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Un journaliste américain dénonce le « conte de fées » de la mort de ben Laden

L’administration Obama et les hauts gradés de l’armée pakistanaise avaient un plan pour « assassiner » Oussama ben Laden au Pakistan, d’après Seymour Hersh
Le leader d’al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans une vidéo publiée le 7 mai 2011 par le département américain de la Défense (DoD) (AFP/DoD)

LONDRES – Un journaliste d’investigation américain  a révélé que l’administration Obama et les hauts gradés de l’armée pakistanaise ont « assassiné » Oussama ben Laden dans la ville de garnison pakistanaise d’Abbottabad en mai 2011 selon un plan établi d’un commun accord.

Dans un article publié sur le site internet de la London Review of Books ce dimanche, Seymour Hersh affirme que ben Laden était en réalité détenu en captivité par le service de renseignement militaire pakistanais, l’ISI, depuis 2006 et jusqu’à sa mort en 2011.

Hersh prétend qu’au lieu du supposé échange de feu héroïque ayant conduit à la mort du leader d’al-Qaïda, les forces de commando de la marine américaine ont abattu ben Laden alors qu’il était probablement un vieillard infirme et non armé.

En outre, les agences de renseignement des Etats-Unis, la CIA et la NSA, n’auraient pas localisé ben Laden en suivant la trace de ses messagers durant des mois de travail acharné, mais grâce à un ancien officier du renseignement pakistanais qui aurait révélé sa présence au Pakistan à un espion américain en échange d’une prime de plusieurs millions de dollars.

Il apparaîtrait aussi que le chef de l’armée pakistanaise de l’époque, le général Kayani, et le directeur de l’ISI, le général Pasha, auraient donné leur accord au raid d’Abbottabad afin que se poursuive le programme d’aide militaire au Pakistan.

« Cela n’a pas pris longtemps pour obtenir l’accord dont nous avions besoin, car les Pakistanais voulaient garantir la continuation de l’aide militaire américaine, dont une bonne partie consiste en des fonds dédiés à la lutte contre le terrorisme qui financent [des dispositifs de] sécurité personnelle, comme les limousines pare-balles, les gardes et les logements des dirigeants de l’ISI », selon un ancien officier à la retraite cité par Seymour Hersh.

Ce dernier indique que sa source a ajouté qu’« il y avait aussi des ‘’encouragements” personnels secrets financés par des fonds de prévoyance officieux du Pentagone. La communauté du renseignement savait ce dont avaient besoin les Pakistanais pour accepter – c’était la carotte. Et ils ont choisi laquelle. C’était du gagnant-gagnant ».

L’article mentionne que « la Maison Banche continue de maintenir que la mission était exclusivement américaine » - ce qui, selon Hersh, est un mensonge effronté.

« La version de la Maison Blanche aurait pu être écrite par Lewis Carroll [l’auteur d’Alice au pays des merveilles] », résume Hersh. « Ben Laden, la cible d’une chasse à l’homme d’envergure internationale, pouvait-il vraiment penser qu’une station touristique située à 65 kilomètres d’Islamabad pouvait être l’endroit le plus sûr pour vivre et diriger les opérations d’al-Qaïda ? ».

Seymour Hersh indique aussi que la dépouille de ben Laden n’a pas été jetée à la mer comme l’ont prétendu les représentants du gouvernement américain mais probablement enterrée quelque part en Afghanistan.

Le « mensonge le plus fragrant », a déclaré Hersh à la CNN, consiste à dire que les « deux commandants les plus importants de l’armée pakistanaise - Kayani et Pasha – n’avaient pas été informés à l’avance du raid des Etats-Unis sur le complexe où se trouvait ben Laden ».

La Maison Blanche a rejeté ces allégations, rétorquant qu’elle n’est pas la seule à « constater que l’article est fourré d’inexactitudes et de contre-vérités. L’ancien vice-directeur de la CIA, Mike Morell, a déclaré que chaque phrase était fausse », a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, pendant une conférence de presse. 

Seymour Hersh a remporté de nombreux prix pour son travail de journalisme d’investigation, dont un prix Pulitzer, cinq prix George Polk et deux prix du National Magazine.

Il a cependant été critiqué pour son usage de sources anonymes.

Seymour Hersh s’est fait connaître en 1969 en révélant un massacre perpétré par les troupes américaines dans le village vietnamien de My Lai, au cours duquel entre 300 et 500 civils non armés avaient été tués.
 

Traduction de l’anglais (original).

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