Décès de René Vautier, cinéaste perturbateur et anticolonialiste
Auteur de plus de 150 films, emprisonné pour ses idées anticolonialistes, René Vautier est considéré comme le « père du cinéma algérien ».
René Vautier est décédé dans sa Bretagne natale à l’âge de 86 ans (AFP).
Published date: 9 September 2015 13:58 BST
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Last update: 9 years 1 month ago
Le cinéaste radical René Vautier, qui se revendiquait « le réalisateur français le plus censuré », est mort dimanche 4 janvier à l’âge de 86 ans.
Sa femme Soazig Chappedelaine Vautier, également réalisatrice, a indiqué qu’il était décédé à l’hôpital, dans sa Bretagne natale.
Tout au long de sa vie, le contestataire René Vautier s’est opposé avec virulence au colonialisme français. Il est connu principalement pour son film « Avoir 20 ans dans les Aurès » qui raconte la façon dont la guerre d’Algérie a transformé de jeunes conscrits de l’armée française en véritables machines à tuer.
Les conscrits représentaient pendant la guerre de 1954 à 1962 environ 56% des troupes de l’armée française. En 1972, René Vautier leur consacre un film, qui reçoit le prix de la critique internationale à Cannes la même année.
Cependant, comme pour la plupart de ses œuvres, ce film sera cause de conflits avec les autorités françaises.
Un grand nombre de ses films ont en effet été interdits ou condamnés par la classe dirigeante. L’un d’entre eux lui a même valu la prison.
A tout juste vingt ans, il est condamné à un an de prison pour son court-métrage « Afrique 50 », qui dépeint la réalité de la vie quotidienne dans un village d’Afrique de l’ouest. Le film dénonce les crimes perpétrés par l’armée française dans les colonies et le manque de services éducatifs destinés aux populations des colonies françaises. Il est largement considéré comme le premier film français anticolonialiste.
Lorsque René Vautier expliquait sa prise de position, il évoquait le choc ressenti face « au manque de professeurs et de médecins, face aux crimes commis par l’armée française au nom de la France [et] face à l’instrumentalisation des populations colonisées ».
Avant son arrestation, son matériel cinématographique avait été confisqué par les autorités. Mais il réussira quand même à monter le film de 17 minutes à partir de bobines sauvées de la censure.
Il faudra attendre 1990 avant qu’« Afrique 50 », interdit pendant 40 ans, ne soit projeté en France.
En 1973, René Vautier entame une grève de la faim afin d’appeler la commission de censure à cesser d’interférer dans la réalisation de films pour des motifs politiques.
« René Vautier était un cinéaste engagé s’il en fut, à une période où la censure veillait. C’était un juste », a déclaré à l’AFP Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes.
La guerre d’Algérie était le cheval de bataille de René Vautier, qui lui a consacré près d’une douzaine de films. Après la sortie de son œuvre « Une nation, l’Algérie » en 1954, il est considéré comme un traître et poursuivi pour « atteinte à la sécurité nationale ».
Au cours de sa carrière particulièrement riche, René Vautier a réalisé plus de 150 films portant notamment sur le régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud, sur l’environnement, ainsi que sur l’extrémisme de droite dans son propre pays, la France.
Il assura également la formation de toute une génération de cinéastes algériens.
A la veille de l’indépendance algérienne en 1962, René Vautier participa ainsi à la création du Centre audiovisuel national d’Algérie, destiné à former de jeunes cinéastes et techniciens à la réalisation de films.
Il dirigera le centre jusqu’en 1966, année de son retour en France.
Lors de l’hommage qu’elle lui a rendu, la Radio algérienne a décrit René Vautier comme le « père spirituel du cinéma algérien ».
Traduction de l’anglais (version originale).
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