L’humanitaire est-il complice de l’occupation de la Palestine ?
La puanteur de l’urine, des déjections et des pneus brûlés remplit l’air tandis que j’ouvre la portière de ma voiture à Kafr Qaddum, au nord de la Cisjordanie, tel un relent de l’affrontement quasi permanent entre colons et soldats israéliens d’un côté, Palestiniens de l’autre.
Prise au piège, la famille Abu Ehab habite une maison de deux étages sur une pente située juste en dessous de la route par laquelle nous sommes arrivés. La famille élève des poules à l’étage et vit au rez-de-chaussée, protégée tant bien que mal des gaz lacrymogènes, des pneus en flammes et des jets de pierres. L’armée israélienne se déplace fréquemment autour de la propriété de la famille Abu Ehab lors des opérations de recherche nocturnes ; parfois, ils entrent dans la maison.
L’odeur vient d’un liquide pestilentiel utilisé par l’armée israélienne pour asperger les manifestants qui se réunissent chaque semaine sur cette route cendreuse. Elle est tellement âcre que l’aîné de la famille vomit désormais à la vue de la nourriture. L’armée utilise également des grenades assourdissantes pour contrer les manifestations. La fille aînée a perdu l’usage d’une oreille après une détonation trop proche de la maison familiale.
« Elle ne pouvait terminer une phrase sans pleurer », me raconte le psychologue de Médecins Sans Frontières qui suit la mère de la famille Abu Ehab. « Aujourd’hui, elle arrive à nous parler de ses peurs sans fondre en larmes. »
Après quinze ans d’activités en Cisjordanie et à Gaza, c’est à ce type d’observation que les équipes de MSF mesurent les progrès accomplis par les patients dans leurs programmes en Cisjordanie et à Gaza, axés principalement sur la santé mentale. Il semble pourtant que ce travail ne permette parfois aux patients rien de plus que d’amortir le traumatisme subi quotidiennement. Ces patients sont des parents d’adolescents incarcérés dans des prisons israéliennes ou palestiniennes, des enfants dont le père, la mère ou les deux parents sont détenus, des familles dans les zones de combat entre colons et Palestiniens (ou entre Palestiniens eux-mêmes), ou encore celles qui subissent les opérations de recherche et autres actions militaires nocturnes de l’armée israélienne.
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Jour après jour, notre personnel observe les conséquences médicales de l’occupation. Toutefois, alors que nous pouvons traiter certains des symptômes de nos patients, nous ne pouvons pas changer les causes sous-jacentes de leur souffrance. Tandis que l’occupation est désormais la norme, nous remettons en question le bien-fondé de notre présence. Tel est le dilemme des travailleurs humanitaires : comment venir en aide aux populations sans faire le jeu de ceux qui sont à la racine de ces maux ?
Au premier anniversaire de la plus récente guerre à Gaza (mais probablement pas la dernière), il faut comprendre que les organisations humanitaires n’ont pas le monopole de ce dilemme. Tous les pays qui cautionnent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et contribuent à l’étendre (en particulier les États-Unis et les membres de l’Union européenne) en la soutenant via l’aide humanitaire ou militaire, ou en fermant les yeux sur la politique et les pratiques d’Israël, ont à s’interroger sur leur part de responsabilité dans le sort réservé aux Palestiniens.
MSF opère depuis plus de quinze ans dans les territoires palestiniens occupés. Nos programmes médicaux et psychologiques donnent un aperçu de la réalité quotidienne des Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza. C’est un voyage qui révèle la dévastation occasionnée par la politique d’occupation, tant ses blocus et ses murs que ses bombardements et raids nocturnes.
Nuits de terreur et violence bureaucratique
Une autre forme de violence psychologique vécue par nos patients est la menace constante de voir leurs proches être enfermés indéfiniment, sans inculpation. Non loin de là, dans la ville de Majd al-Bani Fadil, six enfants vivent seuls. Leurs deux parents ont été arrêtés au cours de la dernière année, m’a expliqué un oncle lorsque j’ai visité leur maison fin avril avec une de nos équipes d’évaluation psychologique. Leur mère a été enlevée au milieu de la nuit il y a douze mois, m’a-t-il raconté, avant d’indiquer qu’elle est depuis détenue, bien qu’aucune peine n’ait été prononcée.
Les enfants ne l’ont pas seulement vue se faire entraîner au-dehors : ils ne savent pas non plus quand elle reviendra. Aujourd’hui, la fille aînée n’arrive plus à se consacrer à ses études, le deuxième fils est sujet à des crises de violence et la cadette se réfugie souvent pour pleurer dans l’ancienne chambre des parents. « Ils n’ont pas d’espoir », a confié leur oncle.
MSF constate à quel point ce type de détention administrative, qui ne nécessite aucune charge contre les personnes incarcérées, décuplent le traumatisme psychologique infligé aux enfants palestiniens. Avec une augmentation de 24 % du nombre de Palestiniens détenus par Israël pour des infractions présumées d’atteinte à la sécurité en 2014, de plus en plus de familles ont été séparées. Selon le Centre d’études des prisonniers palestiniens, le nombre d’ordonnances de détention administrative délivrées par les tribunaux militaires israéliens en Cisjordanie depuis début 2015 a explosé, atteignant 319 cas, contre 51 en 2014.
La présence de l’armée israélienne et son recours à la force sont la principale cause des troubles observés chez les patients en Cisjordanie. D’après une analyse des principaux déclencheurs de la nécessité d’un traitement psychologique chez nos patients, plus de la moitié d’entre eux (52 %) décrivent des opérations violentes de recherche de l’armée israélienne à leur domicile, 42 % évoquent l’incarcération actuelle d’un ou plusieurs membres de leur famille, et 35 % disent avoir été affectés par des violences indirectes, comme des tirs ou des manœuvres d’incursion menées par l’armée israélienne.
Sans surprise, les enfants subissent les effets les plus néfastes. La moitié des 254 patients qui ont reçu des soins en 2014 avait moins de quinze ans, et 25 % avaient moins de dix ans. Tandis que la moitié des enfants que nous rencontrons indiquent souffrir de troubles du sommeil, 34 % d’entre eux souffrent d’anxiété, 28 % éprouvent des difficultés à se concentrer et 21 % font état d’énurésie. Même les psychologues les plus aguerris sont surpris par le degré des traumatismes observés.
Des luttes quotidiennes
Dans certaines parties de la Cisjordanie, les violences sont aussi intimes que prévisibles. Je me suis rendu à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, le 23 avril, jour où les Israéliens célébraient l’indépendance d’Israël tandis que les Palestiniens commémoraient la Nakba, la « catastrophe » lors de laquelle les Palestiniens ont subi des déplacements forcés pour qu’un espace dédié au nouvel État d’Israël soit créé. Les colons avaient recouvert la mosquée centrale d’un drapeau israélien. Le lendemain, un adolescent palestinien a poignardé un policier israélien avant d’être lui-même tué.
Au sommet d’une colline surplombant la vieille ville, j’ai rencontré une patiente prise en charge dans notre programme d’accompagnement. Souffrant de diabète, d’hypertension et d’une mauvaise circulation sanguine, elle multipliait les visites à l’hôpital public depuis plusieurs années. Elle m’a raconté que sa famille vivait ici depuis plus de 70 ans, et est même restée après qu’une colonie a été construite juste devant sa porte, en 1984. En 2003, on lui a imposé l’interdiction d’utiliser cette porte.
Pour se rendre à l’hôpital ou tout simplement pour sortir, elle doit passer par la porte de derrière et traverser un chemin de terre jonché de déchets provenant de la colonie pour rejoindre une ambulance ou sa dernière voiture déjà cabossée (ses cinq précédents véhicules ont été détruits par les colons, explique-t-elle). Pour aller au marché, ce qui prenait autrefois cinq minutes prend maintenant une demi-heure. Alors que ce chemin est inondé lorsqu’il pleut, l’armée israélienne lui a toutefois récemment indiqué qu’elle ne pouvait plus se raccorder au réseau municipal des canalisations.
Malheureusement, les troubles quotidiens qu’elle subit n’ont rien d’exceptionnel. Quelque 170 000 Palestiniens vivent à Hébron, encerclés par environ 500 colons israéliens qui sont protégés par plusieurs milliers de soldats israéliens stationnés dans une ville parsemée de plus de 120 obstacles physiques, dont 18 check-points permanents. Une zone d’environ 20 % de la ville a été désignée comme un territoire où l’armée israélienne peut exercer un contrôle total sur la liberté de mouvement des Palestiniens.
Un chiffre stupéfiant illustre la situation : aujourd’hui, à cause des colonies, des routes secondaires, des postes de contrôle et des déploiements militaires, les Palestiniens ne peuvent vivre que dans moins de 40 %de la Cisjordanie. Pour ne rien arranger, l’espace et la liberté de mouvement des Palestiniens devraient continuer à diminuer. Des projets sont sur pied pour déplacer des communautés de Bédouins vers une zone au nord de Jéricho et pour ouvrir un corridor inaccessible aux Palestiniens qui s’étendrait de Jérusalem-Est à la mer Morte et qui couperait la Cisjordanie en deux.
Alors que je partais, la femme à qui j’ai rendu visite a résumé le surréalisme grandissant de la vie dans les territoires palestiniens. « Je suis déjà allée à Chicago, mais jamais à Gaza », a-t-elle chuchoté à l’oreille de notre interprète.
La détresse des Gazaouis
Elle n’est pas la seule. Les Palestiniens de Cisjordanie ont rarement la permission de se rendre à Gaza. Il est difficile de s’imaginer qu’ils puissent préférer l’état de privation et de siège qui règne à Gaza au leur, mais s’ils avaient la possibilité de s’y rendre, ils auraient l’impression, comme j’ai pu le vérifier moi-même à Beit Hanoun, au nord de Gaza, que la guerre de l’été dernier vient tout juste de se terminer. Aucun des bâtiments pulvérisés par cette campagne de cinquante n’a été reconstruit.
Tandis qu’on continue de parler de la guerre au-delà de la région immédiatement concernée, la majeure partie du débat (mais aussi des rapports fréquents de l’ONU et sur les droits de l’homme) se focalise sur le comportement des soldats et sur la conduite des hostilités par chacun des acteurs en 2014. Aussi importants soient-ils, ces sujets ne sauraient pour autant masquer la détresse qui touche actuellement les civils à Gaza.
Les chiffres relatent une partie de l’histoire de l’impact de la guerre. Selon le gouvernement israélien, 71 Israéliens ont été tués, dont 5 civils. D’après le rapport d’une commission d’enquête indépendante des Nations unies sur le conflit de 2014 à Gaza, 2 251 Palestiniens ont été tués, parmi lesquels 1 462 civils, dont 551 enfants et 299 femmes. Le nombre total de blessés palestiniens atteint 11 231, dont 3 540 femmes et 3 436 enfants.
À cause de la destruction de bâtiments résidentiels, 142 familles palestiniennes ont perdu 3 membres ou plus au cours d’un même incident. Les infrastructures, les transports et les personnels médicaux à Gaza ont été attaqués à de nombreuses reprises. Dix-sept hôpitaux, 56 centres de soins primaires et 45 ambulances ont été endommagés ou détruits. Seize travailleurs du secteur de la santé, tous Palestiniens, ont été tués pendant leur travail.
Si un cessez-le-feu a été signé en août, le nombre de victimes n’a pas fini d’augmenter pour autant. Le 15 mai, plus de 50 personnes ont été blessées lors de la détonation de munitions non explosées dans la ville de Beit Lahia. Alors qu’environ 7 000 bombes non explosées déployées par les deux camps se trouvent encore à Gaza, ce type d’incident a de fortes chances de se reproduire.
Le temps en suspens
Chancelant au sommet de bâtiments à moitié démolis, les Palestiniens en sont réduits à récupérer dans les débris des barres d’armature, des fils de cuivre et tous les autres matériaux qu’ils peuvent utiliser. En raison du blocus israélien, tout ce qu’ils peuvent réutiliser est précieux. Ce blocus a été renforcé en octobre dernier par la fermeture du passage de Rafah au sud et la destruction par l’Égypte des tunnels de contrebande creusés juste en dessous, qui représentaient une planche de salut pour les Gazaouis. Le gouvernement égyptien a rouvert le passage fin juin, uniquement pour le refermer après trois jours. Les matériaux qu’Israël craint de voir être utilisés à des fins militaires (des matériaux dits « à double usage » comme le ciment, des barres d’armature, et même le bois) ne peuvent pas être importés sans l’autorisation expresse de son armée. Ceux qui essaient de construire utilisent du sable pour épaissir le peu de ciment livré à Gaza.
D’autres souffrent de blessures datant de la guerre qui nécessitent des soins de chirurgie reconstructive et de physiothérapie. Une petite fille de huit ans, que j’ai rencontrée dans notre clinique postopératoire de la ville de Gaza, avait pratiquement perdu l’usage de ses pieds et de ses mains après avoir reçu des éclats d’un obus israélien dans le dos. Alors que le nombre de victimes du conflit est, sans surprise, contesté, nous observons toutefois une très nette prédominance d’enfants participant à nos programmes et nécessitant des soins chirurgicaux ou de physiothérapie suite à la guerre. Le nombre de cas de chirurgie reconstructrice est de 300.
Pour ceux qui ont subi une intervention chirurgicale, en particulier les personnes amputées, la physiothérapie est tout aussi importante. Que ce soit à pied ou en fauteuil roulant, ils doivent circuler dans des rues bordées de cratères énormes et de gigantesques blocs de bâtiments éventrés. Et comme les enfants dont les cris se font entendre à travers nos cliniques lorsque leurs blessures sont nettoyées et pansées, ils doivent trouver un moyen de soulager leurs maux, étant donnée l’interdiction de nombreux analgésiques décidée par le Hamas en raison des taux élevés de toxicomanie observés à Gaza.
À quoi bon garder espoir ?
La situation à Gaza est révélatrice des limites difficilement soutenables de l’action humanitaire dans cette situation d’occupation.
Les Gazaouis affichent une forte résistance. Début mai, certains ont même organisé un mini-festival de Cannes au milieu des décombres, mettant en évidence la crise humanitaire à Gaza et dans le monde entier. Mais un enfant de 10 ans a déjà vécu quatre guerres en moyenne. Une nouvelle guerre paraît aussi inévitable que le fil des saisons. À chaque conflit, le bilan s’aggrave : 12 410 maisons ont été totalement détruites en 2014, par exemple, contre 3 425 en 2009.
De cette façon, une sorte de triste normalité s’est installée. Le taux de chômage à Gaza a grimpé à 44 %. Et même si environ 80 % de la population de Gaza reçoit une forme d’aide, 40 % de la population vit dans la pauvreté.
L’inévitable rythme le quotidien. Des roquettes sont une nouvelle fois testées et tirées depuis Gaza vers Israël, suivies d’une réponse foudroyante des Israéliens. Ces violences, résistance pour les uns et terrorisme pour les autres, renforcent l’acceptation d’une politique d’isolement et de séparation entre Israéliens et Palestiniens.
Les infractions mineures sont également à la hausse, tandis que l’étau, naturel et humain, se resserre autour de Gaza. Dans moins d’un an, la mer Méditerranée devrait pénétrer dans le seul aquifère de Gaza et rendre l’eau impropre à la consommation. En outre, les pêcheurs gazaouis sont régulièrement mitraillés par les gardes-côtes israéliens.
Tragiquement, tout cela a lieu sans progrès notable sur le front politique. Par conséquent, l’aide internationale (fournie par exemple par MSF et des pays tels que les États-Unis et le Royaume-Uni) continue de subventionner les coûts et de propager les tactiques de l’occupation. Les fonds internationaux assurent le budget de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et des organisations privées non gouvernementales, qui ensemble apportent un filet de protection sociale suffisant, semble-t-il, pour maintenir la souffrance à un niveau acceptable.
Pourtant, même ce soutien est en danger. Fin avril, une analyse des engagements d’aide pris après la guerre, tirée de statistiques publiées par la Banque mondiale, révélait que seulement 967 millions des 3,5 milliards de dollars promis pour la reconstruction de Gaza étaient arrivés.
Aider et encourager l’occupation
Qu’il s’agisse des incursions nocturnes et des détentions administratives sans chef d’inculpation à Naplouse et dans la région, du labyrinthe de murs et de check-points à Hébron, de la partition de Jérusalem qui prive les villages palestiniens d’accès aux soins, ou du bombardement aérien et du blocus de Gaza, l’occupation revêt de nombreuses formes, toutes immanquablement justifiées en public par le besoin d’assurer la sécurité des Israéliens.
Il s’agit là d’un discours performatif, assumé et alimenté par l’aide internationale et l’échec des processus de paix. Sur la base d’un tel discours, les « progrès » dans le conflit israélo-palestinien ne peuvent donc que se résumer aux jeunes femmes capables de terminer une phrase sans pleurer, aux tonnes de ciment autorisées à entrer à Gaza ou à la facilitation des transferts médicaux de Palestiniens via le poste-frontière d’Erez.
Les craintes israéliennes des tirs de roquettes depuis Gaza sont mises en évidence par le traumatisme lié aux sirènes de raid aérien et à l’obligation de construire un abri dans chaque maison, qui fait désormais partie des normes de construction israéliennes.
La menace perpétuelle d’attaques en Israël via les tunnels fait également naître une angoisse chez les habitants des zones frontalières avec la bande de Gaza.
Mais ces craintes ne peuvent justifier les conséquences médicales et psychologiques dévastatrices des barrières, des postes de contrôle, des campagnes de bombardement, des blocus et des incursions pour les Palestiniens. Ces mesures visant à protéger les Israéliens doivent être examinées aujourd’hui sous l’angle de leurs répercussions humanitaires. Israéliens et défenseurs d’Israël doivent à présent questionner et mesurer les ravages d’une politique atteignant ce niveau de sécurité. Les gouvernements et institutions internationales qui, explicitement ou tacitement, soutiennent cette politique, doivent en faire de même, car la dévastation qu’ils ont causée est indéniable.
L’humanitaire complice ?
Une des questions qui animent MSF, dans les territoires palestiniens occupés comme sur d’autres terrains de conflit, est de savoir si notre action fait plus de bien que de mal aux populations. Dans l’immédiat, nous continuerons de soigner les blessures physiques et psychologiques des Palestiniens, conscients qu’une autre guerre avec Israël n’est peut-être pas loin et qu’un grand nombre de personnes ont besoin d’aide aujourd’hui.
C’est notre rôle, régulièrement remis en cause par nos équipes de terrain, soucieuses de tracer une ligne entre complicité avec l’occupation et refus d’en ignorer les conséquences. Mais jusqu’ici, notre action humanitaire dans les territoires occupés s’est toujours justifiée par les besoins des Palestiniens, pris au piège d’une guerre sans fin.
Depuis quinze ans, notre présence est aussi une façon de protester contre une occupation désormais quasi permanente, sachant que si les épreuves subies par les Palestiniens ne manquent pas, une acceptation internationale de l’inacceptable en représente désormais l’aspect le plus funeste.
- Jason Cone est le directeur général de Médecins Sans Frontières (MSF) aux États-Unis.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Photo : les besoins médicaux restent très élevés, en particulier en termes de soins postopératoires, de rééducation et de santé mentale. MSF soutient l’unité de soins aux brûlés de l’hôpital al-Shifa et dirige une clinique de soins postopératoires dans le centre de Gaza (Joao Laet).
Une version antérieure de cet article a été publiée sur le site web de Médecins Sans Frontières le 7 juillet 2015.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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