ramzi a reçu ses ordres dans une lettre manuscrite qui lui a été remise par une femme (Canal +)

La lettre lui indiquait qu’il devait tirer « jusqu’à la mort » puis actionner une ceinture explosive après l’arrivée des forces de l’ordre.

Auparavant, il avait reçu l’ordre de construire sa ceinture explosive.

Oussama ainsi que d’autres membres de la cellule ont été arrêtés en décembre et en janvier. Ramzi a expliqué qu’il s’était retiré du groupe après avoir reçu un message lui indiquant qu’il était « cuit ».

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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