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Libye : la France pourrait préparer une campagne d’assassinats ciblés par drones

Alors que les États-Unis ont démenti avoir mené une frappe aérienne sur Oubari fin juillet, les observateurs du Sahel tournent leurs regards vers la France
Le Sahel libyen, un des derniers bastions d’AQMI (AFP)

Le voile se lève peu à peu sur les événements du 25 juillet dernier qui ont eu lieu à Oubari. Un appareil non identifié avait, en pleine nuit, effectué une frappe ciblant un pick-up. Ce dernier venait de se garer dans la cour d'une maison, dans le quartier Al Sharib à Oubari, une ville du sud-ouest libyen.

Immédiatement après l'attaque qui avait brièvement plongé dans le noir la petite ville, un groupe présumé de Touaregs maliens était intervenu pour disperser la foule en tirant en l'air et récupérer un corps, selon des témoignages sur place cités dans un rapport de services secrets occidentaux dont MEE s'est procuré une copie.

Les premières informations avaient fait état de la mort de six personnes, trois Algériens, deux Maliens et un Libyen répondant au nom de guerre d'Abou Leith al-Liby.

Traduction : « Libye : un commandant tunisien d’AQMI tué dans un bombardement »

Deux jours plus tard, une folle rumeur avait fait le tour de la Libye désignant le terroriste algérien Djamel Okacha, alias Yahia Abou al-Hammam, successeur d'Abou Zeid à la tête d'al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le désert, comme première victime de cette frappe aérienne. Cette rumeur incluait aussi son second, Aderrahmane Talha, alias Abu Talha al-Mouritani, parmi les victimes.

Un commandant d'AQMI visé

Finalement, c'est le site de monitoring de la situation sécuritaire dans le Maghreb et au Sahel, Menastream, qui donnera le bilan définitif et l'identité du terroriste tué. Il s'agit d'un commandant d’AQMI, Ramzi Mansour, un Tunisien dont le nom de guerre est Ramzi al-Tunisi. Il était l'adjoint de l'Algérien Moussa Bourahla, tué dans la même zone le 24 mars dernier dans un bombardement américain.

AFRICOM nie avoir mené une attaque ce jour-là, faisant remonter le dernier raid aérien américain sur la Libye au 13 juin

Pour les observateurs, l'origine du raid aérien nocturne était claire : les Américains avaient à plusieurs reprises bombardé cette ville et considéraient cette zone, avec les innombrables petites oasis qui l'entourent, comme véritable base de repli pour les membres d'AQMI.

MEE a contacté l'officier de presse du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM) à Stuttgart : selon lui, les États-Unis n'ont pas mené d'attaque ce jour-là, le dernier raid aérien américain sur la Libye remontant au 13 juin.

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Les regards des observateurs se sont donc tournés vers la France qui ne communique jamais officiellement sur ses frappes aériennes et encore moins sur ses opérations spéciales en Libye.

La France dispose de cinq drones MQ-9 Reaper sur la base aérienne de Niamey au Niger. Ces drones ne sont pas supposés êtres armés avant 2019. Leur mission est d'appuyer la force Barkhane dans le Sahel et d'effectuer des missions de surveillances au dessus de la Libye.

La piste française

La photo du véhicule bombardé indique qu'il a été touché par une munition antichar et probablement pas par une bombe guidée de forte intensité (les dégâts sont très localisés, la voiture ne s'est pas désintégrée et il n'y a aucun dégât autour), un indice qui privilégie la piste du drone armé ou de l'hélicoptère, même si les témoins nient avoir entendu le bruit caractéristique de ce type d'appareil et encore moins celui d'un des chasseurs Mirage 2 000, basés à Niamey eux-aussi.

Photo du véhicule bombardé à Oubari, selon un témoin (Twitter)

Mais pour un spécialiste français du Sahel contacté par MEE mais qui a souhaité garder l'anonymat, il ne fait aucun doute que la France a expérimenté pour la première fois une attaque de drones en conditions réelles sur le terrain, ce qui pourrait « ouvrir le bal d'une campagne d'éliminations ciblées de chefs terroristes dans la région ».

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La zone d'Oubari qui pendant longtemps a représenté une ligne de front entre les Touaregs libyens et les Tobous, s'est transformée avec le temps en zone de non-droit utilisée comme base arrière par les combattants d'AQMI fuyant le nord du Mali et le Niger.

MEE a sollicité un de ses contacts officieux au ministère français de la Défense. Ce dernier a répondu qu'aucune réponse officielle ne nous serait donnée. 

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