Des villageois kurdes subissent les conséquences des frappes aériennes turques contre le PKK
Zargali, Irak – Pendant deux heures au petit matin du 1er août, entre 4 heures et 6 heures, les habitants de Zargali ont écouté les F-16 turcs attaquer les positions présumées du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans les villages kurdes du nord de l’Irak, y compris le leur.
Plus de deux semaines après les frappes, effectuées dans le cadre de l’actuelle opération de la Turquie contre le PKK, baptisée « opération Martyr Yalçın », une mère de Zargali a décrit à Middle East Eye le bruit aigu et perçant des avions de chasse qui volaient au-dessus de leurs têtes.
Les enfants du village, rapporte-t-elle, se sont à peine remis du bruit des frappes, qui ont détruit une mosquée et six maisons, et coûté la vie à huit personnes.
L’agence de presse turque Anadolu a rapporté le 1er août dernier que 28 avions de chasse F-16 avaient attaqué 65 cibles du PKK dans le nord de l’Irak. Un jour plus tôt, 80 chasseurs avaient atteint plus de 100 cibles. Les deux parties maintenaient un fragile cessez-le-feu depuis mars 2013, qui a été rompu unilatéralement par le PKK après l’attentat de Suruç le 20 juillet.
La campagne de la Turquie contre ce qu’elle pense être des positions du PKK dans le nord de l’Irak et la Syrie intervient au milieu d’une série d’attaques mortelles à l’encontre du personnel de sécurité turc dans tout le pays. Un grand nombre de ces attaques, qui ont coûté la vie à plus de 40 membres des forces de sécurité turques, a été revendiqué par le PKK et ses affiliés.
« La République de Turquie est inflexible en ce qui concerne la lutte contre toute forme de terrorisme, sans distinction, comme elle l’a toujours fait, que ce soit l’organisation terroriste Daech [le groupe État islamique], l’organisation terroriste PKK ou toute autre organisation terroriste internationale », a asséné le Premier ministre turc Ahmet Davutoğlu plusieurs jours avant les frappes.
Le PKK, généralement considéré comme une organisation terroriste en Occident, et le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) en Irak, qui a des liens étroits avec Ankara, se sont opposés sur les activités du PKK à Zargali et dans les villages environnants dans les jours précédents les frappes turques.
Au dernier check-point du KRG avant Zargali, niché dans les montagnes qui séparent l’Iran de l’Irak, le personnel de sécurité a confié à Middle East Eye que les habitants du village n’avaient pas pu parler ouvertement à la presse du rôle du PKK dans le village, par crainte de représailles. Ils ont soutenu que les habitants espéraient que le PKK quitterait le village.
Le personnel du KRG a déclaré que les combattants du PKK avaient demandé de l’argent aux habitants du village pour assurer leur sécurité. Un agent de sécurité en civil du KRG a soutenu que les combattants du PKK étaient dans le village au moment de l’attaque et avaient essayé de forcer l’entrée du domicile d’une famille.
À Zargali, cependant, le porte-parole du PKK, Zagros Hiwa, a déclaré à Middle East Eye qu’aucun combattant ne se trouvait dans le village au moment des frappes turques. Désignant les débris de six maisons, Hiwa a demandé de manière rhétorique : « Quelles infrastructures militaires y a-t-il ici ? Ce sont les habitations de familles. »
« Les combattants sont dans les montagnes, pas dans le village », a-t-il insisté.
Au cours de l’interview, Hiwa a été rejoint par une personne qui semblait être un collègue désarmé. Les combattants du PKK, s’ils ne sont pas dans le village à proprement parler, tiennent un check-point sur la route principale à environ deux kilomètres de Zargali, et les porte-parole du groupe ont entretenu une présence significative dans le village suite aux frappes turques du 1er août.
Avec les températures caniculaires, l’odeur des décombres et des restes humains persiste, même des semaines après les frappes. Une machine à coudre, des sachets de Nescafé, des bouteilles de shampoing et le cahier d’anglais d’un enfant sont dispersés dans les décombres sur la colline où la première frappe a eu lieu, à environ 4 heures du matin selon les habitants.
L’enfant dont le nom est inscrit sur la couverture du cahier rose et bleu a perdu son père dans l’attaque. Les fenêtres des maisons environnantes ont été soufflées et le sol est parsemé d’éclats de verre. À côté d’un cratère entouré de gravats, un grenadier calciné, portant encore des fruits noircis, fait de l’ombre à une camionnette lacérée.
Appuyée contre la porte de sa boutique à l’entrée du village, une femme âgée a estimé la population de Zargali à 14 familles, comptant chacune au moins 7 membres. La plupart des habitants ont quitté Zargali après les frappes, a-t-elle confié à Middle East Eye, craignant que l’armée de l’air turque ne cible à nouveau les positions présumées du PKK dans le village.
Certains habitants, a-t-elle noté, commencent lentement à regagner Zargali pendant la journée pour s’occuper des cultures et commencer ce qui sera un long processus de reconstruction.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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