Les houthis intensifient leur recours aux enfants soldats
Les houthis au Yémen ont intensifié leur recrutement, entraînement et déploiement d’enfants soldats, les utilisant comme éclaireurs, gardes et combattants, a déclaré mardi dans un communiqué l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch.
« Alors que les combats font rage au Yémen, les houthis ont renforcé leur recrutement d’enfants », observe Fred Abrahams, conseiller spécial de Human Rights Watch, dans le communiqué.
« S’ils ne cessent pas d’avoir recours aux enfants soldats, les commandants des houthis et d’autres groupes armés risquent d’être poursuivis pour crimes de guerre », a ajouté Abrahams, précisant que l’exploitation d’enfants pour combattre est une grave violation du droit international.
Ces derniers mois, des rapports en provenance du Yémen indiquent que de nombreux jeunes Yéménites, adolescents ou même plus jeunes, ont été recrutés par les milices pour prendre part aux combats.
Lundi, le Washington Post a publié un article sur un garçon de 15 ans qui avait disparu pendant trois mois avant de réapparaitre comme l’un des mineurs qui, en nombre croissant, combattent dans le pays.
« Des centaines et peut-être même des milliers de garçons prennent part aux combats au Yémen, selon des groupes de défense des droits de l’homme et des travailleurs humanitaires. Beaucoup sont âgés entre 13 et 16 ans », indique le Washington Post.
En mars, Human Rights Watch avait cité le témoignage d’un combattant houthi déclarant avoir « activement recruté des enfants pour les houthis à Amran pendant plus d’un an ».
« Les enfants sans entraînement militaire ne participent pas activement aux combats, mais servent en général de sentinelles ou apportent munitions et nourriture aux combattants du front. Ils sont aussi chargés de récupérer les blessés et les corps des combattants tués et de fournir les premiers secours », a précisé le recruteur.
Plusieurs enfants soldats houthis auraient été blessés en raison de leur implication dans les conflits armés.
Selon le communiqué, les houthis donnent d’abord aux enfants une formation idéologique et religieuse en islam chiite zaïdi pendant au moins un mois, puis un entraînement militaire dans l’une des bases de la milice.
Les enfants, qui apportent leurs propres armes, reçoivent des munitions mais aucun salaire. On leur donne de la nourriture et du khat – une plante à mâcher qui est très consommée au Yémen comme stimulant, ajoute le communiqué.
L’usage d’enfants soldats par les houthis est connu depuis longtemps ; Human Rights Watch enquête sur le sujet depuis 2009.
En novembre 2012, le chef des houthis, Abdul Malik al-Houthi, avait promis d’œuvrer afin de mettre un terme au recours aux enfants soldats par son groupe.
Si les houthis ont accru leur usage d’enfants soldats, ils ne sont pas la seule milice au Yémen à avoir recours à cette pratique.
Outre les houthis, des milices islamistes et tribales et des groupes armés comme al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) ont utilisé des enfants sur le champ de bataille, d’après Human Rights Watch.
Plusieurs experts et journalistes ont confirmé ces informations sur les réseaux sociaux.
Selon l’UNICEF, les enfants soldats recrutés par les houthis et d’autres groupes armés constituent jusqu’à un tiers de la totalité des combattants du Yémen.
Au moins 140 enfants ont été recrutés par des groupes armés entre le 26 mars et le 24 avril 2015, selon l’agence onusienne.
Traduction de l’anglais (original).
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