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Hillary, meilleure amie qu’Obama pour Israël : mission impossible ?

Mises à part les prises de bec d’Obama avec Netanyahou, la promesse de Clinton de soutenir encore plus Israël est juste une tentative d’attirer l’argent des donateurs

La première visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche sous la présidence d’Obama remonte à mai 2009. Au cours des six dernières années, davantage a été écrit sur la relation entre Obama et Netanyahou que sur l’union entre la star de télévision Kim Kardashian et le rappeur Kanye West.

Pensez-vous que je plaisante ? Fox News a même invité une experte en langage corporel pour disséquer leurs signaux non-verbaux pendant la conférence de presse conjointe qu’ils ont donnée en 2011 à la Maison Blanche. « Les yeux d’Obama expriment du mépris pour Netanyahou », avait déclaré la spécialiste, Tanya Reiman, au présentateur Bill O’Reilly.

Quelques mois plus tard, les signaux non-verbaux d’Obama se sont traduits en mots quand un incident à micro ouvert a capturé ce qui était censé être une conversation privée entre Obama et le président français Nicolas Sarkozy. « Je ne le supporte pas. C’est un menteur », avait confié Sarkozy à Obama en parlant de Netanyahou. Non seulement Obama n’avait pas désapprouvé l’attaque ad hominem de son homologue français contre le Premier ministre israélien, mais il avait lui aussi exprimé sa frustration.

« Vous en avez marre de lui, et moi alors ? Je dois me le coltiner tous les jours », avait répondu Obama.

Depuis, le Premier ministre israélien et le président américain ont échangé moult insultes, affronts et rebuffades.

La semaine dernière, Hillary Clinton, la probable candidate des démocrates aux élections présidentielles de 2016, a promis à un groupe de riches donateurs pro-israéliens qu’elle serait une meilleure amie pour Israël que le président Obama.

« La diplomatie n’est qu’une question de relations personnelles, et j’ai mes propres contacts », a déclaré Clinton – suggérant qu’elle utiliserait sa relation avec Netanyahou pour réunir les deux nations.

Mais attendez un instant. Comment ? J’ignorais complètement que les deux nations avaient jamais été séparées. En outre, comment diable Clinton pourrait-elle offrir à Israël une amitié plus puissante que celle d’Obama ?

Certes, Obama pense que Netanyahou est un mytho d’extrême droite. Certes, Obama a un jour embarrassé Netanyahou en quittant une réunion commune pour aller dîner avec Michele et les enfants. Certes, Obama a ignoré la demande de rendez-vous formulée par Netanyahou en 2012 lors de sa visite à New York à l’occasion d’une réunion des Nations unies.

Et pourtant, aucun président américain n’a été un meilleur ami pour Israël que Barack Obama. C’est pourquoi la promesse d’Hillary Clinton d’être une encore meilleure amie d’Israël est juste mission impossible.

On peut d’ailleurs se demander à quoi pourrait bien ressembler un ami encore « meilleur » qu’Obama pour Israël ? La sanctification de plus de colonies illégales israéliennes dans les territoires occupés ? Davantage de vétos américains opposés à l’établissement d’un État palestinien ? Un plus grand accès au stock d’armes des États-Unis ? Une continuation du statu quo ?

Si la réponse à n’importe laquelle de ces questions est oui, alors dites au revoir au « processus de paix », envers lequel Hillary Clinton a pourtant déclaré être totalement engagée. Si la présidente Clinton agit comme une meilleure amie qu’Obama pour Israël, alors il sera impossible de discerner où commence le Likoud et où finit la Maison Blanche.

De façon rhétorique, Obama s’est présenté comme un opposant à la politique israélienne et aux visions fascistes des tenants de l’hyper-nationalisme israélien. Mais en substance, Obama a soutenu vigoureusement les actions israéliennes qui non seulement portent atteinte au « processus de paix » mais anéantissent également la perspective d’une solution à deux États.

« Il semble qu’Obama ait décidé que la meilleure façon pour lui de gérer les infamies d’Israël est l’hypocrisie. D’une main il condamne Israël, et de l’autre il signe un accord pour l’approvisionner en armes », écrit Oudeh Basharat, un éditorialiste du journal israélien Haaretz. « La façon qu’a Obama de punir l’apartheid israélien me donne envie de pécher. »

Certes, Obama a plus d’une fois appelé à un gel de la colonisation à Jérusalem Est et en Cisjordanie. Mais quel président américain ne l’a-t-il pas fait ? Certes, Obama a exprimé son indignation face à la continuation de la colonisation, mais quel président américain n’a-t-il pas exprimé sa frustration face aux efforts continuels d’Israël pour saboter le processus de paix ? « Qui est la p… de superpuissance ici ! », avait hurlé à ses aides un président Bill Clinton frustré par sa première rencontre avec Netanyahou en 1996.

À l’exception peut-être de l’administration hyper pro-israélienne de George W. Bush, pratiquement tous les gouvernements des États-Unis ont exprimé leur frustration vis-à-vis de la bellicosité israélienne.

« Kissinger et Rabin ont eu une altercation animée en 1975 au sujet d’un second accord de désengagement dans le Sinaï. Le président Jimmy Carter et le Premier ministre Menachem Begin ont eu une grave dispute sur la question des colonies pendant le sommet de Camp David. Le président George H.W. Bush croyait que le Premier ministre israélien de l’époque, Yitzhak Shamir, l’avait induit en erreur sur la question des colonies pendant leur première rencontre en 1989, et leur relation ne s’en était jamais vraiment remise. Et le secrétaire d’État James Baker s’était confronté lui aussi à Shamir au cours de la période précédant la conférence de paix de Madrid en 1991 », note Aaron David Miller, qui a travaillé pour plusieurs secrétaires d’État américains dans les années 1988-2003.

Dans chaque cas, cependant, la frustration n’a jamais été traduite en punition. Même quand le Premier ministre israélien a intentionnellement fourré son doigt dans l’œil d’Obama en déclarant lors de la visite en Israël du vice-président Joe Biden qu’il avait l’intention de construire 1 600 nouveaux logements pour des juifs israéliens à Jérusalem Est occupée, il n’a pas été sanctionné.

Des coups de fils coléreux s’ensuivirent, mais Israël a-t-il été puni pour cette flagrante violation du droit international et ce sabotage intentionnel du processus de paix négocié par les États-Unis ? Non. Obama a simplement exprimé sa frustration. Si la présidente Hillary Clinton est une « meilleure amie pour Israël », comment diffèrera sa réponse à de telles insultes ?

Lors d’une conférence de presse donnée le 1er août 2014, en pleine guerre d’Israël contre Gaza, Obama a déclaré que « ce qui se passe là-bas est bouleversant » et qu’« Israël doit en faire plus pour empêcher la mort de civils ». Mais quand Israël s’est retrouvé sur le point d’épuiser son stock d’armes, après les avoir toutes employées contre les zones civiles de Gaza, Obama a accepté sa demande d’accéder aux réserves d’armes que les États-Unis détiennent en Israël depuis les années 90, pour une valeur d’un milliard de dollars. Si la présidente Hillary Clinton est une « meilleure amie pour Israël », comment diffèrera sa réponse à une telle requête ?

En mai 2015, les Nations unies ont cherché à faire adopter un traité de non-prolifération nucléaire qui ferait du Moyen-Orient une zone débarrassée des armes nucléaires. Le traité aurait impliqué l’obligation pour Israël de dévoiler son arsenal nucléaire – chose qu’il refuse de faire. L’administration d’Obama est alors intervenue pour tirer Israël de l’embarras en bloquant le vote. Si la présidente Hillary Clinton est une « meilleure amie pour Israël », comment diffèrera sa réponse quand il faudra à nouveau sauver la face d’Israël ?

Ce même mois, Obama a accueilli également la formation du gouvernement de droite le plus extrémiste de l’histoire d’Israël avec un cadeau de bienvenue d’une valeur d’1,9 milliard de dollars en armes. Le lot comptait « 3 000 missiles Hellfire, 12 000 bombes à usage générique et 750 bombes anti-bunker capables de pénétrer jusqu’à 20 pieds, soit six mètres, dans le béton armé ».

Si la présidente Hillary Clinton est une « meilleure amie pour Israël », empaquettera-t-elle différemment un tel cadeau de bienvenue ?

Clairement, il est impossible qu’Hillary Clinton soit une meilleure amie pour Israël qu’Obama. Elle le sait, et Israël le sait. Ce qu’Hillary sait aussi, c’est qu’elle doit décrocher le soutien des donateurs pro-israéliens si elle veut réaliser son objectif d’obtenir 2 milliards de dollars pour la course à la présidentielle de 2016. En fin de compte, la personne à qui elle promet d’être la meilleure amie, c’est elle-même.

- CJ Werleman est l’auteur de Crucifying America, God Hates You. Hate Him Back et Koran Curious. Il est également l’animateur du podcast « Foreign Object ». Suivez-le sur Twitter : @cjwerleman

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : la candidate démocrate à la présidence et ex-secrétaire d’État américaine Hillary Clinton prononce un discours lors de la conférence de l’Association nationale des élus et hauts fonctionnaires latinos (NALEO) le 18 juin 2015 à Las Vegas, Nevada (AFP).

Traduction de l’anglais (original).

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