Une députée égyptienne soutient l’interdiction du voile « juif » couvrant le visage
Une députée égyptienne a déclaré qu’elle soutiendrait une interdiction du voile couvrant le visage dans son pays, décrivant le port de ce voile comme une « pratique juive ».
Amina Nasir, professeure de philosophie islamique à l’Université al-Azhar du Caire et membre du parlement égyptien, a été approchée par un autre député pour obtenir des conseils sur le lancement d’un projet de loi visant à interdire le voile couvrant le visage, connu sous le nom de niqab.
Mardi, Nasir a déclaré au site al-Watan qu’elle soutiendrait un tel projet de loi, qui devrait être proposé par un membre de la coalition Support Egypt, un parti proche du président Abdel Fattah al-Sissi.
D’après Amina Nasir, le fait de couvrir le visage est à l’origine une tradition juive qui a été reprise par des tribus arabes avant l’adoption de l’islam et ne figure pas dans l’Écriture islamique.
Cependant, a-t-elle indiqué, la raison principale de son soutien au projet de loi serait « le maintien de la sécurité », dans la mesure où « le fait de couvrir le visage est source d’incertitude » ; elle a ainsi souligné des exemples d’hommes qui se sont servis du voile couvrant le visage pour commettre des crimes et participer à des manifestations.
L’idée que des députés puissent discuter d’une interdiction du voile couvrant le visage a suscité la colère du député Atif Mukhalif, membre de la commission des droits de l’homme du parlement.
« Toute personne a le droit de porter ce qu’elle souhaite, que ce soit un niqab ou une mini-jupe », a déclaré Mukhalif au site d’information Sada al-Balad.
« Cela ne va pas à l’encontre de la sécurité nationale de l’Égypte. »
Si le fait de couvrir ses cheveux en public est répandu chez les femmes en Égypte, un pays à majorité musulmane, le niqab reste toutefois assez rare.
Bien qu’aucune interdiction de son port ne soit actuellement en vigueur, les institutions privées ont imposé des restrictions au cours des dernières années.
En février, l’Université du Caire a interdit le voile couvrant le visage aux médecins et aux infirmières dans les écoles de médecine et les hôpitaux universitaires, invoquant « les droits et les intérêts des patients ».
En 2009, l’Université al-Azhar, une des plus grandes écoles de l’islam sunnite, a suscité la controverse en interdisant aux étudiantes de porter le voile couvrant le visage dans les classes et dortoirs réservés aux filles.
Des érudits d’al-Azhar ont également salué la tendance observée dans les pays européens qui imposent des interdictions du voile couvrant le visage – l’ecclésiastique d’al-Azhar Abdel Muti al-Bayyumi a applaudi l’interdiction du niqab en France en 2010, affirmant que les femmes qui portaient ce voile en France ne véhiculaient pas une bonne image de l’islam.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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