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Israël forme « le gouvernement le plus à droite de son histoire »

Avigdor Lieberman, un homme politique d’extrême-droite qui a appelé à décapiter les Palestiniens, occupera le poste de ministre israélien de la Défense
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou discute avec l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman (AFP)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a conclu un accord avec un parti nationaliste radical pour que celui-ci rejoigne son gouvernement, ont annoncé ce mercredi les négociateurs, formant ce qui est considéré comme le gouvernement le plus à droite de l’histoire de la nation.

Selon l’accord, Avigdor Lieberman et son parti Israel Beytenou se joindront à la coalition de Netanyahou en ajoutant cinq législateurs à sa majorité parlementaire auparavant très mince.

Lieberman, qui a envisagé des mesures sévères contre les « terroristes » palestiniens, est en passe de prendre le poste clé de ministre de la Défense.

Le ministre du Tourisme Yariv Levin, négociateur pour le parti Likoud de Netanyahou, a déclaré à la radio publique que l’accord avait été conclu, tandis que le porte-parole de Lieberman a confirmé l’information à l’AFP.

Lieberman, une figure politique de longue date qui a déjà servi en tant que ministre des Affaires étrangères, vit dans une colonie en Cisjordanie occupée.

La démarche qui a abouti à la remise du ministère de la Défense à ce partisan de la ligne dure a suscité une profonde inquiétude chez des personnalités politiques israéliennes de centre et de gauche ainsi que chez certains des collègues de Netanyahou au Likoud.

Les nationalistes religieux du parti Foyer juif détiennent déjà des postes ministériels clés au sein du gouvernement de Netanyahou.

Moshe Ya’alon, un membre du Likoud qui a démissionné vendredi de son poste de ministre de la Défense et qui a également officié en tant que chef des forces armées, a mis en garde contre une montée de l’extrémisme au sein de son parti et du pays dans son ensemble.

Ehud Barak, ex-Premier ministre et ex-ministre de la Défense travailliste, est allé encore plus loin en déclarant que le gouvernement d’Israël « a été infecté par les germes du fascisme ».

D’autres affirment cependant que Lieberman est avant tout un homme politique pragmatique qui aspire à devenir un jour Premier ministre et soulignent également qu’il devra faire face à l’opposition de l’appareil de sécurité s’il cherche à mettre à exécution certaines de ses idées les plus controversées.

Son style provocateur a récemment été illustré à travers des propos adressés à Ismaël Haniyeh, le chef du Hamas dans la bande de Gaza.

Lieberman a annoncé qu’il donnerait à Haniyeh 48 heures pour restituer deux civils israéliens détenus et les corps des soldats tués lors de la guerre de 2014, faute de quoi « on vous élimine[rait] ».

En 2001, Lieberman, ancien videur de boîte de nuit, a préconisé de bombarder le barrage d’Assouan en Égypte, accusant le voisin arabe d’Israël de soutenir un soulèvement palestinien.

Peine de mort et retraites

L’accord conclut de façon stupéfiante plusieurs semaines de spéculations sur les efforts déployés par Netanyahou pour élargir son gouvernement, qui détenait seulement 61 des 120 sièges au Parlement depuis les élections de mars 2015.

Netanyahou avait engagé auparavant des négociations avec le leader du Parti travailliste Isaac Herzog pour l’inviter à rejoindre son gouvernement avant de se tourner à la place vers Lieberman.

En plus de nommer Lieberman au poste de ministre de la Défense et un autre membre de son parti à celui de ministre de l’Absorption des migrants, le gouvernement a accepté d’allouer environ 1,4 milliard de shekels (environ 325 millions d’euros) aux pensions de retraite des seniors israéliens.

Né dans l’ancienne République socialiste soviétique de Moldavie, Lieberman a sollicité cet arrangement au profit des migrants originaires de l’ex-Union soviétique, sa principale base de soutien électoral.

« Il s’agit de deux questions majeures qui sont importantes aux yeux de notre électorat et ce sont des progrès significatifs », a indiqué le porte-parole de Lieberman à l’AFP.

Lieberman a également poussé le gouvernement à instituer la peine de mort pour les « terroristes » palestiniens, mais a retiré cette exigence lors des pourparlers.

Une version édulcorée aurait été convenue, ce qui selon les analystes ne devrait pas changer de façon significative la politique actuelle. La peine capitale n’a pas été appliquée en Israël depuis 1962.

Netanyahou a cherché à apaiser les craintes suscitées par la nomination attendue de Lieberman, qui a précédemment appelé à décapiter les Palestiniens « infidèles » ; le Premier ministre a ainsi déclaré qu’il continuerait à rechercher la paix avec les Palestiniens et à superviser les politiques du ministère de la Défense, qui comprennent le contrôle de la Cisjordanie occupée.

Les négociations avec les Palestiniens sont à l’arrêt complet depuis qu’une initiative menée par les États-Unis a échoué en avril 2014.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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