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Le « report » d’une réunion du conseil d’affaires Maroc-Israël dit tout le malaise de Rabat face à la situation à Jérusalem

Le Maroc ayant exprimé son « rejet catégorique » de « toutes les violations et mesures unilatérales affectant le statut de Jérusalem », le plus important syndicat patronal du pays a reporté une réunion consacrée aux opportunités d’affaires en Israël
Le président de la CGEM Chakib Alj lors de la signature de l’accord partenariat stratégique pour promouvoir les relations économiques et commerciales entre le Maroc et Israël en mars 2021 (Facebook/@caljofficiel)
Le président de la CGEM Chakib Alj lors de la signature de l’accord de partenariat stratégique pour promouvoir les relations économiques et commerciales entre le Maroc et Israël en mars 2021 (Facebook/@caljofficiel)
By MEE

Les répercussions du nouveau déchaînement de violence d’Israël contre les Palestiniens se font sentir jusqu’au… Maroc où, mardi, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a annoncé par un tweet le report d’un webinaire de son conseil d’affaires Maroc-Israël, sans en expliquer les raisons.

Destinée aux entreprises marocaines intéressées par le marché israélien, cette rencontre entre la confédération et des organisations patronales israéliennes devait présenter les secteurs clés de l’économie israélienne, parler climat des affaires et opportunités d’investissement, avait précisé la CGEM dans un courrier adressé à ses membres le 7 mai 2021.

Quant au conseil d’affaires, il avait été mis en place en mars dans le cadre d’un partenariat stratégique pour promouvoir les relations économiques et commerciales et le développement technologique entre le Maroc et Israël, dont les relations diplomatiques ont été restaurées en décembre 2020. 

C’est Donald Trump qui en avait fait l’annonce sur Twitter, expliquant que cette nouvelle normalisation permettait, en contrepartie, la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental

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Lors de la signature de l’accord, le président de la CGEM, Chakib Alj, avait déclaré que la réactivation des relations entre le Maroc et Israël ouvrait des perspectives économiques « très prometteuses, un important potentiel en matière d’échanges commerciaux, mais aussi d’innombrables opportunités d’investissement que les secteurs privés marocains et israéliens peuvent saisir ensemble sur le plan local, régional ou global ».

Le conseil d’affaires bilatéral, présidé par l’homme d’affaires Steve Ohana, que le site d’information Le Desk qualifie d’« influent membre de la communauté juive marocaine », a donc pour mission de « promouvoir la coopération entre les deux secteurs privés, notamment à travers l’échange de missions commerciales, l’organisation d’événements B2B et l’implantation d’entreprises marocaines en Israël et d’entreprises israéliennes au Maroc ».

« Un instrument diplomatique » 

Et les choses se présentaient déjà très bien puisque la Fédération israélienne des chambres de commerce (FICC) avait, selon le site marocain le360, publié une première liste d’opportunités d’affaires dans les secteurs de l’équipement, de l’informatique et de la communication, des infrastructures, de l’eau, des énergies renouvelables, des biens de consommation et de l’agro-industrie. 

Problème : lors de la réunion urgente du conseil exécutif de la Ligue arabe consacrée à l’examen de la situation à Jérusalem, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita a exprimé le « rejet catégorique du Royaume du Maroc de toutes les violations et mesures unilatérales affectant le statut juridique de [Jérusalem] et les droits légitimes du peuple palestinien frère à réaliser ses aspirations à la liberté et à l’indépendance ».

Or, comme une source l’avait expliqué à Middle East Eye en novembre 2019, « la CGEM est loin d’être indépendante. C’est un instrument économique du Palais ». 

Le patronat marocain, avant tout au service du Palais
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La démission de Salaheddine Mezouar, ex-président de la CGEM en octobre 2019, une dizaine de minutes après un communiqué du ministère des Affaires étrangères le recadrant sévèrement pour avoir exprimé un avis sur le soulèvement populaire en Algérie, avait à l’époque fait frémir dans les rangs du syndicat patronal. 

« Que le Palais intervienne en catimini dans les affaires du patronat, tous les membres le reconnaissent », écrivait Amine Saadani sur MEE à l’époque. « Mais que la diplomatie réprimande publiquement son président en le poussant à la démission, c’est une première. Le Palais reconnaît ainsi, à demi-mot, que la CGEM, loin d’être indépendante, est un instrument diplomatique. » 

Dans ce contexte, selon un témoignage recueilli par MEE, le report du webinaire n’a rien d’étonnant : « La situation est vraiment embarrassante pour la CGEM mais elle a dû obtenir l’aval du Palais pour le reporter. »

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