Maroc : reprise du procès du baiser ; le débat sur les droits des homosexuels fait rage
Le procès des deux hommes arrêtés pour s’être embrassés en public a repris mardi au Maroc, où une série de controverses récentes a relancé dans le royaume le débat sur l’homosexualité.
Au Maroc, être gay est passible de jusqu’à trois ans de prison et la loi controversée – connue sous le nom d’ article 489 – a fait l’objet de plusieurs manifestations, notamment à l’initiative du groupe de militantes féministes Femen.
La semaine dernière, un magazine hebdomadaire a demandé en première de couverture, « Faut-il brûler les homosexuels ? ». Cela a déclenché un tollé, et le magazine a été contraint de retirer de la vente sa dernière édition.
Le procès des deux hommes s’est ouvert vendredi et a incité un groupe de défense à lancer une pétition internationale en faveur de leur libération. Dès mardi après-midi, elle était déjà signée par 70 000 personnes. Le mois dernier, pendant leur concert au festival marocain Mawazine à Rabat, un membre du groupe rock britannique Placebo a protesté contre la criminalisation des homosexuels du pays.
Quand le bassiste Stefan Olsdal s’est présenté en scène, il jouait d’une guitare aux couleurs de l’arc-en-ciel et arborait sur sa poitrine le numéro « 489 », allusion à la loi anti-gay.
Son geste a fait grand bruit sur les médias sociaux, où le guitariste a posté sur son compte Instagram, « l’article 489 condamne l’homosexualité au Maroc. Encore ?! Abolissons-la ! »
Quelques heures plus tôt, deux ressortissantes françaises membres des Femen ont été expulsées du Maroc, pour avoir protesté seins nus au pied de la Tour Hassan à Rabat.
La Direction générale de la sécurité nationale du Maroc a déclaré « qu’elles s’étaient livrées à un spectacle obscène » en s’exhibant « seins nus pour arborer un slogan offensant pour la morale publique ».
« Nous croyons en l’homosexualité »
Des images partagées sur les médias sociaux les ont montrées en train de s’embrasser devant le minaret le plus emblématique de la capitale.
Peinte en lettres noires sur le torse de l’une d’entre elles, figurait cette inscription « Nous croyons en l’homosexualité ».
Dès le lendemain, 1 500 personnes manifestaient contre Femen devant l’ambassade de France à Rabat, mais ce sont ces deux hommes qui ont fait les plus gros titres, après s’être embrassés à l’endroit même où les Françaises s’étaient montrées seins nus.
Le nom des ces hommes et leur photographie ont été rapidement publiés dans les médias locaux, et le procès s’est attiré les critiques des associations de défense des droits humains.
En mars, Human Rights Watch a appelé le royaume à annuler la loi qui fait peser des peines de prison sur les homosexuels.
La semaine dernière, la couverture de Maroc Hebdo montrait deux jeunes hommes, à la piscine, qui se souriaient en se dévorant des yeux, avec en gros titre : « Faut-il brûler les Gays ».
Maroc Hebdo a annoncé sa « décision de retirer son édition des kiosques ainsi que de son site », compte tenu des réactions particulièrement violentes qu’elle avait causées.
Le magazine a déclaré que, « si, bien sûr, l’homosexualité est un droit individuel », mais que le débat sur le sujet ne doit pas offenser les « valeurs morales et religieuses ».
Cette couverture, diffusée préalablement sur les médias sociaux, a immédiatement déchainé les critiques, et certains commentateurs lui ont reproché son caractère « homophobe », alors que ses auteurs protestaient de leur seule intention de lancer le débat.
Un autre hebdomadaire de langue française, Tel Quel, a publié un éditorial donnant à penser qu’il soutenait la dépénalisation de l’homosexualité.
« Les homosexuels ne sont ni des déviants, ni des malades », était-il écrit. « L’amour entre adultes consentants n’est pas un crime ».
- Pour plus d’information : http://www.middleeasteye.net/news/morocco-kiss-trial-resumes-debate-gay-law-rages-714493199#sthash.WAipbYUw.dpuf
Traduction de l’anglais (original) par Dominique Macabies.
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