Emmanuel Macron élu président avec 66,06 % des voix
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La victoire d’Emmanuel Macron vue par les médias arabophones
par Adlène Meddi à Alger
« Macron, le rebelle qui voulait être roi », titre le grand quotidien libéral libanais Annahar qui se contente d’un portrait du président élu et de Brigitte, sa femme, « les yeux et les oreilles » d’Emmanuel.
Comme fatiguée des crises électorales successives au Liban, l’éditorialiste du journal, Nayla Touéni, met en exergue la pratique démocratique française : « Plus important que les résultats est ce que nous voyons comme une scène démocratique et civilisée, avec des élections organisées à leurs termes, la publication des résultats sans polémiques et les félicitations du candidat perdant adressées à l’élu ».
Le site internet de l’hebdomadaire égyptien El Youm Assabie insiste, dans sa couverture de l’élection française, sur les déclarations du président élu concernant la lutte contre le terrorisme et la place de la France dans l’Europe. « Le président français a affirmé, dans son discours de victoire, que son pays poursuivra la guerre contre le terrorisme sur le territoire français et à l’extérieur jusqu’à sa défaite complète », écrit le journaliste Abdelwahab Aljoundi.
Le portail d’information égyptien Shahed Now ramène l’élection de Macron à la politique syrienne du nouveau président : « Tout en qualifiant Bachar al-Assad de ‘’dictateur sanguinaire’’, Macron a appelé [durant sa campagne] à mener une politique équilibrée et indépendante permettant d’ouvrir le dialogue avec toutes les parties, l’opposition et le gouvernement syrien ».
La presse syrienne officielle s’est contentée quant à elle de reprendre les dépêches de la tout aussi officielle agence Sana, qui annonce l’élection d’Emmanuel Macron en insistant sur ses déclarations sur la « guerre contre le terrorisme ».
« Les résultats inquiètent les Français »
Du côté des monarchies du Golfe, AlkhaleejOnline résume les lettres de félicitations des princes et rois arabes au jeune et « modéré » président : « Un président libéral et qui appelle au respect de l’islam et des musulmans », souligne le grand média web.
Pour sa part, le Huffpost version arabe résume l’issue de cette présidentielle inédite : « L’Europe a évité le cauchemar ». Et d’expliquer que « la victoire du candidat centriste a satisfait le vieux continent, mais les résultats inquiètent les Français », en référence au score du Front national, le plus important de son histoire, et des niveaux historiques d’abstention et de bulletins invalides.
À Alger, les journaux arabophones consacrent un large espace à la victoire du 8e président français. El Khabar titre en une : « Macron écrase Le Pen ».
« L’élection de Macron signifie que les relations entre l’Algérie et la France se poursuivront comme sous Hollande, avec apaisement et coopération », juge un ancien ministre dans les colonnes de ce journal. Seul candidat à avoir visité Alger, Macron avait déclaré à la fin de son séjour que la colonisation française était un « crime contre l’humanité ».
Le journal conservateur Echourrouk le rappelle, citant un politologue : « La criminalisation du colonialisme, la ‘’bombe’’ la plus dangereuse dans les valises de Macron ». « Macron pourrait présenter ses excuses à l’Algérie pour la colonisation, mais il devra se positionner en force du côté de l’Algérie et des pays du Maghreb », nuance-t-il.
Les Français ont choisi ce dimanche leur président : Emmanuel Macron a été élu avec 66,06 % des voix, Marine Le Pen remportant 33,94 % des suffrages, selon les résultats presque définitifs du ministère de l'Intérieur lundi matin.
La participation est en forte baisse, au terme d'une campagne électorale tendue entre Emmanuel Macron, un jeune centriste pro-européen inconnu il y a encore peu, et la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen. En fin d'après-midi, la participation au scrutin atteignait 65,30 %, un chiffre en forte baisse tant par rapport au taux à la même heure du premier tour le 23 avril (69,42 %), que par rapport à celui au second tour de la précédente élection présidentielle de 2012 (71,96 %).
« Nous ne cèderons rien à la peur, nous ne cèderons rien à la division », a lancé dimanche soir le jeune centriste pro-européen Emmanuel Macron devant des milliers de ses partisans réunis à Paris pour célébrer sa victoire à la présidentielle française. « Ce soir l'Europe, c'est le monde qui nous regardent, ils attendent que nous défendions partout l'esprit des Lumières », a-t-il dit avant que son épouse, Brigitte, émue aux larmes, le rejoigne sur la tribune installée dans la cour du Louvre, sous les ovations de la foule.
Arrivé en tête au premier tour, Emmanuel Macron, 39 ans, ancien banquier d'affaires et ex-ministre de l'Économie du président sortant François Hollande, était donné largement favori par les sondages qui le créditaient dans la journée de 61,5 à 63 % des voix, contre 37 à 38,5 % pour sa rivale Marine Le Pen, 48 ans.
Sommet de l'OTAN le 25 mai à Bruxelles, suivi du G7 en Italie, sommet européen mensuel en juin et G20 en juillet en Allemagne : l'international s'imposera dès l'investiture du nouveau président.
Emmanuel Macron bénéficie déjà d'un capital sympathie important parmi les dirigeants de l'Union européenne, soulagés de l'élimination de la dirigeante d'extrême droite europhobe Marine Le Pen, et satisfaits de l'arrivée d'un pro-européen convaincu au moment où s'engagent de très difficiles négociations sur le Brexit.
Emmanuel Macron a déjà promis que la lutte contre le terrorisme constituerait une des priorités de son action, et s'est dit déterminé à avoir une « collaboration forte » avec Washington, en dépit de l'imprévisibilité du président Donald Trump.
Traduction : « Félicitations à Emmanuel Macron pour son jour de grande victoire en tant que prochain président de la France. Je suis très impatient de travailler avec lui ! »
L'entre-deux-tours a été marqué par des ralliements de tous bords à Emmanuel Macron (24,01 % des suffrages au premier tour le 23 avril), pour faire barrage à Marine Le Pen (21,30 %).
Emmanuel Macron participera aux cérémonies du 8 mai 1945
Pour la deuxième fois en quinze ans, l'extrême droite, qui n'a cessé d'engranger des voix aux élections intermédiaires, a accédé au second tour de la présidentielle. Mais contrairement à 2002, la mobilisation populaire contre l'extrême droite a été très faible.
Emmanuel Macron a confié vendredi avoir déjà choisi le futur chef de son gouvernement, sans toutefois le nommer.
Le prochain Premier ministre sera chargé de mener la campagne des législatives des 11 et 18 juin, avec l'objectif de donner une majorité au nouveau chef de l'État.
Le vainqueur du scrutin a déjà été invité par le président Hollande - qui a renoncé à se représenter en raison de sa très forte impopularité- à participer à ses côtés lundi aux cérémonies de commémoration de la capitulation allemande en 1945.
Environ 47,5 millions de Français étaient appelés à voter sous haute sécurité, plus de 50 000 policiers, gendarmes et militaires étant déployés pour la circonstance.
La France, qui vit depuis 2015 sous le régime de l'état d'urgence, a peut-être échappé à un nouvel attentat, avec l'arrestation dans la nuit de jeudi à vendredi d'un ancien militaire de 34 ans, converti à l'islam et ayant fait allégeance à l'EI. Il a été interpellé à proximité d'une base militaire à Evreux, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, avec des armes cachées à proximité.
Le 20 avril, trois jours avant le premier tour de la présidentielle, un policier avait été tué en plein centre de la capitale, sur l'avenue des Champs-Élysées. L'attaque avait été revendiquée par l'EI, à l'origine de la plupart des attentats qui ont fait 239 morts en France depuis janvier 2015.
par Maryline Dumas à Tunis
« Excusez-moi, vous pensez quoi de cela ? », demanda un vieil homme dans un café de Bab Souika, quartier populaire de Tunis, en montrant la une d’un journal avec Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Elle ne va pas gagner quand même, si ? » Le 24 avril, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle française, certains Tunisiens semblaient avoir la gueule de bois. « Elle ne peut pas devenir présidente », répéta le vieil homme avant de s’éloigner.
Hafedh Trifi, membre du bureau exécutif de Damj, association pour la justice et l’égalité qui défend particulièrement les droits des personnes LGBTQI (lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer et intersexués), ne veut pas y croire non plus. Il reconnaît cependant : « Le risque est là, notamment en cas d’abstention trop forte. »
Pour lui, une victoire de Marine Le Pen serait « une marche arrière sur les acquis ». Le jeune homme de citer la position de la candidate du Front national sur l’immigration, les binationaux et l’homosexualité : « La France est le premier partenaire de la Tunisie. On suit de très près sa législation. Si Marine Le Pen passe, elle fera marche arrière sur le mariage pour tous. Cela donnerait une excuse à la Tunisie pour ne pas avancer sur la question des droits LGBTQI. Cela pourrait également poser problème pour les homosexuels qui demandent le droit d’asile en France car ils sont menacés dans leur pays. »
« Marine n’est pas plus clean que Fillon. C’est un vote de détresse »
Ghayda Thabet ne le contredit pas. La chargée de communication de l’Association tunisienne de soutien des minorités estime que « le projet FN est basé sur la haine de l’autre. » La jeune femme s’interroge : « C’est quoi un Français à ses yeux ? La France est basée sur l’immigration, la diversité, les droits de l’homme, le respect de l’autre, la tolérance... c’est ça l’identité française ! » Pour elle, si les Français se sont laissés entraînés par Marine Le Pen, c’est à cause des questions de sécurité : « Elle profite de la situation. Ses électeurs ont probablement été séduits par son discours ferme. Forcément, les attentats font peur. »
Fahd Cheffi, un Tunisien qui a vécu quatre ans en France, partage cette approche et ajoute : « J’estime que ce n’est pas la faute des 20 % d’électeurs français qui ont voté Le Pen mais des 80 % restant qui n’arrivent pas à les convaincre. »
Jalel Ben Abdallah renchérit : « La crise économique favorise les extrêmes. Il y a, en plus en France, cette crise identitaire avec cette évolution de la société et cette crainte de voir la laïcité menacée… Je fais le parallèle avec la Tunisie, où certains pensent que l’identité religieuse est menacée et votent donc Ennahdha [parti des Frères musulmans]. » Pour ce maître de conférences à l’École nationale d’ingénieur de Tunis, cette élection est un véritable « suicide collectif » : « Marine n’est pas plus clean que Fillon. C’est un vote de détresse. De façon générale, la classe politique émergente ne cherche pas à servir l’État et ne roule que pour elle-même. C’est la même chose aux États-Unis. »
« Si c’est un Mohamed, c’est qu’il n’est pas Français »
Plus rares, certains Tunisiens avouent qu’ils auraient eux-mêmes voté Le Pen s’ils avaient pu. C’est le cas de ce fonctionnaire croisé par hasard dans une administration de Tunis : « Les étrangers foutent le bordel en France. Je comprends qu’elle veuille s’en débarrasser. » Lorsqu’on lui répond que des Français commentant aussi des délits, il rétorque : « des Français qui s’appellent comment ? Si c’est un Mohamed, c’est qu’il n’est pas Français. »
Il y a finalement un grand absent de ces discussions sur la présidentielle française : Emmanuel Macron. Avec 24,01 % de voix au premier tour, le chef du parti En Marche ! aurait, selon les intentions de vote au second tour, de fortes chances d’être le prochain président français. Il ne convainc pourtant les Tunisiens que par sa position face à Marine Le Pen. Pour Jalel Ben Abdallah, c’est un « golden boy » qui « sera pire que Hollande. » Il voterait pourtant pour lui s’il en avait la possibilité.
À LIRE : L’islam dans l’élection présidentielle française 2017 : attention danger !
Tout comme Fahd Cheffi qui penchait, au premier tour, pour Jean-Luc Mélenchon : « Je voterais sans hésiter Macron. L’abstention, dans une pareille situation, ne veut rien dire. »
Ghayda Thabet, elle, aurait voté Emmanuel Macron dès le premier tour : « C’était le moins pire. Son programme est clair. Pour lui, 1+1 = 2. Tout est calculé, c’est un banquier ! Je regrette seulement qu’il n’est pas plus pris en compte le Brexit, l’élection de Trump et les impacts que cela aura. » La jeune femme est tout de même confiante quant aux résultats de l’élection : « Peu importe les tensions, les Français ont toujours fait preuve de respect du jeu démocratique. Ils voteront pour faire barrage à Marine Le Pen. »
Hafedh remarque que la campagne électorale a été d’une violence inouïe : « Nous, en 2011 [élections de l’assemblée constituante] et en 2014 [présidentielles et législatives], on avait eu des petits incidents. On s’était dit que c’était l’apprentissage démocratique, que c’était le début, que c’était normal. Mais en voyant ça en France, pays des libertés, je trouve cela décevant. »
par Lilia Blaise à Paris
« Il est moins hypocrite que d’autres politiques et n’a jamais stigmatisé les immigrés alors que la gauche a toujours eu ce discours un peu infantilisant par rapport aux personnes issues de l’immigration. » Hella, 44 ans, est fonctionnaire territoriale dans les Yvelines. Pour cette Franco-tunisienne qui a le droit de voter depuis 2002, l’engagement a toujours été du côté du parti socialiste. D’ailleurs, elle a voté Hamon au premier tour tandis que « [sa] fille de 18 ans était à 300 % pro-Macron dès le début, notamment pour les 500 euros qu’il veut donner aux jeunes pour l’accès à la culture » déclare-t-elle.
Et pourtant, ce dimanche, la socialiste convaincue votera Macron avec bonne volonté. « Le vote du premier tour, c’était vraiment pour soutenir Hamon mais aujourd’hui je n’y vais pas à reculons », ajoute-t-elle. Le principal atout de Macron, selon elle, pour séduire l’électorat des Français d’origine maghrébine, réside dans sa volonté de changement. « On sent qu’il s’adapte à l’ère du temps et qu’il va un peu à l’encontre des populismes » affirme-t-elle.
Un vote pour Macron en réaction
En France, l’immigration maghrébine représentait plus de 8 % de la population en 2011 tandis que l’islam est devenu la seconde religion de France avec près de 5 % de musulmans. Si dans certaines banlieues françaises où de nombreux électeurs ont des origines maghrébines, le vote a plutôt été en faveur de Mélenchon, Macron est souvent arrivé deuxième avec une moyenne de 20/25 % des suffrages, montrant aussi que son discours libéral avait parfois réussi à convaincre même dans les périphéries urbaines défavorisées. Du côté des musulmans qui votent aussi traditionnellement à gauche, Macron a aussi su séduire en réaction au gouvernement de Hollande et surtout aux discours de Manuel Valls durant le quinquennat.
Madjid Si Hocine, médecin franco-algérien de 47 ans, s’est intéressé à Macron dès le début de sa campagne. « Le mythe du vote musulman pro-Hollande en 2012 a été ébranlé pendant le quinquennat, il y a eu beaucoup de déceptions aussi bien sur le sort des chibanis que sur le vote des étrangers. Je pense aussi aux propos de Valls sur le voile. Donc si les Musulmans avaient voté pour Hollande en 2012 surtout pour se débarrasser de Sarkozy et du débat sur l’identité nationale, aujourd’hui, c’est fini » déclare-t-il. « Macron représente un peu le Trudeau français et c’est vrai que pour des bourgeois comme moi, il reste un candidat intéressant qui a fait valser les étiquettes politiques traditionnelles. Je suis engagé depuis plusieurs années et c’est vrai qu’il y a une mémoire qui est devenue gênante aujourd’hui du rapport musulmans/Français d’origine maghrébine et socialistes. Il y a eu la manipulation de la question des Beurs etc.… et Macron est arrivé dans le paysage politique au moment du burkini, un peu comme une voie de sortie » avance-t-il.
À LIRE : À la découverte du « paradoxe français » : le burkini et l’hypocrisie envers les musulmans
Pour d’autres, c’est l’aspect économique qui orienté le choix. Oweis Seddiki, 22 ans, et Franco-marocain, est originaire de Stains en Seine-Saint-Denis où Mélenchon a mené largement le vote avec 41,23 % des voix. Oweis fait partie des 22,22 % qui ont voté pour Macron dès le premier tour, surtout convaincu par son programme. « Pour moi c'était le moins dangereux. C'était le candidat qui représentait le mieux le changement. Il avait bien cerné les problématiques des entreprises françaises et je ne me suis pas arrêté à son image médiatique seulement » dit-il. Déjà à la tête de sa propre startup alors qu’il étudie encore, Oweis a été attiré par son discours sur l’entrepreneuriat. « J’ai pu me projeter dans son programme, sur les questions de compétitivité des entreprises et du travail, le fait que pour des salariés payés au SMIC on leur donne aussi le 13e mois de salaire, l'augmentation des revenus de mes salariés, le rétablissement des cotisations sociales, ensuite j'ai bien aimé l'ouverture des droits à l'assurance chômage même quand le salarié démissionne » ajoute-t-il.
Sur des questions plus liées à la religion ou au sort des immigrés, Oweis reste dans l’expectative. « On va voir s’il va vraiment mettre en place l’égalité hommes-femmes, au cas où il est élu. Sur la religion, moi j'ai ressenti qu'il était ouvert sur la laïcité mais est-ce qu'il fera en sorte que la communauté musulmane ait de vrais représentants par exemple ? », s’interroge-t-il en faisant référence au fait que la communauté est déjà mal représentée à l’assemblée mais aussi dans la politique où Stains est l’une des seules communes de France à avoir un maire français d’origine maghrébine (un Franco-algérien).
Les questions de laïcité et d’immigration finalement plus secondaires
C’est finalement d’avantage sur des thématiques économiques ou politiques que Macron s’est démarqué pour l’électorat français d’origine maghrébine plus que sur ses positions par rapport à la religion ou à l’immigration. Pourtant, il s’était démarqué pendant sa campagne en allant en Algérie et en affirmant que la « colonisation était un crime contre l’humanité ». Durant l’entre-deux-tours, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) lui a exprimé un soutien fortement reproché par Marine Le Pen.
Pour Hela, une pharmacienne franco-tunisienne qui vit à Bondy en Seine-Saint-Denis mais qui travaille dans le 17e arrondissement de Paris, ce n’est pas sur des thématiques parfois clivantes que Macron s’est démarqué. « Par exemple, moi j’ai éliminé Mélenchon de fait en raison de son regard limite pro-Assad sur la guerre en Syrie ou sur la femme voilée. Macron de son côté a déclaré qu’il n’était pas vraiment pour la reconnaissance d’un État palestinien donc finalement ce qui m’a décidée, c’était plus son programme » déclare-t-elle. Elle admet que dans son milieu d’activité, le vote Macron n’est pas très populaire, la profession penchant plutôt pour Fillon au premier tour.
« Aujourd’hui, je vote aussi pour Macron au second tour pour contrer Marine Le Pen, après je ne suis pas naïve, je ne vais pas lui donner ma confiance pendant cinq ans et je ne suis pas sûre qu’il changera grand-chose à la situation des immigrés en France » déclare Hela.
Les Français d’origine maghrébine et des musulmans se sont finalement tournés vers Macron par réaction plus que par conviction, illustrant ainsi cette idée de la chercheuse Fatima Khemilat que le vote musulman s’affirme souvent par « pour qui ne pas voter ». « C’est sûr que l’on ne va pas voter pour des gens qui nous insultent donc on élimine de facto des candidats comme Le Pen ou Fillon qui ont toujours été hostiles à l’islam ou aux immigrés » conclut Madjid Si Hocine.
La candidate aux législatives Hanan Zahouani revient sur la présence du Front national au second tour de l'élection présidentielle.
Avec 24 % des voix, Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle française. Éclairages sur son programme de politique étrangère mais aussi nationale. Entre équilibre et équilibrisme.
par Philippine de Clermont-Tonnerre à Beyrouth, Liban
Ils sont les deux seuls candidats à s’être rendus au Liban durant cette campagne. Les voilà, in fine, de retour dans les isoloirs.
Lors de son déplacement en janvier, Emmanuel Macron s’était contenté de prôner « une politique d’équilibre et d’indépendance […] dans la tradition gaullo-mitérrandienne », veillant à ne pas trébucher sur les dossiers glissants de cet « Orient compliqué », pour reprendre la formule du général De Gaulle.
Les Libanais gardent en revanche un souvenir moins poli de la venue de Marine Le Pen, un mois plus tard. Les discours favorables au président syrien Bachar al-Assad de la candidate frontiste, qui avait placé sa visite sous la bannière de la protection des chrétiens d’Orient, ont agacé plus d’un responsable politique, y compris parmi les dirigeants chrétiens, sans oublier le tollé provoqué par son refus de se plier au protocole du port du voile lors d’une rencontre officielle prévue avec le mufti de la République.
À LIRE : Les chrétiens d’Orient, objets de toutes les attentions des politiques français
Au premier tour de ce scrutin, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont respectivement récolté 16,02 et 12,29 % des voix parmi les 18 000 Français du Liban, des binationaux pour la plupart.
Jusqu’à présent, c’est surtout François Fillon, plébiscité à hauteur de 60,97 %, qui a convaincu dans cette circonscription historiquement ancrée à droite, où le général de Gaulle, qui séjourna pendant deux ans à Beyrouth (de 1929 à 1921), a laissé des traces presque indélébiles.
Quelques soient leurs sensibilités, les électeurs franco-libanais s’accordent au moins sur un point : la nécessité pour la France de retrouver son aura sur la scène étrangère et de conjurer les menaces de déstabilisation sur son propre sol.
Le futur président devra « restaurer la place de la France dans le monde et éviter la guerre civile »
« La France doit accroître sa légitimité dans les prises de décisions au Moyen-Orient et avoir une compréhension plus profonde des dossiers chauds », estime Farid Chehab, ancien banquier d’affaire reconverti en chef cuisinier. Il y a deux semaines, il votait Fillon. Ce dimanche, ce sera Macron, affirme le trentenaire : « Son programme est bien plus solide que celui de MLP – économiquement, socialement et à l'international ».
Après un bulletin Mélenchon au premier tour, Claude el Khal a prévu pour sa part de s’abstenir ou de voter blanc. « Je crois en la démocratie et je ne supporte pas qu'on me prive de ma liberté de choisir », justifie ce bloggeur auteur de My Beirut Chronicles.
En tant que Franco-Libanais, une question en particulier le préoccupe : « Le fait que le prochain gouvernement ne donne pas de chèque en blanc à Israël pour attaquer le Liban ». De manière générale, poursuit-il, le futur président devra « restaurer la place de la France dans le monde et éviter la guerre civile ».
« Les divisions françaises me rappellent nos échecs libanais »
Vu du Liban, l’autre défi majeur du prochain mandat sera de conserver la cohésion nationale et la stabilité sécuritaire de la France, deux registres que les Libanais ne connaissent que trop bien.
Samedi, à la veille du scrutin, l’éditorialiste franco-libanais Issa Goraieb résumait l’enjeu du scrutin d’aujourd’hui dans les colonnes de L’Orient-Le Jour : « Pour concluant que soit le test, force est de constater l'énormité de la tâche de rassemblement qui attend le prochain quinquennat. Car ce sont deux idées certaines et contradictoires de la France, de son identité, de sa société et de sa place dans le monde qui divisent aujourd'hui le peuple de ce pays, de manière plus dramatique que ne l'a jamais fait la classique émulation entre gauche et droite ».
Président du Centre libanais des droits humains et membre du collectif « You Stink ! » (Vous puez), Wadih el Asmar ne cache pas non plus ses craintes face au programme de Marine Le Pen, qu’il juge « discriminatoire ».
À LIRE : François Fillon, le candidat de la droite française qui fait frémir les musulmans
« Fracturer l’unité française comme elle le propose me rappelle trop nos échecs libanais dus à ces divisions », confie l’activiste à MEE.
Après avoir soutenu François Fillon fin avril, Nicolas Delage s’apprête à déposer un bulletin FN dans l’urne ce dimanche. « En France, la dégradation se situe surtout au niveau de la sécurité, c’est la question principale », assène-t-il.
Sa femme en revanche, dont il porte la procuration, ne votera pas Le Pen mais Macron. « Elle a changé d’avis » à cause de la proposition de la candidate d’abroger la double nationalité hors UE, précise-t-il.
En France, la dégradation se situe surtout au niveau de la sécurité, c’est la question principale
Peu de Franco-Libanais sont favorables à cette mesure, y compris parmi les sympathisants FN.
Militante frontiste de longue date, Sophie Akl souhaiterait que les dossiers soient négociés au « cas par cas » et ce, « quelle que soit l’appartenance religieuse ». Toutefois, « cela ne m’empêchera pas de voter dimanche pour madame Le Pen », assure-t-elle.
« À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle […]. L’intérêt de la France prime sur les intérêts personnels […]. On ne saurait accepter des taux d’immigration étrangère qui mettent en péril l’équilibre démographique de la France, la communautarisation de la société qui en découle et les dérives de l’islam en France […] », justifie cette Française installée au Liban depuis plus de dix ans.
Le monde selon Marine Le Pen : souveraineté et repli sur soi
Promotion de l’identité nationale, fermeture des frontières, lutte contre « l’islamisme »… le programme de politique étrangère de la candidate du Front national se fait le pendant du recroquevillement qu’elle promeut au niveau national
Dans la Syrie déchirée par la guerre, la candidate frontiste estime que le soutien aux « islamistes supposés modérés » a été, et demeure, une erreur. Pire, elle considère que la France a « bafoué l’embargo international en délivrant aux supposés “islamistes modérés syriens” des armes qui ont aussitôt grossi l’arsenal de Daech et qui, peut-être, ont tué des Français ».
Elle fustige également « la fermeture de l’ambassade de France » en Syrie. D’après elle, cette décision « dans un pays qui a longtemps conservé une élite francophone et protégé ses minorités chrétiennes a été plus qu’une faute. Combien d’attentats sur le sol français auraient été évités par des relations maintenues avec les services syriens ? Combien de Français ont-ils payé de leur vie l’aveuglement qui s’est emparé du Quai d’Orsay ? », demande-t-elle.
Marine Le Pen pense que « soit les ministres responsables, soit le chef d’État lui-même étaient mal informés […], soit nos dirigeants politiques ont mis la France au service d’autres intérêts. Ils ont servi des intérêts étrangers contre la sécurité de la France et la vie des Français ».
Si la diplomatie française a toujours fait du départ de Bachar al-Assad un impératif indépassable, en visite au Liban en février dernier, Marine Le Pen a pris une position opposée : « Dans le cadre de la politique du moindre mal, qui est une politique réaliste », le maintien à la tête du pays de Bachar al-Assad lui semble « une solution bien plus rassurante pour la France » que Daech, « si celui-ci venait à prendre la tête de la Syrie ».
Turquie : « Si Marine Le Pen était élue, cela susciterait une vraie inquiétude ici »
par Cerise Sudry-Le Dû à Istanbul, Turquie
« Les élections françaises ? Ah oui, vous devez choisir entre un homme et une femme, c’est bien ça ? ». L’incertitude de cet avocat des droits de l’homme résume à elle seule la méconnaissance des élections françaises en Turquie. Car c’est peu dire que dans ce pays déchiré et à l’agenda politique ultra-chargé, l’échéance électorale française a peu passionné.
Une semaine plus tôt, le 16 avril, le pays votait par référendum pour l’élargissement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdoğan. La campagne a entièrement absorbé la presse turque. « La couverture médiatique des élections françaises a été assez dérisoire, confirme Jean-François Pérouse, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (IEFA), basé à Istanbul. Et au lendemain du premier tour, il y a d’ailleurs eu très peu d’articles faisant référence aux résultats. »
De fait, le seul moment où les candidats français se sont créé une place de choix dans les médias turcs, c’était en mars, quand le ministre turc des Affaires étrangères a été interdit de meeting en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais pas en France. Là, presque tous les candidats, d’Emmanuel Macron à Marine Le Pen, ont dénoncé l’attitude de la France.
Et alors qu’Erdoğan avait dénoncé le « nazisme et le fascisme » des Allemands ou des Néerlandais, il s'était en revanche félicité de l'attitude du gouvernement français. Sans toutefois faire référence aux élections prochaines. En réalité, durant toute la campagne française, il n'a jamais montré de préférence pour un candidat.
Pour les droits de l’homme, « aucun candidat ne fait une grande différence »
Si la Turquie s’est peu intéressée aux résultats, c’est aussi parce que l’actualité a été chargée, notamment pour les défenseurs des droits de l’homme. « Chaque jour, des journalistes, des universitaires ou des avocats sont arrêtés. En France, vous avez l’État de droit, la démocratie. Ici, la situation est terrible, nous n’avons plus rien de tout ça », souffle une journaliste du collectif Journos in Turkey, qui se bat pour la liberté de la presse.
De fait, avec 149 médias fermés depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 et plus d’une centaine de journalistes derrière les barreaux, la Turquie est passée au 155e rang du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières.
Si, en France, Marine Le Pen est souvent comparée à Erdoğan pour son autoritarisme, « elle n’est pas très appréciée en Turquie. Elle est notamment considérée comme islamophobe, explique à MEE Jean-François Pérouse. Si elle était élue, cela susciterait une vraie inquiétude ici ».
« On la considère comme une raciste ici. Et elle ne veut pas de la Turquie dans l’Union européenne »
Certains sont moins nuancés. « On la considère comme une raciste ici, indique la membre de Journos in Turkey. Et elle ne veut pas de la Turquie dans l’Union européenne ». Même si, nuance Jean-François Pérouse, « ses positions en faveur de la Russie peuvent rassurer ».
Pour autant, si Emmanuel Macron récolte les faveurs de nombreux défenseurs des droits de l’homme, peu espèrent un changement radical dans les relations France-Turquie. « Aucun des deux candidats ne ferait une grande différence pour nous », pointe Eren Keskin, vice-présidente de l’IHD (Turkish Human Rights Association). « Même si Emmanuel Macron sera, je pense, plus attentif aux droits de l’homme. »
La militante espère en tout cas qu’une fois élu, « le nouveau président puisse rappeler à la Turquie les obligations qu’elle a prises en signant des conventions internationales ou qu’il pousse pour rétablir la société démocratique ici ».
« Mais s’ils avaient pu tirer un bénéfice de la Turquie avant l’élection, bien sûr qu’ils auraient utilisé ce levier, analyse de son côté la journaliste de Journos in Turkey. Après, je doute que notre pays soit dans la liste de leur priorité », observe la jeune femme, avant d’ajouter : « Mais de toute façon, la situation ne pourra pas être pire ici ».
Israël : entre rejet de l’antisémitisme du FN et soutien à sa politique anti-migratoire
par Yuval Abraham à Haïfa, Israël
Quelque 200 000 juifs franco-israéliens vivent en Israël, et beaucoup d’entre eux sont éligibles pour voter lors des élections présidentielles françaises.
Selon Yves Wahl, responsable du département d’Études françaises de l'Université de Tel Aviv, la grande majorité des Franco-Israéliens ne voteront pas pour Marine Le Pen.
« D'après les données que j’ai recueillies, seulement 3,8 % des Franco-Israéliens ont voté pour Le Pen au premier tour, et je ne m'attends pas à ce que ce chiffre augmente beaucoup lors du deuxième tour des élections », a-t-il déclaré à Middle East Eye.
« Seulement 3,8 % des Franco-Israéliens ont voté pour Le Pen au premier tour »
Outre « une opposition générale à l’extrême droite », le chercheur franco-israélien offre deux autres explications à cela : « Le Pen peut certes nier les accusations d'antisémitisme, mais il est clair qu'elle déteste tous ceux qui ne sont pas chrétiens.
« Par ailleurs, les gens estiment qu'ils ne peuvent pas compter sur l'extrême droite pour maintenir une bonne connexion avec Israël, ce qui est une considération importante pour les électeurs franco-israéliens », a-t-il ajouté.
« Le Pen est une fasciste qui n'aime pas les juifs »
Une juive française qui a quitté la France pour Israël il y a dix ans a partagé avec MEE ses réflexions sur les élections en tant que Franco-Israélienne. « Je vais voter pour Macron uniquement parce que je ne veux pas de Le Pen. Ce n'est pas comme si on avait vraiment le choix », a-t-elle déclaré sous le couvert de l’anonymat.
« En ce qui me concerne, le problème principal dans cette élection est la communauté juive restée en France, car Le Pen est une fasciste qui n'aime pas les juifs. Une candidate antisémite ne peut pas être bien pour les juifs ou pour Israël », a-t-elle poursuivi.
« Même si j'aime la culture française, le traitement xénophobe des juifs ne semble pas changer. C'est pourquoi je ne me sens plus connectée à la France. »
Toutefois, pour elle comme pour beaucoup d'autres Franco-Israéliens, l'opposition aux politiques de Le Pen ou à l'antisémitisme ne signifie pas nécessairement un vote à gauche.
« J'aurais aimé que Fillon gagne », a-t-elle confié. « Il est de droite mais pas extrême comme Le Pen. Il aurait fait davantage pour améliorer l'économie et repousser les terroristes. »
« Tous ces immigrés en France, c’est bien de les aider, mais je crois qu'ils ont ruiné le pays et nous avons besoin de quelqu'un pour y mettre fin. » Selon la recherche de Yve Wahl, une majorité de 65 % des Français-Israéliens ayant voté lors du premier tour des présidentielles ont choisi François Fillon.
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Joseph Emmanuel, journaliste franco-israélien qui a immigré en Israël il y a six ans, a expliqué ce choix à MEE : « En tant que juifs français, nous sommes très connectés à Israël, et si vous êtes un candidat qui dit n’importe quoi sur Israël, et bien nous ne voterons pas pour vous. C’est pour cela que la plupart ont voté pour Fillon au premier tour, il représente la ‘’droite classique’ et il est le moins critique envers Israël. »
« Personnellement, j’ai décidé par principe de ne pas voter », poursuit-il. « Je veux reléguer la France derrière moi et m’assimiler à la société et à la culture israéliennes, tout comme mes parents l’ont fait en France après avoir quitté le Maroc. »
« Mais même si je votais, je mettrais dans l’urne un bulletin blanc – je n'aime aucun des deux candidats », a-t-il confié, expliquant : « En tant que juifs français, nous ne pouvons pas voter pour Le Pen. Nous ne pouvons pas oublier les choses que son père nous a faites, et le nom Le Pen porte ce poids. Cela dit, je ne pense pas qu'elle soit comme lui, et je ne suis pas certain qu'elle serait mauvaise pour la France. »
« Le Pen […], c'est une chose très étrange à dire, mais elle a des similitudes avec Israël »
« Le débat principal dans cette élection concerne l'UE et les frontières de la France », a rappelé le journaliste. « Macron est pro-UE et Le Pen ne l’est pas, elle veut fermer les portes de la France aux autres. Les points de vue de Macron sont similaires à ceux d’Angela Merkel et Le Pen ressemble plus... eh bien, c'est une chose très étrange à dire, mais elle a des similitudes avec Israël. »
« Elle veut un État fermé, ouvert culturellement et économiquement mais fermé aux immigrés. De même, en Israël, nous ne voulons pas ouvrir nos portes aux autres. Dix minutes plus tard, tout le pays serait rempli d'Arabes ‘’très gentils’’ avec des armes et toute cette pagaille », a affirmé Joseph Emmanuel.
Israël-Palestine : aucun changement à attendre
La société israélienne semble avoir des opinions contradictoires en ce qui concerne les prochaines élections. D’une part, il y a une large opposition à Marine Le Pen en raison de son association avec l'antisémitisme, mais de l'autre, ses positions sur l'immigration, l'islam et les frontières sont partagées par beaucoup, surtout auprès de la droite israélienne.
Cette contradiction se reflète au niveau des responsables politiques. Ainsi, Yaïr Lapid, chef du populaire parti centriste Yesh Atid, a publié lundi dernier un post sur Facebook accompagné d’une photo de lui-même et d’Emmanuel Macron avec la légende :
« Toute personne éligible en Israël ou en France doit soutenir au second tour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen [...] c’est le moment de prendre position entre un véritable ami du peuple juif et celle qui a nié la responsabilité de la France durant la Shoah », était-il écrit en hébreu et en français. Le 9 avril dernier, Marine Le Pen avait choqué en déclarant que l’État français « n’était pas responsable » des rafles de citoyens juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Bien qu’apprécié par certains, ce post largement partagé sur les réseaux sociaux a été critiqué par d'autres pour son soutien à Macron, un candidat, selon eux, qui a une approche trop indulgente à l'égard de l'immigration et de l'islam.
« Le Pen sera bien pour les juifs et pour Israël. J’ignore quand Yaïr Lapid s’est rendu en France pour la dernière fois, mais [le pays] s’est depuis transformé en ‘’bande de Gaza’’ ! L'ennemi de mon ennemi, dans ce cas-là, est mon ami », pouvait-on lire dans l'un des commentaires les plus populaires.
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D'autres voix à gauche ne partagent pas cet avis. Mosi Raz, secrétaire général du parti de gauche Meretz, a déclaré à MEE que « le fait que Le Pen soit au deuxième tour n'est pas positif du tout ».
« Si elle gagne, les vents racistes en France deviendront plus forts. Je suppose qu'ils quitteront l'UE, peut-être qu’un plus grand nombre de juifs immigreront en Israël, et la France suivra une politique plus proche de celle du Likoud, le parti de Netanyahou. »
En revanche, a-t-il poursuivi, « si Macron gagne, je suppose que les choses resteront à peu près les mêmes ».
Cela s’applique notamment à la position de la France sur le conflit israélo-palestinien, selon lui : « Nous assistons déjà à un retrait de l’Initiative de paix française proposée en 2016 par François Hollande, donc je pense que tout résultat électoral, que ce soit Le Pen ou Macron, entraînera une altération définitive de l'initiative. »
À gauche, beaucoup sont sceptiques quant à l’intention de chacun des deux finalistes à la présidentielle française de maintenir cette initiative visant à mobiliser la communauté internationale pour revitaliser le processus de paix moribond.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’était montré très critique à son encontre. « Le chemin de la paix passe uniquement par des négociations directes entre les deux parties », avait-il déclaré, ajoutant que l’initiative de Paris « éloignait la paix et étendait les revendications palestiniennes ».