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D’autres ordres d’évacuation pour les habitants de Rafah

Une zone tampon créée à Rafah suite aux attaques survenues dans la péninsule du Sinaï le 24 octobre 2014 va être à nouveau étendue, déplaçant ainsi davantage de résidents
Les habitants de Rafah se rassemblent près des décombres de bâtiments détruits par l’armée égyptienne en novembre (AFP)

Selon un décret publié cette semaine, une zone tampon militaire d’1 km de large dans la ville frontière de Rafah, gouvernorat du Sinaï Nord, va être étendue, déplaçant ainsi les résidents d’au moins trois villages.

Après plusieurs mois de rumeurs quant à une possible expansion de la zone, le Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab a publié lundi un décret ordonnant l’évacuation de nouveaux villages afin de permettre l’élargissement de la zone tampon sur plusieurs kilomètres.

L’extension de la zone tampon advient quelques jours seulement après l’annonce par le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi du maintien de l’état d’urgence dans certaines zones du nord du Sinaï pour trois mois supplémentaires.

En octobre de l’année dernière, l’armée égyptienne avait fait dynamiter puis aplanir au bulldozer les maisons de Rafah sur une superficie de 500 mètres le long de la frontière avec Gaza afin de faire place à la zone tampon. Des centaines de résidents locaux avaient été déplacés.

La zone tampon constituait l’une des réponses du gouvernement à deux attaques perpétrées dans la péninsule du Sinaï le 24 octobre, qui avaient causé la mort d’au moins trente-trois agents des forces de sécurité. Les attaques avaient ensuite été revendiquées par Ansar Beit al-Maqdis, une milice égyptienne qui a fait allégeance au groupe Etat islamique.

En janvier, la superficie de la zone tampon avait été doublée et le gouverneur du Sinaï Nord, Abd al-Fattah Harhour, avait déclaré qu’il serait nécessaire de dégager la totalité de Rafah afin de la compléter. Une nouvelle ville de Rafah serait construite, avait-il ajouté.

Le décret de lundi ordonne l’évacuation d’une zone comprenant les trois villages d’Abou Shinar, Alrosoom et Kouz Abou Ra’ad, ainsi que les zones adjacentes à quatre autres villages. La zone tampon mesure actuellement 1 km de large sur 14 km de long.

« Dans l’éventualité où certains résidents refuseraient de quitter leur domicile de façon pacifique, indique le décret, leurs propriétés – biens immobiliers ou meubles – seront saisies de force. »

En outre, en raison de la poursuite de l’état d’urgence, le couvre-feu en vigueur de 19 heures à 6 heures à Rafah et dans le village voisin de Cheikh Zuwayed va continuer. Il sera toutefois réduit à el-Arish, durant désormais de minuit à 6 heures du matin.

Bien que les responsables de la sécurité égyptiens aient déclaré que ces mesures permettraient d’empêcher l’infiltration de militants et le trafic d’armes depuis Gaza vers le Sinaï, les attaques ont continué dans la péninsule ces derniers mois, pour la plupart revendiquées par Ansar Beit al-Maqdis.

Certains habitants ont déclaré à MEE cette semaine qu’ils pensaient que le véritable objectif de la zone tampon était d’étouffer le Hamas et de détruire les tunnels qui constituent un moyen d’acheminement essentiel de produits importés dans la bande de Gaza sous blocus.

Les groupes de défense des droits de l’homme ont condamné l’évacuation des résidents et la démolition de leurs maisons, et demandé aux autorités de mettre fin au projet.

« Les autorités égyptiennes doivent cesser la démolition arbitraire de centaines de maisons ainsi que les nombreuses évictions forcées qui sont en cours à Rafah, Sinaï Nord, afin de créer une zone tampon le long de la bande de Gaza », avait déclaré Amnesty International en novembre.

A cette époque, les résidents de la future zone tampon avaient indiqué à MEE que les autorités égyptiennes leur avaient offert une compensation initiale d’environ 41,5 dollars, soit l’équivalent de trois mois de loyer.

Or récemment, plusieurs résidents ont informé MEE qu’ils avaient reçu des centaines de milliers de dollars de compensation.

« Aucune somme ne sera jamais suffisante. Aucune compensation financière ne peut nous rendre nos maisons », avaient déclaré une avocate de Rafah, Shaimaa Musallam.


Traduction de l'anglais (original).

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