Aller au contenu principal

EXCLUSIF : La propagande antiterroriste britannique auprès des jeunes du monde arabe

Une unité secrète de propagande antiterroriste travaille en coopération avec le British Council sur des campagnes de lutte contre l’extrémisme auprès de jeunes considérés comme vulnérables au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
Capture d’écran d’un clip de rap utilisé lors de la campagne Ala Khatrek Tounsi 2017 (YouTube)

Une unité secrète de propagande antiterroriste du gouvernement britannique travaille sur des campagnes visant à changer le comportement et les attitudes de jeunes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord considérés comme exposés au risque de devenir des extrémistes violents, est en mesure de révéler Middle East Eye.

Les campagnes, qui ont été menées jusqu’à présent en Tunisie, au Maroc et au Liban, se servent du rap, de graffitis, de la réalisation de films, des réseaux sociaux et du sport pour renforcer leur crédibilité et « délivrer des messages sur les alternatives pour les jeunes vulnérables ».

Ces travaux sont dirigés par le British Council, organisme public chargé de promouvoir le Royaume-Uni à l’étranger, et cofinancés par le ministère des Affaires étrangères, dans le cadre d’un programme intitulé « Renforcement de la résilience dans la région MENA », financé par l’Union européenne depuis 2016.

Toutefois, l’Unité de recherche, de communication et d’information (RICU) du gouvernement britannique, qui relève du Bureau de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme du ministère de l’Intérieur, joue également un rôle clé, mais moins visible, dans la campagne.

Sa participation est mentionnée dans un rapport d’évaluation du programme commandé par le British Council, consulté en ligne par MEE mais ultérieurement retiré du site du British Council.

Au Royaume-Uni, la RICU s’est retrouvée sous le feu des projecteurs pour son rôle dans la création d’organisations de la société civile musulmane soi-disant « locales » et de campagnes de lutte contre l’extrémisme destinées aux musulmans, promouvant une « identité musulmane britannique réconciliée ». Dans certains cas, les organisations et personnes utilisées dans les campagnes ne savaient pas que la RICU se cachait derrière elles.

Le gouvernement britannique « mène une campagne secrète de propagande contre l’extrémisme »
Lire

Le rapport d’évaluation suggère que ces méthodes sont désormais exportées à l’étranger et enseignées aux gouvernements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. L’Union européenne envisage également d’étendre le programme à l’Algérie et à la Jordanie d’ici 2021.

Les campagnes sont dirigées par des acteurs et des organisations de la société civile privilégiés, tandis que des ministères, le British Council et la RICU fournissent un soutien « en coulisses », notamment en matière de formation, de ressources et de financement.

« Organisations tampons »

Le rapport, rédigé par le cabinet de conseil en gestion IOD Parc, décrit également les organisations locales de la société civile utilisées comme des « organisations tampons ».

L’un des responsables de l’une de ces organisations a déclaré à MEE qu’ils n’étaient au courant d’aucun lien entre le programme auquel elles participaient et les politiques de lutte contre l’extrémisme.

Le rapport conclut que l’un des résultats du programme est que les gouvernements des pays ciblés sont désormais mieux à même de « planifier et mener à bien » leurs propres campagnes de communication stratégique.

Il indique également que le partenariat entre le British Council et la RICU a été un succès « en raison de l’expérience acquise par le British Council en matière de participation de la société civile et de la capacité de la RICU à impliquer les gouvernements nationaux en tant que pairs ».

« Le British Council, en partenariat avec la RICU, a réussi à créer une plate-forme où le gouvernement et la société civile peuvent communiquer plus efficacement pour renforcer la résilience et réduire la radicalisation et le recrutement par des extrémistes violents dans les trois pays ciblés, la Tunisie, le Liban et le Maroc », affirme le rapport.

Des enfants jouent dans les rues d’Ettadhamen, un quartier pauvre du Grand Tunis (AFP)

L’un des projets considéré comme un succès du programme par l’évaluation de IOD Parc est « Ala Khatrek Tounsi » (Parce que tu es tunisien), une campagne sur les réseaux sociaux célébrant l’identité tunisienne qui a eu lieu pendant le Ramadan en 2016 et 2017.

Cette campagne encourageait les personnes à publier des vidéos et des photos sur un site web, ainsi que sur YouTube et Facebook, exprimant leur fierté d’être tunisien. Elle promouvait également des clips musicaux d’artistes de rap et diffusait des spots télévisés donnant des images positives de la société tunisienne.

Selon l’évaluation, la Tunisie est le pays qui a connu « le plus grand niveau d’activité et de résultats associés », et la conception d’Ala Khatrek Tounsi (AKT) a été « façonnée » par un groupe de discussion mandaté par le gouvernement tunisien qui a exploré « les aspirations et valeurs des jeunes ».

L’évaluation cite également AKT en exemple de la manière dont le gouvernement tunisien s’est montré mieux à même de planifier et de mener des campagnes à la suite d’une visite d’étude organisée à Londres par la RICU.

Des conseils « en coulisse »

Des représentants de la plate-forme de discours alternatif, une unité de communication stratégique créée au sein du ministère tunisien chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la Société civile et des Droits de l’homme, ont assisté à l’événement.

La campagne était le résultat d’une stratégie de communication élaborée par l’équipe Renforcement de la résilience, qui visait à remplacer les discours gouvernementaux en échec par « un discours alternatif plaçant les citoyens et la société civile au centre de la stratégie de communication ».

« Les campagnes Ala Khatrek Tounsi étaient un partenariat. L’équipe a travaillé avec le gouvernement et les organisations de la société civile pour la mettre sur pied […] La campagne est maintenant la propriété de ces parties prenantes, le British Council la guide en coulisses », selon l’évaluation.

Cependant, Amina el-Abed, qui a été présentée dans les médias comme étant la créatrice d’Ala Khatrek Tounsi, et le British Council ont nié que cette campagne ait été « planifiée et mise en œuvre » par le gouvernement tunisien et le British Council.

Abed a déclaré qu’elle n’était pas au courant du rapport d’évaluation jusqu’à ce que MEE le lui communique et que les auteurs du rapport ne l’avaient pas contactée. Elle a affirmé que celui-ci exagérait le rôle du gouvernement tunisien et du British Council dans la planification et la mise en œuvre de la campagne.

Elle a expliqué que ses amis et elle avaient eu l’idée d’Ala Khatrek Tounsi avant le lancement du programme Renforcement de la résilience, mais qu’elle ne disposait d’aucun financement pour le projet à ce moment-là.

Elle a ajouté qu’elle avait été embauchée par le British Council pour promouvoir un autre projet Renforcement de la résilience intitulé « Obroz », un atelier de formation à la communication destiné aux organisations de la société civile. Elle a également lancé l’idée d’Ala Khatrek Tounsi après avoir constaté des « synergies » avec le programme.

« C’est moi qui suis allée les voir avec l’idée », a déclaré Amina el-Abed. « Cela correspondait aux critères RR [Renforcement de la résilience]. Le British Council a décidé de le financer puis je l’ai présenté au gouvernement tunisien. »

Graffitis et rap

Abed a également déclaré que, dans l’évaluation, les exemples de la manière dont le British Council et le gouvernement tunisien avaient soutenu la campagne en coulisses étaient inexacts.

Le rapport dit : « Le gouvernement a manifesté son soutien à la campagne de plusieurs manières, à la fois directement et indirectement. »

« Par exemple, le British Council a mandaté des graffeurs pour peindre le slogan de la campagne sur des murs (appartenant à l’État), protégés discrètement par la police.

« L’artiste de rap mandaté a écrit des paroles qui, tout en soutenant le message de la campagne, étaient très critiques à l’égard du gouvernement ; le gouvernement a approuvé les paroles parce qu’il comprenait l’objectif global. Le gouvernement a également demandé au radiodiffuseur national de diffuser des centaines de spots Ala Khatrek Tounsi aux frais de l’État. »

Toutefois, Amina el-Abed a nié que des graffeurs aient été largement utilisés dans la campagne. Elle a ajouté que l’équipe d’AKT avait demandé l’autorisation pour qu’un rappeur, Djappa Man, puisse graffer le logo d’AKT sur un mur dans le cadre du clip de sa chanson faisant la promotion de la campagne.

« [Djappa Man] bénéficie d’une telle popularité, en particulier auprès des enfants des zones ciblées par RR, des personnes marginalisées, qu’il était la personne idéale pour le faire, donc lui faire écrire sur un mur était un moyen de les enthousiasmer », a-t-elle expliqué.

Un porte-parole du British Council a confirmé à MEE qu’« une autorisation avait été demandée à la police pour le tournage de l’artiste graffeur en question. C’est une obligation légale en Tunisie lorsque l’on filme dans des lieux publics ».

Abed a également démenti que le gouvernement tunisien ait approuvé les paroles de la chanson de Djappa Man, dans laquelle il qualifie les policiers de « bâtards » en argot tunisien, même si elle a précisé qu’elle avait fait écouter la chanson à des responsables lorsqu’elle les avait rencontrés pour obtenir leur soutien en faveur de la campagne.

Djappa Man a déclaré à MEE qu’il était un artiste de rue qui n’aimait pas « les médias, la politique, le terrorisme et les mauvais flics ».

« Personne ne peut me dicter ce que je dis »

Le rappeur a ajouté qu’il avait été approché par Abed pour enregistrer la chanson et qu’AKT avait payé le studio.

« Personne ne peut me dicter ce que je dis dans ma musique… je parle de ma vie, de ce que je ressens et de ce que je vois », a-t-il affirmé.

« Personne ne peut me dicter ce que je dis dans ma musique… je parle de ma vie, de ce que je ressens et de ce que je vois »

- Djappa Man, rappeur tunisien

Amina el-Abed a déclaré que le gouvernement tunisien avait suggéré quelques thèmes pour la seconde phase de la campagne AKT l’année dernière, notamment des discussions sur le racisme, la gentillesse et l’aide aux personnes âgées.

Elle a ajouté qu’elle avait également rencontré des responsables de la RICU et était consciente de leur rôle dans le programme Renforcement de la résilience.

« En ce qui concerne la stratégie et la mise en œuvre d’AKT, ils l’ont soutenue telle que je l’ai présentée. Ils n’y ont pas contribué de manière significative. En ce qui me concerne, ce sont eux qui ont appris quelques techniques sur la manière de mener ce type de campagne », a-t-elle déclaré.

Dans un communiqué, le British Council a déclaré à MEE que le rapport d’évaluation sur le programme Renforcement de la résilience avait été téléchargé sur son site par erreur. Il a ensuite été supprimé car il contenait « certaines inexactitudes et des informations sensibles ».

« Le contenu du rapport était inexact concernant le rôle du British Council dans la campagne Ala Khatrek Tounsi, suggérant qu’elle avait été “planifiée et mise en œuvre” par le British Council. AKT a été planifiée et mise en œuvre par des activistes de la société civile tunisienne, avec le financement et un soutien pratique fourni par l’équipe du programme Renforcement de la résilience », selon le communiqué.

IOD Parc a confirmé avoir rédigé le rapport à l’intention du British Council, tout en précisant qu’il ne pouvait commenter le sujet en raison d’un accord de confidentialité.

Le British Council continue de citer favorablement le rapport IOD Parc dans un autre rapport intitulé « Contribuer à la sécurité et à la stabilité dans la région MENA », décrivant Renforcement de la résilience comme un « programme phare du British Council ».

« Compte tenu de son objectif de communication stratégique, cela a […] accru la capacité des gouvernements à planifier et à mettre en œuvre des campagnes de communication visant à impliquer les citoyens exposés au risque de radicalisation », indique-t-il.

« Dans le même temps, les organisations de la société civile ont été renforcées pour mener des campagnes visant à promouvoir les voies positives offertes aux jeunes vulnérables. »

La stratégie pour la 2e phase de la campagne comprenait la « conception d’interventions ciblées dans les “points chauds” de recrutement permettant une action collective entre les jeunes, les autorités locales et la société civile », ajoute-t-il.

La Tunisie, un « pays prioritaire »

L’an dernier, Ala Khatrek Tounsi a également été citée par Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, comme un exemple de stratégie de communication efficace développée par le gouvernement tunisien avec le soutien de la RICU et du British Council.

« La Tunisie est par ailleurs un pays prioritaire du projet “Communication stratégique” (Strengthening Resilience in MENA), mis en œuvre par le British Council en collaboration avec le ministère de l’Intérieur britannique / Research, Information and Communication Unit (RICU) », a indiqué De Kerchove dans un article écrit pour l’Institut européen de la Méditerranée.

« Le projet a aidé le gouvernement tunisien à développer une stratégie de communication visant à dissuader les jeunes vulnérables de rejoindre des groupes terroristes (campagne “Ala Khatrek Tounsi” diffusée durant le Ramadan). »

Le rôle actuel de la RICU dans le programme Renforcement de la résilience est mis en évidence dans les offres d’emploi déposées par le British Council avant le lancement de la deuxième phase du programme.

« Où allez-vous, Raqqa ? », la formation Prevent dispensée aux chauffeurs de taxi
Lire

Parmi les relations clés pour un directeur de projet basé au Liban figuraient « des collègues du FCO [bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth] et de la RICU », précisait une annonce.

« Au Liban, le programme Renforcement de la résilience II ciblera Tripoli et ses environs », était-il indiqué. Une autre offre d’emploi pour un agent de projet basé à Tanger (Maroc) stipulait que le programme développé dans ce pays ciblerait la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

Le Service européen pour l’action extérieure a fourni jusqu’à présent 11 millions d’euros pour la deuxième phase ; 3,65 millions de dollars devraient ainsi être dépensés en moyenne en Tunisie, au Maroc et au Liban. Ce montant représente une augmentation significative par rapport à la première phase du projet, lors de laquelle les dépenses moyennes dans chaque pays s’élevaient à 1 101 372 euros.

« L’UE soutient de véritables mouvements populaires profondément enracinés au sein de leurs communautés locales, a indiqué un responsable de l’UE à MEE. En tant que partenaire du British Council et compte tenu de son expérience au Royaume-Uni, la RICU met à la disposition des acteurs de la société civile et des gouvernements un soutien en matière de renforcement des capacités afin qu’ils puissent coopérer et communiquer au sujet de ce qui compte le plus pour eux. »

Le graffiti, « une forme d’expression artistique »

Interrogé quant à savoir si l’UE considérait les graffitis sur les murs comme une utilisation efficace de ses fonds, le responsable a déclaré : « Dans le cadre de ce projet, les jeunes Tunisiens ont choisi d’utiliser le graffiti comme une forme d’expression artistique qui trouve un écho chez eux et auprès de leur génération. »

Le gouvernement britannique collabore étroitement avec le gouvernement tunisien en matière de lutte contre le terrorisme depuis 2015, année lors de laquelle 30 citoyens britanniques ont fait partie des 38 victimes d’un homme armé au cours d’un attentat revendiqué par le groupe État islamique dans la station balnéaire de Sousse.

Membre des forces spéciales tunisiennes en patrouille en front de mer, à Sousse, en 2015 (Reuters)

La Tunisie fait également partie des pays comptant le plus grand nombre de combattants étrangers ayant rejoint l’État islamique en Syrie et en Irak, selon les Nations unies.

D’après l’évaluation finale, un autre projet tunisien mené par le biais de Renforcement de la résilience est le programme « Citoyens actifs » du British Council, une formation au leadership social destinée aux jeunes et menée en partenariat avec une organisation locale, la Jasmine Foundation.

« Son réseau s’est avéré très utile, puisque le British Council a pu accéder à un vaste réseau de jeunes marginalisés dans des communautés reculées et isolées où l’extrémisme violent est fortement présent. Elle a également servi d’organisation tampon entre le British Council (une organisation étrangère pouvant être vue d’un mauvais œil dans les milieux conservateurs) et les communautés marginalisées », a précisé le rapport.

Tasnim Chirchi, directrice de la Jasmine Foundation, a déclaré à MEE que Citoyens actifs était un « excellent programme de formation qui développe chez les jeunes des capacités de leaders sociaux à même de contribuer activement au développement de leurs communautés locales ».

Des participants dans les quartiers marginalisés de Tunis et de Bizerte ont lancé des projets d’action sociale, notamment la création d’une bibliothèque mobile, des campagnes contre la violence dans les écoles et la rénovation d’un parc local désaffecté, a-t-elle déclaré.

« Nous tenons à préciser que nous n’avons aucune connaissance du rapport auquel vous faites référence ni de quelconques liens entre le programme Citoyens actifs et les politiques de lutte contre l’extrémisme violent », a-t-elle néanmoins concédé.

Une cartographie des « points chauds »

Au Liban, dans le cadre de Renforcement de la résilience, un programme sportif pour les adolescents de Tripoli et une campagne en ligne axée sur la sécurité ont été développés.

Cependant, les organisations de la société civile ont déploré le fait de servir d’« agents de mise en œuvre plutôt que de partenaires stratégiques ».

« Cela a souvent entraîné une baisse de la volonté des organisations de la société civile de participer au projet », a noté le rapport d’évaluation.

La création de la RICU en 2007 aurait été inspirée en partie par un livre d’histoire consacré à l’emploi de la propagande comme arme culturelle pendant la guerre froide

Au Maroc, de jeunes cinéastes ont bénéficié d’une aide pour créer des films « visant à sensibiliser davantage aux dangers de l’extrémisme violent ». L’équipe Renforcement de la résilience a également réalisé un exercice de cartographie des centres de jeunesse dans les points chauds exposés à l’extrémisme violent, mais « peu de progrès ont été réalisés avec le gouvernement même ».

Une grande partie du travail de la RICU, que l’unité décrit comme des « communications stratégiques », demeure secrète et les références à ses travaux sont rares dans le domaine public.

D’anciens responsables qui ont participé à la création de l’unité en 2007 ont déclaré à MEE que celle-ci avait été inspirée en partie par un livre d’histoire consacré à l’emploi de la propagande comme arme culturelle pendant la guerre froide par les gouvernements britannique et américain contre l’Union soviétique.

Pourquoi Daech recrute-t-il autant en Tunisie ?
Lire

Une description du travail de l’unité effectuée dans une mise à jour de la stratégie de sécurité nationale du Royaume-Uni publiée en 2009 indique : « Sur le plan international, nous continuons de promouvoir nos valeurs de liberté, de tolérance, de justice et de respect des droits de l’homme. Un rayonnement international actif, par exemple à travers les travaux du British Council, constitue un volet important de cette approche. »

En 2016, MEE a décrit l’implication de la RICU dans la production de campagnes populaires ciblant les communautés musulmanes du Royaume-Uni.

Parmi celles-ci figuraient #MakingAStand, une campagne sur les réseaux sociaux contre le groupe État islamique menée par Inspire, une organisation de défense des droits des femmes dirigée à l’époque par Sara Khan, qui a été nommée plus tôt cette année par le Home Office à la tête d’une nouvelle commission de lutte contre l’extrémisme.

Une autre campagne, Help for Syria, qui semblait être une initiative de bienfaisance visant à sensibiliser le public au sort des Syriens touchés par la guerre, était en réalité un projet soutenu par la RICU et destiné à dissuader les jeunes musulmans britanniques de se rendre en Syrie.

#MakingAStand, Help for Syria et les autres projets soutenus par la RICU ont été produits par Breakthrough Media, une société de relations publiques qui entretient des liens étroits avec le Home Office.

Capture d’écran d’une présentation PowerPoint de Breakthrough Media consacrée à la campagne Help for Syria

En 2016, Breakthrough Media a publié une offre d’emploi de directeur de projet et de responsable de formation dans un nouveau bureau à Tunis.

« Ce projet comprend un certain nombre de volets d’activités clés, notamment le développement et la distribution d’un magazine en ligne sur la culture jeune contemporaine, la conception et le développement de packs de ressources pédagogiques pour aider les travailleurs des centres de jeunesse, ainsi qu’une formation aux réseaux sociaux à destination des jeunes », indiquait l’offre.

« Breakthrough est fière du travail effectué dans le monde entier pour un éventail de clients et d’avoir contribué ainsi à promouvoir un changement social positif »

– Breakthrough Media

« Breakthrough coopère avec des ministères britanniques sur divers projets, dont certains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il s’agit notamment de projets qui visent à établir des relations positives entre les gouvernements et la société civile », a déclaré Breakthrough Media à MEE.

« Breakthrough est fière du travail effectué dans le monde entier pour un éventail de clients et d’avoir contribué ainsi à promouvoir un changement social positif. »

La RICU est également impliquée dans un autre projet financé par le Royaume-Uni, destiné à « soutenir le gouvernement tunisien dans le développement de sa capacité de communication stratégique » dans le cadre d’un programme de sécurité plus large.

Les résultats escomptés du projet sont « une amélioration de la lutte contre l’extrémisme et de la prévention de la radicalisation et un changement d’attitude positif du gouvernement tunisien », selon un résumé du programme publié par le Conflict, Stability and Security Fund, un fonds britannique.

La RICU est désignée comme organisation de mise en œuvre aux côtés du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du ministère britannique de la Défense.

Mohammed Fadel Mahfouz, qui a été nommé à la tête du ministère tunisien chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la Société civile et des Droits de l’homme lors d’un remaniement gouvernemental survenu plus tôt ce mois-ci, a déclaré à MEE qu’il n’était pas au courant du programme Renforcement de la résilience.

Mehdi ben Gharbia, son prédécesseur, n’a pas répondu aux demandes de commentaires qui lui ont été adressées.

Un porte-parole du Home Office a déclaré à MEE que la RICU coopérait avec des partenaires internationaux dans le but de partager certaines des leçons tirées de son travail au Royaume-Uni.

« L’unité [RICU] du Home Office soutient le programme Renforcement de la résilience dirigé par le British Council au Maroc, au Liban et en Tunisie », a déclaré le porte-parole.

« Ce programme aide à lutter contre les discours extrémistes en soutenant les communautés les plus directement visées par les extrémistes violents et en permettant à ces communautés et à leur gouvernement de renforcer leurs relations mutuelles. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].