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Migrants tués en Libye : l’émissaire de l’ONU dénonce un possible « crime de guerre »

Ghassan Salamé a condamné mercredi le raid aérien contre un centre de détention pour migrants près de la capitale Tripoli
« Le bilan pourrait s’aggraver », a indiqué l’émissaire de l’ONU en Libye, précisant que 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet (Reuters)

Une quarantaine de migrants ont été tués dans un raid aérien nocturne contre leur centre de détention près de Tripoli, une frappe attribuée aux forces de Khalifa Haftar engagées dans une offensive sur la capitale libyenne.

Au moins 70 migrants ont également été blessés dans l’attaque, selon un « bilan préliminaire » fourni à l’AFP par un porte-parole des services de secours, Osama Ali.

Selon un photographe de l’AFP arrivé tôt sur place mercredi, plusieurs corps gisaient au sol aux côtés de restes humains mêlés aux affaires et vêtements des migrants maculés de sang.

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Les services de secours recherchaient d’éventuels survivants sous les décombres, tandis que des dizaines d’ambulances avaient été déployées, selon la même source.

Dans un communiqué, le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU a dénoncé « un crime odieux ». Il a attribué l’attaque au « criminel de guerre, Khalifa Haftar », l’homme fort de l’est libyen qui mène une offensive depuis début avril pour conquérir la capitale.

Le GNA a accusé les forces pro-Haftar d’avoir mené une attaque « préméditée » et « précise » contre le centre.

Cette frappe n’a pas été revendiquée mais des médias pro-Haftar ont fait état mardi soir d’une « série de raids aériens » à Tripoli et Tajoura.

La banlieue de Tajoura, qui compte plusieurs sites militaires appartenant aux groupes armés pro-GNA, est régulièrement la cible de raids aériens des forces pro-Haftar.

Un responsable de l’Armée nationale libyenne, dirigée par Haftar, a toutefois nié que celle-ci ait touché le centre de détention, affirmant que des milices alliées à Tripoli l’avaient bombardée après une frappe aérienne de précision menée par la LNA dans un camp.

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a « condamné fermement » la frappe et réclamé « une enquête indépendante pour s’assurer que les responsables du meurtre horrible de ces civils rendent des comptes ».

« PAS un lieu sûr »

Dans de premières réactions, l’ONU et des ONG ont fait part de leur « effroi ».

Réagissant sur Twitter, le chef du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a porté « trois messages clés : les migrants et réfugiés ne doivent PAS être en détention, les civils ne doivent PAS être des cibles, la Libye n’est PAS un lieu sûr pour un renvoi » des migrants.

« Nous sommes horrifiés par ces morts », a déclaré à l’AFP le porte-parole du HCR, Charlie Yaxley.

Il a évoqué « l’extrême préoccupation » de l’organisation face aux « rumeurs » selon lesquelles le centre servait de « dépôt d’armes ». « Personne ne devrait être renvoyé en Libye actuellement », a insisté Charlie Yaxley.

Médecins sans frontières (MSF) a réagi sur Twitter à « ces effroyables événements » en réclamant « l’évacuation immédiate des réfugiés et migrants enfermés dans des centres de détentions à Tripoli ».

Le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU a attribué l’attaque au « criminel de guerre, Khalifa Haftar » (AFP)
Le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU a attribué l’attaque au « criminel de guerre, Khalifa Haftar » (AFP)

La Libye est l’un des principaux points de départ pour les Africains fuyant la pauvreté et la guerre et cherchant à rejoindre l’Union européenne, laquelle fournit des fonds aux garde-côtes libyens dans le cadre de ses efforts visant à réduire le nombre de personnes traversant la Méditerranée pour rejoindre ses côtes.

Les personnes secourues ou interceptées par les garde-côtes libyens sont renvoyées dans des centres de détention gérés par le gouvernement dans l’ouest de la Libye, dans des conditions que les groupes de défense des droits de l’homme et les Nations unies qualifient souvent d’inhumaines. Ils rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye.

La mission d’appui de l’ONU en Libye (MANUL) a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d’environ 3 500 migrants et réfugiés « en danger dans des centres de détention situés près de zones d’affrontements ».

« Crime de guerre »

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a lui aussi condamné le raid, dénonçant un possible crime de guerre.

« Cet attentat pourrait clairement constituer un crime de guerre, frappant des innocents […] contraints d’échouer dans cet abri par des conditions de vie épouvantables », a-t-il indiqué.

Il a appelé la communauté internationale « à condamner ce crime et à imposer les sanctions appropriées à ceux qui ont mené cette opération en violation flagrante du droit international humanitaire ».

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« Le bilan pourrait s’aggraver », a-t-il ajouté, précisant que 120 migrants étaient détenus dans le hangar quand il a été touché de plein fouet.

Les forces du général Haftar ont promis cette semaine d’intensifier les frappes aériennes contre les forces rivales du GNA, après avoir perdu Gharyan, ville au sud de Tripoli dont le général avait fait son centre opérationnel dans son offensive contre la capitale, à plus de 1 000 km de son bastion de Benghazi (nord-est).

Les deux camps rivaux s’accusent mutuellement de recourir à des mercenaires et de profiter du soutien militaire, notamment aérien, de puissances étrangères.

L’armée de l’air de Haftar, composée principalement d’avions de chasse MiG-21 et MiG-23, a bénéficié du soutien de l’Égypte, de la Russie et des Émirats arabes unis, tandis que la Turquie a récemment envoyé des armes à Tripoli pour stopper l’assaut de l'ANL, selon des diplomates.

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