Syrie : la milice soutenue par les États-Unis célèbre sa victoire contre l’EI à Tabqa
Un jour après la libération de la ville de Tabqa, en Syrie, et du barrage avoisinant du contrôle du groupe État islamique (EI), les combattants et les civils célébraient leur victoire.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis, ont marqué l’une de leurs plus grandes victoires contre l’EI tandis que la controverse autour de la décision américaine d’armer les combattants kurdes de l’alliance s’intensifie.
Les Unités de protection du peuple, les YPG, le plus grand groupe au sein des FDS, a posté jeudi une vidéo montrant une demi-douzaine de combattants et d’enfants en train de danser à Tabqa.
Traduction : « Une belle photo des commandants sur le barrage de Tabqa libéré. Des visages joyeux et des grands sourires »
Une autre vidéo montrait un groupe d’enfants en train de s’exclamer tout excités : « Le barrage a été libéré ! »
Les FDS menaient des opérations de déminage jeudi matin, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), avant d’avancer vers la capitale, de fait, de l’EI en Syrie, Raqqa.
« Les FDS ont pu se déployer sur le barrage au cours de la nuit », a déclaré le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahman.
« Les civils n’ont toutefois pas pu rentrer dans certaines zones de Tabqa à cause des explosifs laissés par l’EI », a-t-il ajouté.
Située sur le fleuve Euphrate à environ 55 kilomètres en amont de Raqqa, Tabqa est un lieu stratégique dans l’opération pour reprendre la capitale.
Les FDS ont repris de larges parties du territoire au nord de Raqqa lors de l’opération Colère de l’Euphrate, et les forces ont réussi à se rapprocher jusqu’à huit km de la ville.
Les FDS cherchent désormais à resserrer l’étau avant l’assaut final.
L’offensive a été soutenue par des bombardements aériens effectués par la coalition menée par les États-Unis, ainsi qu’une coalition de conseillers militaires au sol.
Barrage de Tabqa : l’évaluation des dégâts
La bataille pour Tabqa a été marquée par les craintes que les dommages infligés par les combats au barrage – le plus grand de Syrie – puissent causer une inondation catastrophique.
Les techniciens ont fui le barrage tandis que les combats se sont intensifiés ces derniers jours, a déclaré à l’AFP une source qui travaille en étroite collaboration avec eux.
Ce jeudi, une équipe de réparation se tenait prête, dans l’attente de l’autorisation des FDS pour entrer et évaluer les dégâts causés à la structure.
Les FDS sont dominées par les Unités de protection du peuple (YPG), considérées par les États-Unis comme des alliés indispensables dans leur combat contre l’EI, mais comme un « groupe terroriste » par la Turquie.
Le soutien américain aux YPG
Ces derniers jours, Washington a augmenté son soutien aux YPG, en annonçant qu’elle allait armer les combattants kurdes, en rupture avec la stratégie précédente qui consistait à seulement armer les combattants arabes des SDF.
Ce geste a rendu Ankara, alliée de l’OTAN, furieuse.
La coalition menée par les Américains a déclaré qu’une première cargaison d’armes était déjà en place pour une livraison et qu’elle devrait être distribuée aux Kurdes « très rapidement. »
Parmi ces armes figurent des armes de gros calibre à utiliser contre des camions piégés, des mortiers, de petites armes et des munitions, mais aussi des véhicules blindés et de l’équipement pour détecter les mines, énumère le porte-parole de la coalition, John Dorrian.
« La moindre arme qui nous a été fournie par notre partenaire, nous essayons d’en tenir compte, et de nous assurer qu’elles sont bien pointées vers l’EI », ajouta-t-il.
La colère turque et l’« erreur » américaine
Mais les assurances données par Washington n’ont pas convaincu Ankara, qui regarde les YPG comme le bras syrien du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui depuis 1984, mène une insurrection mortelle en Turquie.
« Les YPG et le PKK sont tous les deux des groupes terroristes, il n’y aucune différence entre eux. Ils ont seulement des noms différents », a relevé le ministre des Affaires étrangère turc Melvut Cavusoglu.
La bagarre autour de l’armement des Kurdes syriens a empoisonné les liens entre les alliés de l’OTAN sous Obama, et Ankara avait souhaité que la relation s’apaise avec l’administration de Donald Trump.
La question doit dominer les discussions entre les présidents Recep Tayyip Erdoğan et Trump la semaine prochaine, lors de la première rencontre entre les chefs d’État.
« J’espère vivement que cette erreur sera immédiatement revue », a déclaré Erdoğan ce jeudi.
« J’exprimerai personnellement nos inquiétudes de manière détaillée quand nous parlerons avec le président Trump le 16 mai », a-t-il ajouté en précisant qu’il soulèverait aussi cette question lors du prochain sommet de l’OTAN le 25 mai.
Traduit de l'anglais (original).
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