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Trois femmes disparues après avoir été convoquées par les services de sécurité émiratis

D'après un groupe de défense des droits de l'homme basé au Royaume-Uni, trois femmes sont détenues dans un lieu inconnu par les services de sécurité émiratis à Abou Dhabi
Le prince saoudien Moqren ben Abdelaziz al-Saoud (au centre) et le prince émirati Mohammed ben Zayed (AFP).

Trois femmes émiraties ont disparu après avoir été convoquées pour être interrogées par les services de sécurité des Emirats arabes unis (EAU), selon un groupe de défense des droits de l'homme.

Asma Khalifa al-Suwaidi, Mariam Khalifa al-Suwaidi et Alyazia Khalifa al-Suwaidi n'ont plus été revues depuis leur convocation par les services de sécurité à Abou Dhabi à 16 h (12 h GMT) ce dimanche.

« Urgent. Dangereuse évolution : l'appareil de sécurité des Emirats arabes unis a arrêté trois Emiraties hier à 16 h, dans un lieu inconnu. »
#AbouDhabi #Arrestationcriminellede3Emiraties


Le Centre émirati pour les droits de l'homme, un groupe de pression basé au Royaume-Uni, a indiqué que ces femmes sont des sœurs d'Issa Khalifa al-Suwaidi, ancien directeur de l’administration chargée des services éducatifs dans la zone d’Abou Dhabi, condamné en 2013 à dix ans d'emprisonnement pour sédition.

Issa Khalifa al-Suwaidi a été emprisonné avec soixante-huit autres personnes accusées d'avoir tenté de renverser le gouvernement émirati, lors d'un procès très controversé et critiqué par les groupes de défense des droits de l'homme comme étant injuste et irrespectueux des règles d’un procès équitable. Les accusés, qui étaient pour beaucoup membres d'al-Islah, groupe local affilié aux Frères musulmans, disent avoir été condamnés suite à leur appel pacifique à une réforme démocratique du pays, qui est dirigé par la famille al-Nahyane.

Les autorités ont nié les allégations de torture contre les personnes détenues au cours de ce procès, connu sous le nom de procès des « EAU 94 », en référence au nombre d'accusés dans l'affaire. Les procureurs ont déclaré que les quatre-vingt-quatorze prévenus se sont opposés « aux principes de base du système de gouvernance émirati » et représentaient  une menace pour la sécurité nationale. Soixante-neuf accusés ont été condamnés à des peines allant de sept à quinze ans de prison.

Le Centre émirati pour les droits de l'homme a qualifié d'« arbitraire » la détention des trois femmes à Abou Dhabi et a déclaré que cet acte constitue « une violation des traditions et du droit des Emirats ».

Ces arrestations « ont lieu dans le contexte des violations commises contre les familles des prisonniers afin de forcer les prisonniers et leurs familles à cesser d'exiger leurs droits légaux et de parler des violations dont ils sont victimes », a déclaré le groupe de pression dans un communiqué publié ce lundi, qui appelait également à la libération immédiate des trois femmes.

Les autorités émiraties n'ont pas commenté la détention présumée des trois femmes.

Sur les médias sociaux, un compte Twitter affilié à l'organisation al-Islah a dénoncé un manque de « noblesse » de la part des services de sécurité émiratis et a promis de faire de ces détentions un « scandale ».

https://twitter.com/newbedon/status/567546951559028736

« Deux jours sont passés depuis l’#Arrestationcriminellede3Emiraties et ceux qui sont injustes ne [les] ont toujours pas libérées. Ils font preuve de peu de noblesse car ils ont face à eux un peuple silencieux. Mais le peuple libre des Emirats ne restera pas silencieux. »

https://twitter.com/newbedon/status/567547521363636224

« Vous qui avez procédé à l’#Larrestationcriminellede3Emiraties, nous vous promettons que nous ferons de cette affaire un scandale retentissant qui révélera au grand jour la fausseté des slogans que vous continuez de répéter dans les forums internationaux. »

https://twitter.com/newbedon/status/567548500863627265

« Les lignes rouges resteront rouges et nous ne prendrons pas cela à la légère. #lesfemmeslibresdesémirats sont la première de ces lignes rouges, à laquelle toute personne ayant une estime de soi ne renoncera pas. » #Larrestationcriminellede3Emiraties

Nasser ben Ghaith, économiste émirati qui a été brièvement emprisonné en 2011 pour avoir signé une pétition appelant à la démocratie aux Emirats arabes unis, s'est également exprimé sur Twitter, invitant les autorités à respecter les traditions arabes en « honorant les femmes ».
 

« Une des vertus anciennes des Arabes consiste à respecter les femmes et à ne pas porter atteinte à l'honneur d'autrui lors d’une dispute. Nous en avons tellement besoin aujourd'hui. »
 

Traduction de l'anglais (original).

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