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« Aujourd’hui, le soleil brille » : les Syriens réagissent aux frappes aériennes de Trump

« Si les frappes ne mettent pas fin au régime et n’empêchent pas Assad de gouverner en Syrie, elles ne signifient rien du tout »
Des enfants déplacés dans leur propre pays ont fui Raqqa et se trouvent dans un camp dans le gouvernorat d’Alep (Reuters)

Les Syriens qui vivent à l’intérieur du pays ont accueilli la frappe aérienne américaine sur une base militaire syrienne avec un mélange d’optimisme et de découragement, alors que la guerre qui a débuté il y a six ans a tué un demi-million de personnes et déplacé la moitié de la population.

Shadi al-Haj, un docteur de la province d’Idleb qui a soigné les victimes de l’attaque chimique de mardi, a accueilli les nouvelles de façon positive.

« Cette base aérienne a été utilisée pour tuer des personnes innocentes, des enfants innocents, des femmes innocentes, beaucoup de personnes innocentes, pendant de nombreuses années », a-t-il déclaré à Middle East Eye.

La télévision syrienne a diffusé des images qui, selon elle, montraient la base aérienne après les frappes aériennes (capture d’écran Reuters)

Les frappes aériennes américaines ont touché la base de Shayrat à Homs, d'où les États-Unis ont déclaré que l'attaque mortelle au gaz sarin sur Khan Sheikhun avait été lancée.

« Je suis heureux de cette frappe », a ajouté Shadi al-Haj, « car cette base aérienne était utilisée pour détruire notre peuple, et l’âme de notre peuple. Bien sûr que nous sommes heureux. »

« Aujourd’hui, le soleil brille. »

Mohammad Shbeeb, qui vient d’Alep et a été déplacé à Idleb, était pour sa part plus prudent.

« Aujourd’hui, le soleil brille. »

« J’espère que la communauté internationale fera quelque chose pour mettre fin aux crimes d’Assad, mais je n’ai pas beaucoup d’espoir », a-t-il déclaré à MEE.

« Si les frappes aériennes ne mettent pas fin au régime et n’empêchent pas Assad de gouverner en Syrie, elles ne signifient rien du tout. »

Les Syriens sont découragés après des années d’inaction de la communauté internationale face à un gouvernement syrien de plus en plus brutal, explique Mohammad Shbeeb.

« Nous avons de l’expérience maintenant. La communauté internationale n’est pas sérieuse quand elle parle de combattre Assad. »

Traduction : « En tant que Syrien et survivant des attaques chimiques, je veux remercier @POTUS d'avoir frappé le dictateur, vous nous donnez de l’espoir, que Dieu vous bénisse Monsieur ! »

Le président américain Donald Trump, selon lui, cherche à apparaître fort.

Pour Kassem Eid, qui a survécu à l’attaque au gaz sarin sur la Ghouta en 2013, le geste américain « change les règles du jeu ».

« Cela peut être le commencement d’une nouvelle ère, cela peut être une véritable chance pour la paix en Syrie », a-t-il déclaré à MEE depuis l’Allemagne, où il vit désormais.

« Tant qu’Assad et ses alliés pensent qu’il n’y a pas de conséquences, ils n’arrêteront pas d’utiliser leur force pour gagner du terrain, et il n’y aura jamais de réelle transition politique ou de processus de paix tant qu’ils pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. » 

Lorsqu’il a entendu les nouvelles, Kassem Eid, également connu sous le nom de Qusai Zakarya, a cru qu’il rêvait.

« J’étais très heureux, bouleversé », a-t-il dit. « Nous avons attendu cela pendant très longtemps, nous avons attendu de voir Assad devoir rendre compte pendant plus de six ans, et c’est la première fois que nous avons vu une sanction. »

Des personnes traversent la rue à Damas, le vendredi 7 avril (Reuters)

Dans la Ghouta orientale assiégée, en périphérie de Damas, Tariq al-Dimashqi (pseudonyme) a également questionné les objectifs de Trump.

« Je suis content car quelqu’un a finalement fait du mal à ce boucher, Assad. Cela dit, quelles sont les intentions de Trump ? »

Il explique à MEE qu’il pense qu’il s’agit peut-être d’un peu plus que de la propagande de la part de Trump.

« Trump veut dire aux Américains et au monde qu’il est différent d’Obama ». L’ancien président américain avait menacé de mener des frappes aériennes contre le gouvernement syrien en 2013 suite à une autre attaque chimique mortelle mais était finalement revenu sur sa position. 

Toutefois, si le conflit gagne en intensité, a ajouté Tariq al-Dimashqi, et si la Russie – l’alliée clé d’Assad – s’inquiète de la possibilité d’une guerre avec les États-Unis, la paix pourrait revenir en Syrie, selon lui.

« J’espère qu’un conflit entre les Américains et les Russes va éclater pour qu’une solution politique en Syrie arrive rapidement. »

Le fait que les États-Unis aient informé la Russie avant l’attaque, ce que le Pentagone a confirmé vendredi, est un signe inquiétant pour Dimashqi.

« Aucune solution politique n’est possible tant que les deux puissances ne sont pas en conflit. »

Traduit de l’anglais (original).

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