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L'Algérie publie la liste des postes et des fonctions interdits aux binationaux

Suite et fin de la polémique : le Journal officiel algérien a publié la liste des responsabilités interdites aux détenteurs de plusieurs nationalités
Les personnes occupant de hautes fonctions au sein de l'État ont six mois pour renoncer à leur(s) nationalité(s) autre(s) qu'algérienne (MEE)
Par MEE

Pour être ministre en Algérie, commandant de région militaire ou président du Conseil d’État, il faudra désormais justifier… de sa seule nationalité algérienne.

Le Journal officiel vient de publier la liste des hautes responsabilités de l’État et des fonctions politiques fermées à tous les détenteurs d’autres nationalités.

En plus de celles citées ci-dessus : président du Conseil de la nation (sénat), de l’Assemblée populaire nationale (parlement), du Conseil constitutionnel, Premier ministre, secrétaire général du gouvernement, Premier président de la Cour suprême, gouverneur de la Banque d’Algérie, responsable d’organe de sécurité, président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections, chef d’état-major de l’armée, commandant des forces armées et toute autre responsabilité militaire). Le président de la république doit quant à lui posséder la nationalité algérienne d'origine. 

Toute personne appelée à exercer une de ces responsabilités est tenue de présenter une déclaration sur l’honneur dans un délai de six mois.

Cette disposition, introduite dans la nouvelle Constitution il y a un an, avait à l’époque provoqué une polémique en particulier au sein de la diaspora algérienne de Paris à Montréal où se trouve la deuxième plus importante communauté d'Algériens. 

Étoile nord-africaine

« L’Algérie appartient à tous ses enfants qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières et cet infamant article 51 restera gravé dans nos mémoires comme une insulte au passé, un déni du présent et l’hypothèque de l’avenir car qui peut avoir la prétention de se priver d'un vivier de compétences dans un monde de plus en plus dur et concurrentiel ? », avait écrit Chafia Mentalecheta, députée française de la communauté nationale établie à l’étranger, dans le texte d’une pétition demandant l’abrogation de l’article 51, rappelant par ailleurs que c'est en France qu'est née l'Étoile nord-africaine, premier parti pour l'indépendance de l'Algérie.

« Ce qui est demandé à ces Algériens binationaux, c'est de renoncer à leur autre nationalité pour devenir ministre, ambassadeur ou wali [préfet]. Ceux qui voudraient servir ou représenter l'Algérie à de très hauts niveaux de responsabilités, ne doivent avoir de loyauté qu'envers elle et doivent être dégagés de tout lien avec une puissance étrangère », a défendu Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République et ex-Premier ministre.

« Pourtant, si on suit cette logique, un ambassadeur binational, censé défendre les intérêts d’un État et dont on pourrait craindre un éventuelle double allégeance, c’est tout de même plus problématique qu’un ministre d’un secteur non régalien », explique Rachid, étudiant franco-algérien en France à Middle East Eye. « Ce qui prouve que cette mesure est populiste alors qu’on aurait, par exemple, simplement pu prévoir une loi sur la gestion des conflits d’intérêt et gérer en interne, au cas par cas, de renoncer à une nationalité, de ne pas renouveler un passeport, etc... »

Pour Nabila Keramane, ex-conseillère régionale française Europe Écologie Les Verts (EELV), contactée par Middle East Eye, cette mesure n’était « ni urgente, ni opportune ». « C’est à mon sens une manœuvre politicienne qui vise à raviver la fibre nationaliste. Mais sur le principe, je suis contre toute obstruction. »

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