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Comment Donald Trump accorde son soutien tacite au terrorisme contre les musulmans

La Maison Blanche envoie un message clair : elle ne condamnera pas la violence contre les Américains musulmans

Quel que soit le sujet, il est impossible de faire taire Donald Trump. Dieu sait que ses trois responsables de campagne, l’actuel et l’ancien chef de cabinet de la Maison Blanche sont presque morts en essayant.

Ils ont supplié, ont imploré et ont amadoué le seigneur en chef pour qu’il renonce à son compte Twitter. Selon la rumeur, les responsables de la campagne républicaine auraient convaincu le candidat à la présidentielle d’alors d’abandonner son portable pendant les derniers jours de l’élection.

« Si les rôles avaient été inversés, cela s’appellerait une attaque terroriste. Et c’est ce que c’est, un acte de terrorisme »

– Le gouverneur du Minnesota Mark Dayton

Mais ses tweets décousus, incohérents, insultants, clairement malhonnêtes et méchants s’enchaînent sans relâche. Peu importe les dommages politiques et personnels pour Trump, et peu importe les dommages irréparables que ses tweets communiquent au pays, il a été élu pour diriger : il ne sera pas réduit au silence.

Eh bien, presque. Il y a une question, une tragédie nationale croissante, que le 45e président des États-Unis ne commentera pas, ni ne condamnera.

Le silence de Trump sur les crimes de haine croissants à l’encontre des Américains musulmans est assourdissant.

Le samedi 4 août, des terroristes antimusulmans – vraisemblablement des nationalistes blancs – ont fait exploser une bombe dans une mosquée du Minnesota. Vingt fidèles américains musulmans étaient à l’intérieur. Cet acte correspond à la définition du terrorisme, car il ne visait pas seulement à instrumentaliser ses victimes désignées, mais aussi à transmettre un message important aux Américains musulmans : votre présence ici n’est pas souhaitée.

C’était un acte de terrorisme perpétré sur le sol américain. Le gouverneur du Minnesota, Mark Dayton, l’a qualifié ainsi. Après une rencontre avec les dirigeants locaux, il a déclaré aux médias que « si les rôles étaient inversés, cela s’appellerait une attaque terroriste. Et c’est ce que c’est, un acte de terrorisme. »

Le silence de Trump

Mais qu’en est-il du président des États-Unis, un homme chargé de rassurer le public en période d’angoisse et d’anxiété ? Pas un mot. Pas un seul tweet. Pas le moindre gazouillis.

Le refus de Trump de prononcer la moindre condamnation pour l’attentat dans cette mosquée du Minnesota équivaut à une approbation tacite du terrorisme contre les citoyens américains de confession musulmane.

Ce n’est pas comme si le président était trop occupé par son job de président. Non seulement il a réalisé 47 parcours de golf au cours de ses 200 premiers jours en fonction, mais aussi, comme l’observe John Harwood, Trump a envoyé une douzaine de tweets depuis l’attentat terroriste du Minnesota, contenant tous un ou plusieurs des termes suivants pour décrire les autres : « faux », « bidon », « totalement inepte », « mensonge », « escroquerie », « escroc », « enfant » et « bébé ».

Ce n’est pas la seule et unique fois où Trump n’a offert aucun soutien aux victimes musulmanes, ni condamné leurs assaillants.

Une attaque contre une mosquée à Québec fin janvier a causé la mort de six fidèles musulmans (Reuters)

Quand un partisan déclaré de Trump est entré dans une mosquée à Québec avec un AK47 fin janvier et a assassiné six musulmans de sang-froid, Trump a gardé le silence.

Quand un terroriste nationaliste blanc a renversé avec sa camionnette des musulmans qui entraient et sortaient de la mosquée de Finsbury Park à Londres en juin, Trump a gardé le silence.

Quand des extrémistes chrétiens ont été arrêtés pour avoir projeté une attaque terroriste à grande échelle contre des Américains d’origine somalienne dans un complexe d’appartements au Kansas le jour des élections, Trump a gardé le silence.

La guerre aérienne de Trump a aujourd’hui tué plus de 2 000 civils en Irak et en Syrie. Trump garde le silence.

Pour résumer, lorsque des musulmans sont tués, Trump ne prononce pas un mot – mais quand un musulman tue des blancs, Trump a plus à dire qu’un narcissique suffisant lors d’une fête de Noël au bureau. Cela devient « l’islam radical » et le « terrorisme islamique » pour ceux qui l’écouteront.

Dans l’Amérique de Trump, il y a des victimes dignes et indignes – et il y a des assaillants dignes et indignes

Dans l’Amérique de Trump, il y a des victimes dignes et indignes – et il y a des assaillants dignes et indignes.

En mai, Trump a condamné le décès de deux bons samaritains poignardés dans un train de banlieue de Portland, tués en essayant d’empêcher un homme de harceler des femmes qui semblaient être musulmanes. Nasser Beydoun, président de la Ligue des droits civils arabes américains, explique à MEE : « Cela ne signifie rien. Ce sont ses électeurs. Il prospère dans la haine. Toute sa présidence repose sur la haine, donc ce n’est pas un tweet qui fera la différence. »

Christian Christensen, professeur d’études de journalisme à l’Université de Stockholm, constate que « les musulmans blessés par un homme blanc ne sont pas “dignes d’attention” car ils ne servent pas le projet plus vaste de Trump de diabolisation des musulmans, des réfugiés et des immigrants : une masse humaine indifférenciée aux yeux du président américain. Ils ne servent pas non plus les intérêts de représenter l’Europe chrétienne blanche (et, par association, l’Amérique chrétienne blanche) comme le bastion de tout ce qui est bon et décent.

Ce faisant, Trump communique qu’il est acceptable de terroriser les musulmans, en envoyant le message que si la Maison Blanche ne condamne pas la violence contre les Américains musulmans, alors l’appareil étatique de maintien de l’ordre fermera les yeux.

L’habilitation des extrémistes

Nous sommes arrivés à un dangereux point critique en Amérique. Tandis que la violence contre les musulmans s’est constamment accrue au cours de la dernière décennie, elle a connu un pic depuis que Trump a annoncé sa candidature à la présidence en 2015. En fait, les crimes de haine qui ciblent les musulmans ont augmenté de 584 % entre 2014 et 2016, selon le Conseil sur les relations américano-islamiques.

La candidature et la présidence de Trump ont mobilisé et habilité ceux qui souhaitent mener des actes de violence contre les Américains de confession musulmane. Ces éléments extrémistes de droite suivent l’exemple du président, qui a diabolisé les musulmans, l’islam et les immigrés. Ces éléments, longtemps consignés aux marges de la vie sociale et politique américaine, occupent désormais le devant de la scène et n’ont pas peur de se trouver sous les feux de la rampe. Cette semaine encore, CNN a annoncé que neuf mosquées par mois en moyenne ont été attaquées aux États-Unis jusqu’à présent cette année.

Trump prononce un discours à Washington en avril 2016, promettant une politique étrangère plaçant « l’Amérique d’abord » s’il était élu (AFP)

Les milices de droite lourdement armées soutiennent ouvertement et activement les candidats et les responsables pro-Trump à travers le pays. À leur tour, les responsables du parti républicain et ceux qui cherchent à être élus embrassent des milices comme les Oath Keepers et Three Percenters.

Amy Cooter, sociologue à l’Université Vanderbilt, a déclaré à The Trace : « Avec des extrémistes de droite qui vénèrent le président à la recherche de nouveaux ennemis, certains politiciens locaux et nationaux qui renouvellent le sectarisme à l’image de Trump peuvent voir les milices comme un moyen de resserrer leur emprise sur le pouvoir. »

« Le style politique impertinent et le programme “l’Amérique d’abord” apporté au parti républicain par Trump, attirent les gens impliqués dans les milices, en les amenant vers le courant politique traditionnel. »

Ces milices ont joué le rôle d’organisatrices au milieu de cet animus antimusulman. Elles ont convoqué des manifestations armées contre les mosquées et répandent systématiquement de fausses théories du complot antimusulmanes dans leurs plateformes sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, elles sont ouvertement et activement impliqués dans la politique dominante.

En tant que président des États-Unis, Trump est responsable de la sécurité et du bien-être de tous les citoyens américains. Pas seulement ceux qu’il apprécie, et pas seulement ceux qui ressemblent à sa base politique.

Garder le silence face à une violence croissante contre les musulmans revient à mettre davantage en danger la sécurité et le bien-être des Américains musulmans.

- CJ Werleman est l’auteur de Crucifying America (2013), God Hates You. Hate Him Back (2009) et Koran Curious (2011). Il est également l’animateur du podcast « Foreign Object ». Vous pouvez le suivre sur Twitter : @cjwerleman.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Photo : Le président américain Donald Trump organise un rassemblement avec ses partisans dans un stade à Youngstown, Ohio, le 25 juillet 2017 (Reuters).

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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