Poutine sermonne Sissi sur le dossier libyen
« Poutine s’est adressé à Sissi de manière très sèche, allant jusqu’à le violenter verbalement. » La source égyptienne qui s’est confiée au quotidien Al Araby ne donne pas plus de détails sur les propos du président russe lors de son appel téléphonique à son homologue égyptien, mais le ton de la conversation était, apparemment, très raide.
Cet appel, premier contact officiel entre Moscou et Le Caire au sujet de la crise libyenne, précédait la rencontre organisée dans la capitale russe qui devait aboutir à un cessez-le-feu entre le maréchal Khalifa Haftar et le Gouvernement d’union nationale (GNA).
Cet accord ne verra finalement pas le jour, l’homme fort de l’Est libyen ayant quitté Moscou sans signer après avoir d’abord demandé un délai de réflexion jusqu’à mardi matin.
Moscou « poursuit les efforts »
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a constaté l’absence de « résultat définitif » mais a assuré « poursuivre les efforts » avec Ankara, partenaire de Moscou pour parrainer ce processus.
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Selon les sources d’Al Araby, la sécheresse des propos de Poutine envers Sissi reflète un agacement russe provoqué par le positionnement du Caire, plus proche d’Abou Dabi, qui soutient Haftar loin de l’axe russe.
C’est le soutien de l’Égypte et d’Abou Dabi qui aurait donc poussé Haftar à refuser, pour la seconde fois, d’accepter un cessez-le-feu
C’est le soutien de l’Égypte et d’Abou Dabi qui aurait donc poussé Haftar à refuser, pour la seconde fois, d’accepter un cessez-le-feu.
Présence indésirable de Sissi à Moscou
« À la fin de la conversation téléphonique [du 10 janvier], Sissi s’est retrouvé acculé par Poutine, obligé de se montrer positif face aux pressions russes pour obtenir le cessez-le-feu, un processus qui se déroulerait loin des Égyptiens, Le Caire ayant été informé des détails de l’accord prévu mais sans qu’il participe à son élaboration », explique la source égyptienne au quotidien paraissant à Londres.
On apprend aussi qu’Ankara, co-parrain avec Moscou de la rencontre autour de la Libye, ainsi que Fayez al-Sarraj ont refusé la présence de Sissi à la table des négociations.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a directement menacé mardi « d’infliger une leçon » à Khalifa Haftar s’il reprenait ses attaques contre le gouvernement de Tripoli.
Pour Poutine, la présence de l’Égypte aurait aussi nécessité la présence de l’Algérie et de la Tunisie, également en tant que pays voisins concernés directement par la crise libyenne.
« Les responsables égyptiens chargés du dossier libyen voulaient jouer un rôle dans l’application du cessez-le-feu », précise Al Araby, qui affirme que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, soutiens de Haftar, refusaient la version turque du cessez-le-feu, avant que la Russie ne l’impose.
Le projet d’accord soutient l’initiative russo-turque pour la mise en place d’une « cessation illimitée des hostilités » en Libye. Il prône « la normalisation de la vie quotidienne à Tripoli et les autres villes » et l’accès et la distribution « en toute sécurité » de l’aide humanitaire.
Une deuxième chance à Berlin ?
Un autre des points de l’accord prévoyait aussi que la commission militaire mixte (composée des forces de Haftar et du GNA) ainsi que les groupes de dialogue politique entre les deux parties tiendraient leurs premières réunions à Moscou, une manière de bien faire entendre que la Russie pèse de tout son poids dans ce processus de cessez-le-feu.
Une conférence pour la paix en Libye doit réunir le 19 janvier 2020 à Berlin, sous l’égide de l’ONU, les cinq pays membres du Conseil de sécurité, ainsi que l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, l’Égypte, l’Algérie et les Émirats arabes unis.
Depuis le début de l’offensive des pro-Haftar sur Tripoli, il y a neuf mois, plus de 280 civils ont été tués ainsi que quelque 2 000 combattants, d’après l’ONU. Près de 150 000 Libyens ont été déplacés.
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