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Les nomades d’Iran s’accrochent à un mode de vie en voie de disparition

Malgré les défis croissants de la vie nomade traditionnelle en Iran, une minorité refuse toujours d’y renoncer
Mehrangis a épousé son cousin Mokhtar. Le couple a eu un fils qui est mort il y a trois ans (MEE/Txell Parera)

Mohammad Azadpour vit à Shiraz, une ville du sud de l’Iran célèbre pour ses mosquées et ses bâtiments incroyablement ornés, située à quelques kilomètres du golfe Persique.

Avec ses trois sœurs et quatre frères, Azadpour fait partie de la première génération de sa famille à abandonner le mode de vie nomade, à se sédentariser et à planter ses racines. Ses ancêtres étaient tous des nomades jusqu’à ce que ses parents décident finalement d’installer leur famille à Shiraz, il y a quelques années.

« Ils étaient fatigués de se battre, être nomade était devenu de plus en plus difficile », a-t-il déclaré à Middle East Eye. « Même offrir une éducation à leurs enfants et veiller à ce qu’ils puissent apprendre des choses de base, comme l’alphabet, était compliqué parce que les enseignants venaient des villes et des villages et n’avaient pas l’habitude du mode de vie des nomades. Ils ne pouvaient pas le supporter et les tribus manquaient constamment d’enseignants. »

Aujourd’hui, Mohammad Azadpour travaille dans le secteur du tourisme et tente de trouver un moyen de mettre en œuvre des programmes d’écotourisme dans la région de Shiraz. Pendant son temps libre, il écrit également un livre sur les nomades iraniens.

La population nomade en Iran est actuellement estimée à environ 1,5 million d’individus, mais ce nombre diminue progressivement. En 1986, il y avait 1,8 million de personnes recensées comme nomades. Un des groupes nomades les plus connus est le Kachkaï, qui est une sorte de confédération tribale de différents groupes ethniques.

Mohammad appartient à une famille nomade qui s’est installée il y a quelques années à Shiraz, la principale ville de la région de Fars (MEE/Txell Parera)

Azadpour explique qu’il aime être sédentaire mais ne peut pas briser le lien qui le lie à la vie nomade. Voilà pourquoi il rend parfois une visite à la petite tribu nomade formée par Mehrangis et Mokhtar, un couple de nomades issus d’une tribu perse de la région du Fars appelée Basseri. Mehrangis et Mokhtar se déplacent avec deux tentes. Ils en utilisent une pour dormir et l’autre pour la cuisine et le stockage de leurs biens, y abritant occasionnellement leurs deux chevaux et des agneaux.

Mehrangis et Mokhtar ont deux tentes différentes dans lesquelles ils effectuent leurs différentes activités (MEE/Txell Parera)

De temps en temps, le couple décide d’incorporer des éléments de vie modernes à leur mode de vie bédouin, comme des motos.

Beaucoup de tribus nomades s’adaptent à l’époque actuelle, utilisant par exemple des motos pour se déplacer lors des trajets courts quand ils sont installés (MEE/Txell Parera)

Pendant une partie de l’année, le couple vit près de l’attraction touristique de Persépolis, la ville principale de ce qui fut l’un des plus grands empires de l’Histoire au cours de son âge d’or. La ville était habitée il y a des milliers d’années par le grand roi Xerxès et fut détruite par le roi macédonien Alexandre le Grand, conquérant de l’empire perse.

Mehrangis et Mokhtar ne sont pas entièrement satisfaits de la manière dont ils vivent et ont déclaré à MEE qu’aucun des gouvernements depuis la révolution iranienne n’a apporté aux tribus nomades l’aide dont elles avaient besoin.

« Par conséquent, il semble que notre modus vivendi est destiné à disparaître », affirme Mokhtar.

Comme beaucoup de nomades dans la région, Mokhtar et Mehrangis possèdent deux types d’animaux. Ils ont deux chevaux et quelques moutons avec lesquels ils gagnent leur vie (MEE/Txell Parera)

Ils se sont plaints du fait que les habitants de Persépolis sont aidés par le gouvernement pour développer le tourisme alors que les nomades, eux, ne reçoivent pas assez d’aide des autorités iraniennes.

« En outre, les infrastructures développées dans tout le pays limitent nos mouvements et il devient de plus en plus difficile de se déplacer », soulignent Mokhtar et Mehrangis.

Ils se déplacent selon les saisons, en direction du nord en été et du sud en hiver, couvrant une distance de près de 8 000 kilomètres qu’ils ponctuent de plus de 70 arrêts en chemin.

Comme la plupart des tribus nomades, Mehrangis et Mokhtar se déplacent en fonction de la météo en gardant une réserve de couvertures à portée de main pour les froids mois d’hiver (MEE/Txell Parera)

Mehrangis et Mokhtar ont cependant un obstacle supplémentaire à franchir lorsqu’ils se déplacent : leur unique enfant est décédé il y a trois ans et ils ont désormais du mal à se rendre près de l’endroit où il a perdu la vie.

Dans tous les cas, après avoir lutté pendant tant d’années, Mehrangis et Mokhtar ne sont pas prêts à changer leur mode de vie aujourd’hui et espèrent que leurs demandes pourront être entendues. « Nous sommes préoccupés par notre situation, mais nous allons continuer à avancer. »

Quand ils voyagent dans le sud, Mokhtar et Mehrangis installent leurs tentes près des ruines de Persépolis (MEE/Txell Parera)

Traduction de l’anglais (original).

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