Maroc : les accusés du procès de Gdeim Izik se retirent
Une vingtaine de militants sahraouis, accusés d'avoir assassiné onze membres des forces de l'ordre marocaines en 2010, se sont retirés de leur procès mardi soir, selon l’AFP.
Le procès de Gdeim Izik, du nom du camp de déplacés où ont été tués onze policiers et gendarmes marocains en novembre 2010 près de la ville de Laâyoune, au Sahara occidental sous contrôle marocain, avait repris fin décembre devant une juridiction civile, après un premier jugement devant un tribunal militaire en 2013 au Maroc.
25 Sahraouis avaient été alors condamnés à des peines allant de vingt ans de réclusion à la perpétuité.
Vidéo des événements de Gdeim Izik
Après des contestations d'ONG et des proches des condamnés, l'affaire a été renvoyée devant une juridiction civile, et un nouveau procès se déroule depuis décembre au tribunal de Salé, près de Rabat.
Après une quinzaine d'audiences, les accusés « ont manifesté leur volonté de ne plus y assister », car « ce procès est une farce, marquée par énormément d'irrégularités », a déclaré à l'AFP Hélène Legeay, de l'Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), qui coordonne une partie de la défense des accusés.
« Les avocats se sont eux aussi retirés, et deux avocates françaises qui avaient demandé un temps de réflexion ont été destituées par le président [de la cour] qui a ordonné leur expulsion de la salle. Expulsion faite dans la violence », a affirmé Hélène Legeay.
Selon le procureur général Hassan Daki, cité par l'agence de presse officielle marocaine (MAP), la cour d'appel a décidé de lever la séance devant « l’impossibilité » de poursuivre l’audition des témoins, suite aux « perturbations causées par les accusés ».
Ces derniers jours, les accusés ont « brandi la menace de se retirer » après que plusieurs d'entre eux ont été reconnus par des témoins, a poursuivi Hassan Daki.
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« Par peur de devoir faire face à leurs propres contradictions et aux témoignages accablants, multiples et concordants », les accusés « ont choisi la fuite », a estimé dans un communiqué le bâtonnier Yves Repiquet, avocat des parties civiles.
Mais le procès « se poursuivra jusqu'à son terme et les victimes et leurs familles entendent y avoir aussi leur place », a-t-il ajouté.
La cour a décidé de poursuivre l’examen de l'affaire, et commis d’office quatre avocats pour assurer la défense des accusés, selon la MAP.
Cette affaire, observée à l'international, est très sensible au Maroc avec en toile de fond le dossier du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole contrôlée en grande partie par le Maroc et dont le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, réclame l'indépendance.
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