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L’Iran a assuré la coordination entre la Turquie et Assad lors de l’incursion turque en Syrie

Des sources de MEE indiquent que des liens plus étroits entre Ankara et Téhéran ont aidé à ouvrir la voie à l’incursion turque en Syrie

TÉHÉRAN – Alors que la Turquie augmente ses forces blindées dans le nord de la Syrie, le gouvernement iranien garde le silence, fait notable mais significatif. L’incursion est largement couverte par les médias iraniens, mais il n’y a eu aucune réaction de la part des responsables.

Les relations de l’Iran avec la Turquie se sont réchauffées de manière spectaculaire au cours des dernières semaines et les analystes suggèrent qu’il existe un certain embarras à Téhéran sur la façon de gérer publiquement l’incursion turque en Syrie.

Les médias iraniens ont rapporté la condamnation de cette incursion qualifiée d’agression par le gouvernement syrien, mais n’ont pas encore relayé les déclarations de leur propre gouvernement.

Les relations iraniennes avec la Turquie sont à un stade délicat. Le ministre adjoint des Affaires étrangères iranien, Hossein Jaberi Ansari, était à Ankara mardi quelques heures avant que la Turquie n’envoie ses premiers chars en Syrie et on ne sait pas s’il a été averti à l’avance.

Sa visite faisait suite à une halte surprise à Téhéran du ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavuşoğlu, la semaine dernière en chemin vers l’Inde. Celle-ci faisait elle-même suite à une rencontre du ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif, avec le président Recep Tayyip Erdoğan à Ankara le 12 août.

La vague sans précédent de visites depuis le coup d’État turc avorté ne se limite pas aux questions bilatérales. La visite d’Ansari a été officiellement présentée comme axée sur l’avenir de la Syrie et Middle East Eye a appris que l’Iran était devenu le principal canal pour les contacts entre Erdoğan et le président syrien Bachar al-Assad. Une source proche des dirigeants iraniens a déclaré à MEE : « Les Turcs et les Syriens se coordonnent via les Iraniens ».

La Turquie insiste sur la démission d’Assad depuis plus de quatre ans mais avait commencé à changer sa position sur la Syrie avant le coup d’État avorté du 15 juillet. Depuis le coup d’État, ce revirement a pris de la vitesse, plusieurs déclarations du Premier ministre turc, Binali Yıldırım, mentionnant qu’Assad pourrait rester pendant une période de transition.

L’avenir des Kurdes de Syrie fait clairement partie de la nouvelle équation qui émerge. Les attaques de l’armée et de l’aviation syriennes sur les Unités syro-kurdes de protection du peuple (YPG) dans la ville de Hassaké ces derniers jours ressemblent à un signal d’Assad à Erdoğan lui indiquant qu’il comprend les préoccupations de ce dernier au sujet de la force croissante des Kurdes syriens le long d’une large section de la frontière sud de la Turquie. Jusqu’à récemment, l’armée syrienne ignorait les YPG et les considérait même comme des alliés potentiels dans la guerre contre le groupe État islamique.

Le but ultime d’Assad est de persuader Erdoğan de ne plus autoriser les livraisons d’armes via la Turquie aux groupes d’opposition se battant contre lui à Idlib et Alep.

« La Turquie ne cessera pas immédiatement ses livraisons d’armes aux rebelles mais peu à peu, il y aura un compromis concernant les frappes d’Assad contre les YPG à Hassaké », selon notre source qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat.

Celle-ci a également révélé les détails de la réaction rapide de l’Iran au coup d’État turc alors qu’il était encore en plein développement. Il a été largement rapporté que le ministre iranien des Affaires étrangères Zarif a tweeté sa solidarité avec Erdoğan et sa condamnation du coup d’État avant que celui-ci n’échoue, une initiative qui a impressionné le dirigeant turc et diffère nettement des réactions de l’Union européenne et des États-Unis, lesquelles, selon la Turquie, ont été discrètes et sont seulement intervenues après que le résultat de la tentative de coup d’État était apparu clairement.

Selon notre source, les tweets de Zarif à minuit ont été encouragés par le bureau du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.

« Zarif et Rohani étaient prudents et ont d’abord hésité sur la façon de réagir aux nouvelles de la tentative de coup d’État. Le bureau du guide suprême a dû les presser plus d’une fois avant que le tweet soit publié », a-t-elle déclaré.

La condamnation rapide par l’Iran de la tentative de coup d’État reposait sur l’un des principes de base de la politique étrangère iranienne, selon Foad Izadi, professeur à la faculté des études mondiales de l’Université de Téhéran.

« Les putschs sont inacceptables », a-t-il affirmé à MEE. « Autre principe : ne pas faire traverser les frontières internationales à de quelconques forces sans l’accord du gouvernement du pays concerné. »

Cependant, l’Iran a gardé le silence sur l’incursion de la Turquie dans le nord de la Syrie, seuls ses alliés à Damas publiant une déclaration dénonçant cette incursion sur leur territoire souverain.

 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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