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En Birmanie, l’oppression de la presse s’ajoute au massacre des Rohingyas

Incarcérés depuis décembre, deux journalistes birmans ont été condamnés lundi à sept ans de prison pour avoir enquêté sur l’implication de l’armée birmane dans un massacre des Rohingyas
Des réfugiés rohingyas vivant en Malaisie manifestent à Kuala Lumpur contre le traitement des Rohingyas en Birmanie, le 8 septembre 2017 (AFP)
Par MEE

Lundi 3 septembre, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes birmans de l’agence Reuters, respectivement âgés de 32 et 28 ans, ont été condamnés à sept ans de prison et accusés d’« atteinte au secret d’État » pour avoir enquêté sur un massacre de membres de la minorité musulmane des Rohingyas par l’armée birmane.

Avant cette condamnation, les deux journalistes ont été arrêtés en décembre 2017, dans le village d’Inn Din, dans le nord de l’État de Rakhine, par la police birmane lorsqu'ils se sont procurés des documents relatifs aux forces de sécurité birmanes.

Pourtant, les deux journalistes n’ont pas cessé de clamer leur innocence, estimant avoir été piégés par la police birmane. L’agence de presse Reuters a rapporté qu’un des policiers qui a témoigné au procès des deux journalistes a reconnu « que le rendez-vous pendant lequel les documents classifiés leur avaient été remis était un ‘’piège’’ destiné à les empêcher de poursuivre leur travail. » 

Attachés ensemble, les dix captifs musulmans rohingyas ont vu leurs voisins bouddhistes creuser une tombe peu profonde. Peu de temps après, le matin du 2 septembre, tous les dix sont morts

Dans leur enquête « Massacre à Myanmar », Wa Lone et Kyaw Soe Oo racontaient que « les meurtres dans le village côtier d'Inn Din avaient marqué un autre épisode sanglant dans l’épuration ethnique dans le nord de l'État de Rakhine, sur la frange ouest du Myanmar ». 

« Attachés ensemble, les dix captifs musulmans rohingyas ont vu leurs voisins bouddhistes creuser une tombe peu profonde. Peu de temps après, le matin du 2 septembre, tous les dix sont morts », poursuit l’enquête. 

« Vous pouvez nous jeter en prison, mais vous ne pourrez pas empêcher le peuple de voir ou d’entendre »

La condamnation de Wa Lone et Kyaw Soe Oo a créé un tollé dans le milieu journalistique et sur la toile. De nombreux journalistes ont témoigné leur soutien, d’autres ont préféré partager l’enquête de deux journalistes pour manifester leur indignation.  

Traduction : « Vous pouvez nous jeter en prison, mais vous ne pourrez pas empêcher le peuple de voir ou d’entendre », a déclaré Kyaw Soe Oo après avoir été condamné avec un autre journaliste de @Reuters Wa Lone à sept ans de prison au Myanmar. Leurs familles sont inconsolables. #FreeWaLoneKyawSoeOoo.

Des internautes ont aussi appelé à retirer le prix Nobel de la paix à Aung San Suu Kyi, l’accusant de couvrir « les assassinats et « l'oppression de la presse ».

Une pétition a été mise en ligne demandant le retrait du prix Nobel de la paix à Aung San Suu Kyi et dénonçant son attitude dans la persécution de la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie. 

À son tour, le comité Nobel norvégien a exclu la possibilité de retirer le prix précisant que « les statuts du prix Nobel de la paix ne le permettent pas ».

Dans son dernier rapport, la Mission d'établissement des faits des Nations unies a apporté des preuves accablantes sur les crimes commis par les forces de sécurité birmanes contre la minorité musulmane des Rohingyas. Un rapport qui s’ajoute à la montagne de preuves attestant de l’extermination de cette minorité ethnique. 

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