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Syrie : un cessez-le-feu fragile et contesté a commencé

L'accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis et la Russie est entré en vigueur ce lundi. Mais la Russie a déclaré qu'elle continuerait à cibler certains groupes et l'opposition syrienne demande des garanties
Combattants rebelles à Kuneitra, sur le plateau du Golan (Reuters)
By MEE

Alors que le cessez-le-feu en Syrie est entré en vigueur ce lundi soir, des violations mineures à l’accord négocié entre les États-Unis et la Russie ont été rapportées.

Selon Zouhir al-Shimale, le collaborateur de Middle East Eye, actuellement à l’est d’Alep, une zone tenue par les rebelles, les armes se sont tues depuis le début du cessez-le-feu. Après que la trêve soit annoncée, il y a toutefois eu une attaque au gaz (non mortel) dans les quartiers nord de la ville.

Des témoignages non vérifiés ont aussi affirmé que des combats continuaient dans certains quartiers d’Alep, et cela, sans que l’on sache clairement quelle partie poursuivait les attaques.

Des groupes d’humanitaires, stationnés du côté turc de la frontière, ont déjà annoncé leur déploiement en raison de l’incertitude persistante.

La journée de lundi a été relativement calme à Alep et à Idlib, qui ont subi ce week-end d’intenses bombardements dont le dernier bilan fait état de 100 morts parmi les civils, dont 58 personnes tuées lors d’un raid sur le marché d’Idlib samedi.

Traduction : « À ce stade, le cessez-le-feu est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine – les combats continuent à Alep et Hama, des groupes armés ne se sont pas encore officiellement engagés dans le cessez-le-feu »

Traduction : « Des gens à Alep font état de tirs autour de Costello Road en dépit du cessez-le-feu – une route stratégique très disputée, importante pour l’accès de l’aide humanitaire »

Ce lundi, la Russie a déclaré qu’elle continuerait à cibler les « groupes terroristes » pendant le cessez-le-feu, notamment Fateh al-Sham (anciennement le Front al-Nosra affilié à al-Qaïda) et le groupe État islamique (EI).

La télévision d’État syrienne a aussi prévenu que pendant l’armée observerait le cessez-le-feu, et gèlerait ses opérations militaires pendant sept jours, elle se réservait le droit de « répondre » aux hostilités.

La collaboration de Fateh al-Sham avec d’autres groupes rebelles a été un point de désaccord et a conduit à la rupture du cessez-le-feu en février dernier. La Russie avait alors continué à bombarder les rebelles qu’elle considérait du même côté que le Front al-Nosra.

« Cibler le groupe Fateh al-Sham en le traitant différemment des milices chiites soutenues par l’Iran, et nous inciter ou s’attendre à ce que nous acceptions le texte [l’accord de cessez-le-feu] dans son ensemble alors qu’il prévoit, entre autres, de les bombarder, va créer de nombreux problèmes internes. Et c’est déjà ce qui est en train de se passer sur le terrain, il y a beaucoup de tensions », a expliqué une source de l’opposition à l’agence Reuters.

« Nous voulons éliminer toute possibilité de confrontation interne en déclarant de manière claire que nous ne sommes pas d’accord et que nous n’appuyons pas l’idée de cibler Fateh al-Sham, parce que l’autre bord comprend aussi des groupes qui remplissent les critères de désignation [« terroriste »] mais agissent librement sous couverture en Syrie. »

Traduction : « Un #cessezlefeu de 48 heures commence à #Alep en #Syrie »

La plupart des groupes armés d’opposition en Syrie ont annoncé qu’ils se conformeraient au cessez-le-feu négocié entre les États-Unis et la Russie. Mais ils ont ensuite demandé certaines « garanties » avant de donner leur aval à l’accord.

« Nous voulons savoir quelles sont les garanties », a déclaré Salem al-Muslet, porte-parole du Haut comité des négociations (HCN) qui regroupe des factions de l’opposition à la fois politiques et militaires.

« Quelle est la définition qui a été adoptée pour ‘’terrorisme’’ et quelle serait la réponse en cas de violation du cessez-le-feu ? Nous demandons des garanties, en particulier de la part des États-Unis, partie prenant dans cet accord ».

Les termes de l’accord stipulent que si la paix tient sept jours, les forces aériennes syriennes seraient écartées, et Moscou et Washington se rapprocheraient pour combattre les groupes comme l’EI et Fateh al-Sham.

Poutine et Obama en marge du G20 à Hangzhou le 5 septembre 2016 (AFP)

« De notre point de vue, c’est la même chose que d’habitude », a souligné la source de l’opposition, ajoutant que la façon dont les États-Unis et la Russie allaient coopérer en ciblant les combattants proscrits n’est pas claire. Et d’ajouter : « Les groupes armés continueront à fonctionner avec Fateh al-Sham parce qu’il est impossible de distinguer les forces qui combattent côte à côte. »

Dans une déclaration sur YouTube, Ali al-Omar, le leader de Fateh al-Sham, a déclaré que cet accord servirait seulement à « renforcer » le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad et à « augmenter les souffrances » des civils.

« Les gens ne peuvent pas accepter des moitiés de solutions », a prévenu Ali al-Omar dans une vidéo marquant le début de la fête musulmane de l’Aïd el-Adha.

« L’accord entre les Russes et les Américains va transformer en fumée tous les sacrifices et toutes les victoires de notre peuple. Il va seulement servir à renforcer le régime et à encercler militairement la révolution. »

Omar a aussi rejeté la partie de l’accord dans lequel Washington est supposée convaincre les combattants de l’opposition principale à rompre leur alliance avec Fateh al-Sham.

Bachar al-Assad a quant à lui un peu plus exaspéré les divisions en déclarant qu’il continuerait à combattre jusqu’à reprendre entièrement le pays, quelques heures avant que l’accord entre les Russes et les Américains soit annoncé.

« Les forces armées continuent leur travail, inéluctablement et sans hésitation, sans prendre en considération les circonstances internes ou externes », a-t-il déclaré.

Traduit de l'anglais (original).

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