La communauté juive d’Israël divisée au sujet de l’avenir du complexe al-Aqsa
Tout comme cela a été le cas dans le passé, la crise qui secoue actuellement Israël et la Palestine s’est concentrée d’une certaine manière sur ce qui a été qualifié de « propriété la plus recherchée au monde » : le mont du Temple ou complexe al-Aqsa.
Site le plus sacré du judaïsme et troisième lieu saint de l’islam, il reste sous souveraineté israélienne et sous la garde arabe depuis la fin de la guerre des Six Jours, en 1967.
La crise récente – qui a commencé lorsque la police israélienne a tenté de contenir des affrontements entre fidèles juifs et palestiniens sur le mont du Temple/al-Aqsa, et qui a abouti à des jets de grenades assourdissantes à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa puis à des restrictions concernant l’entrée des musulmans dans le lieu saint – a fait resurgir un autre dilemme au sujet des visites au mont du Temple, cette fois-ci au sein de la communauté juive ultra-orthodoxe.
Alors que beaucoup de membres de la communauté ultra-orthodoxe, aussi appelés haredim, préfèrent s’en tenir à l’interdiction religieuse de se rendre au mont du Temple, d’autres sont attirés par un idéalisme nationaliste-religieux et la réalisation du vieux rêve de voir un troisième Temple juif sur le site.
« Selon les préceptes religieux juifs non messianiques, les juifs ont l’interdiction de se rendre dans le complexe et doivent se contenter de prier au mur », a écrit Sefi Rachlevsky le 15 octobre dans le journal Haaretz. « Il n’y a pas d’alternative. Pas même pour l’extrême-droite non messianique. »
La communauté juive affirme que le site était autrefois l’emplacement de deux temples juifs construits il y a plus de deux mille ans ; celui-ci est donc considéré comme le lieu le plus saint du judaïsme, tandis que le Mur des Lamentations, l’un des derniers vestiges du second temple, est devenu un lieu saint important de la religion juive. Cette affirmation est contestée par les Palestiniens ainsi que par les musulmans.
Dans la mesure où il n’y a actuellement pas de temple sur le site, qui abrite les deux lieux saints islamiques que sont la mosquée al-Qibly (au dôme argenté) et le Qobbat as-Sakhra (Dôme du Rocher), les hauts dirigeants du rabbinat d’Israël se sont accordés sur le fait que l’entrée de juifs sur le site est interdite par les Écritures. Il y a même une pancarte au-dessus de l’entrée qui indique :
« Annonce et avertissement : en vertu de la loi de la Torah, l’entrée dans le secteur du mont du Temple est strictement interdite en raison de son caractère sacré. »
Toutefois, certains éléments au sein des groupes rabbiniques ont appelé à une accentuation de la présence juive sur le mont du Temple. Le rabbin Shmuel Eliyahou, grand rabbin de Safed, a appelé à la construction d’un autel sur le mont du Temple et déclaré en outre que les Arabes « occupent le mont du Temple » et sont « libres de retourner en Syrie ». Alors qu’il était candidat au poste de Grand Rabbin sépharade d’Israël en 2013, le procureur général israélien l’avait appelé à retirer sa candidature après ce qui avait été jugé comme des déclarations « anti-arabes ».
D’autres encore préconisent une adhésion stricte aux restrictions halakhiques (religieuses) quant à l’entrée sur le site. Certains sont allés jusqu’à faire pression sur le gouvernement pour obtenir une restriction totale de l’accès des juifs au temple. À la fin de l’année dernière, le rabbin David Yossef, membre du Conseil des Sages de la Torah, a adressé une lettre au Premier ministre Netanyahou, dans laquelle il a qualifié le rabbin Eliyahou et consorts d’« étrange minorité extrémiste qui formule en vain toutes sortes de revendications "messianiques" en se servant de la loi juive ». Il a demandé au Premier ministre d’émettre une restriction pure et simple interdisant toute entrée des juifs au mont du Temple.
Certains juifs, principalement les moins consciencieux, visitent le site assez régulièrement, comme beaucoup d’autres, bien qu’au cours des quinze dernières années, les non-musulmans se soient vu la plupart du temps interdire l’accès (même si une permission peut être accordée par l’Autorité palestinienne). Les manifestations qui ont débordé lors de la dernière vague de violence ont commencé lorsque les fidèles juifs se sont vu imposer des restrictions d’accès au mont du Temple en raison des menaces récentes.
Les groupes qui souhaitent la construction d’un troisième Temple participent depuis longtemps au débat sur le sort du site. L’Institut du Temple organise des visites régulières du site et dispose même d’un musée, situé dans le quartier juif de la vieille ville, juste au-dessus des marches menant au Mur des Lamentations, exposant des objets destinés à être utilisés lorsque le Troisième Temple sortira de terre. Cet organisme à but non lucratif a reçu des fonds publics de la part des ministères israéliens de l’Éducation et de la Culture.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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