Pour Tawakkol Karman, la contre-révolution cible l’Algérie et le Soudan
« La bataille que livrent les contre-révolutions contre le Printemps arabe, mobilisant l’argent du Golfe, la complicité étrangère et les gangs locaux, ne peut qu’échouer ». C’est ce qu’a déclaré le prix Nobel de la paix, la Yéménite Tawakkol Karman, samedi à Istanbul, lors d’une rencontre organisée par sa fondation et la chaîne de télévision yéménite Balqis.
Pour l’activiste yéménite, souvent qualifiée de « mère de la révolution », « quand la jeunesse du Printemps arabe exprimait la nécessité du changement démocratique réelle, certains régimes et États dictatoriaux activaient, publiquement et secrètement, pour revenir en arrière ».
« Les despotes ont parié sur la destruction »
« Les destructions, les ruines et le despotisme qui se propagent au Yémen, en Syrie et en Égypte ne sont que le résultat des politiques de ces régimes hostiles à la démocratie », a-t-elle poursuivi devant un public composé notamment d’artistes, de journalistes, de juristes et de journalistes yéménites vivant en Turquie.
« Des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis craignent la révolution »
- Tawakkol Karman
« Les despotes de notre monde arabe ont parié sur la destruction totale afin que les peuples abandonnent toute aspiration à la démocratie. Mais au moment même où ils ont cru qu’ils contrôlaient tout enfin, un coup venu d’Algérie et du Soudan les a surpris. Les voilà donc aujourd’hui, ces despotes, en train de tenter de s’ingérer dans les affaires de ces deux pays pour transformer leur printemps en automne », analyse Tawakkol Karman.
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Algérie, Soudan : renouveau du Printemps arabe
Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent nuit et jour devant le QG de l’armée à Khartoum. Ils exigent une administration civile pour remplacer les généraux, au pouvoir depuis la chute d’Omar el-Béchir à la suite d’un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre 2018 par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain en pleine crise économique.
Ce dimanche, le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire de transition, s’est entretenu avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au Caire pour son premier déplacement à l’étranger depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir.
Le Conseil militaire de transition est soutenu par le président Sissi, un ancien chef de l’armée et actuellement président en exercice de l’Union africaine (UA). Le Soudan est voisin direct de l’Égypte.
Il y a un mois, Sissi et d’autres dirigeants africains réunis au Caire avaient plaidé pour laisser du temps au Conseil militaire afin de parvenir à une « transition pacifique et démocratique ».
La haine de la démocratie
En Algérie, depuis près de trois mois, des manifestations impressionnantes continuent d’exiger le départ de toutes les figures du système Bouteflika, le président poussé à la démission début avril par une inédite mobilisation populaire.
« Des pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis craignent la révolution, même si elle se déclenche au Mozambique ou dans un État en Amérique du Sud », a déclaré Tawakkol Karman, insistant sur le fait que « les Arabes, gouvernés par des Exécutifs élus, sont capables de développer leurs pays, de défendre leurs ressources, de garantir leur propre sécurité, de défendre ce qu’ils considèrent comme sacré et de profiter des compétences de leurs réfomateurs et de leurs innovateurs, pour leur propre bien et pour celui du monde entier ».
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