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Des Palestiniens racontent une confrontation mortelle avec la police israélienne à l’hôpital

La police israélienne a empêché l’équipe médicale de traiter des manifestants palestiniens blessés à l’hôpital al-Makassed, selon des témoins
Des manifestants palestiniens portent le corps d’un Palestinien abattu lors des affrontements du 21 juillet (capture d’écran)

JÉRUSALEM – Mohammed Abu Ghanam a été transporté en urgence à l’hôpital al-Makassed, à Jérusalem-Est, avec une balle logée dans un important vaisseau sanguin près du cœur, après des affrontements entre des milliers de fidèles palestiniens et les forces de sécurité à l’occasion d’une « journée de colère » vendredi, à propos du contrôle israélien exercé sur le troisième site le plus saint de l’islam.

Le jeune homme de 19 ans était presque mort et l’équipe médicale tentait l’impossible pour le sauver en effectuant un massage cardiaque.

Ils devaient l’opérer rapidement, mais dans le couloir de l’hôpital, ils ont été arrêtés par la police israélienne et le médecin en charge a été battu, selon deux infirmières présentes au moment des faits.

« Chaque minute compte dans les situations où la vie de quelqu’un est en danger »

– Une infirmière, hôpital al-Makassed

« Chaque minute compte dans les situations où la vie de quelqu’un est en danger », raconte une des infirmières à Middle East Eye.

« Ils nous ont arrêté pendant peut-être cinq minutes dans le couloir et ont battu un des médecins qui tentaient de réanimer le patient. »

Ghanam, sur qui la police israélienne avait tiré lors des affrontements à At Tur, sur le Mont des Oliviers à Jérusalem-Est, est mort de ses blessures peu de temps après.

Traduction : « La police anti-émeutes israélienne a fermé certaines parties de l’hôpital al-Makassed à Jérusalem-Est où les manifestants blessés sont soignés »

Deux autres Palestiniens ont été abattus et quatre autres blessés alors que des milliers de Palestiniens ont affronté la police après des prières pacifiques autour de la vieille ville.

Beaucoup ont refusé d’entrer dans le complexe de Haram al-Sharif, ou Noble Sanctuaire (également connu sous le nom de Mont du Temple), et dans la mosquée al-Aqsa pour protester contre les nouveaux points de contrôle de sécurité israéliens situés à deux entrées essentielles.

Le sanctuaire a été soumis pendant une semaine à des mesures de sécurité accrues, comprenant des détecteurs de métaux, que beaucoup en Palestine considèrent comme une tentative de prise de contrôle du site.

Raids dans les hôpitaux

Al-Makassed est le seul hôpital palestinien de Jérusalem-Est qui dispose d’un service d’urgences.

« Lorsque des incidents se produisent en ville, les blessés sont amenés ici parce que c’est la seule option », explique une infirmière. Les deux infirmières précisent à Middle East Eye que les raids de la police israélienne étaient fréquents après des incidents violents dans la ville, lorsqu’ils cherchaient des suspects blessés.

Un Palestinien, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a raconté qu’il était allé à al-Makassed avec un certain nombre d’autres jeunes hommes pour donner leur sang suite à un appel à don.

« Quand nous sommes arrivés, nous avons entendu dire qu’un gars venait d’arriver à l’hôpital après avoir été abattu sur le Mont des Oliviers », témoigne-t-il à MEE.

« J’ai assisté à de nombreux affrontements et je n’ai jamais vu de balles en caoutchouc comme celles-là »

– Un témoin oculaire, hôpital al-Makassed

« Nous savions alors que la police allait probablement venir à l’hôpital, et des jeunes ont décidé d’essayer de les empêcher d’entrer en bloquant les portes. »

Cependant, lorsque la police est arrivée, les jeunes Palestiniens ont été rapidement chassés par des balles en caoutchouc et des bombes assourdissantes, selon cette source.

Les fidèles palestiniens cherchent à se mettre à l’abri du gaz lacrymogène tiré par les forces israéliennes à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem devant le complexe de la mosquée al-Aqsa, le 21 juillet (AFP)

« J’ai assisté à de nombreux affrontements et je n’ai jamais vu de balles en caoutchouc comme celles-là. Elles sifflaient partout dans l’air autour de moi et ricochaient sur les murs », raconte le témoin.

Il précise qu’aucune pierre n’avait été jetée sur la police avant leur arrivée. « Il n’y avait aucune intention de jeter des pierres et les jeunes n’avaient rien entre leurs mains. La police lançait des grenades assourdissantes sur les gens alors qu’ils s’enfuyaient. »

Selon les deux infirmières, environ 50 policiers israéliens sont entrés à l’hôpital et sont restés pendant vingt à trente minutes.

« L’hôpital n’est pas un magasin, il doit être traité avec respect », précise à MEE l’une des infirmières, qui a souhaité conserver l’anonymat. « Nous voulons simplement sauver des vies, et tout obstacle placé sur notre chemin nous empêche de le faire. »

Problèmes de droits de l’homme

L’administration de l’hôpital a déclaré dans un communiqué qu’il travaillait avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour « mettre un terme rapidement et sans délai au chaos causé par les raids effectués par les forces d’occupation israéliennes à l’intérieur des enceintes et des locaux de l’hôpital ».

Un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a déclaré que les unités de police étaient allées à l’hôpital pour « rechercher des suspects directement impliqués dans les émeutes ».

Traduction : « Les forces israéliennes utilisent du gaz lacrymogène contre des manifestants palestiniens à l’extérieur de l’hôpital al-Makassed à Jérusalem-Est »

Il n’a pas répondu aux sollicitations concernant les allégations selon lesquelles la police avait empêché une équipe médicale d’effectuer son travail.

La police israélienne a empêché Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch (HRW) chargé d’Israël et de la Palestine, d’accéder à l’hôpital vendredi.

Samedi, Shakir a expliqué à MEE que, s’il ne pouvait pas commenter la légalité de ce raid à l’hôpital vendredi, pour qu’un raid dans un hôpital soit légal, il doit avoir un « objectif ciblé… [et] l’impact sur les opérations de l’hôpital doit être négligeable ».

Disparition des cadavres

Selon les infirmières, lorsque le décès de Mohammed Abu Ghanam a été prononcé, des gens qui attendaient dehors sont entrés dans le bloc opératoire et ont emmené le corps. Des corps de Palestiniens morts sont souvent retenus par les autorités israéliennes pendant de longues périodes, et la foule semblait craindre que cela ne se répète dans le cas de Ghanam.

Le témoin qui attendait devant l’hôpital de Makassed a déclaré que la foule avait distrait la police sur les lieux pendant que le corps était sorti de l’hôpital.

« Nous sommes allés à la porte et nous avons manifesté pour couvrir l’évasion du martyr. »

Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un manifestant palestinien lors des affrontements qui ont suivi les prières à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem le 21 juillet (AFP)

Une vidéo diffusée par l’agence de presse Maan a montré un certain nombre de jeunes hommes soulevant le corps par-dessus le mur arrière de l’hôpital.

Il a été enterré un peu plus tard sur le Mont des Oliviers pendant d’autres affrontements entre les personnes en deuil et la police. Shakir a déclaré que HRW enquêtait toujours sur les fusillades de vendredi, mais il s’inquiétait vivement du recours à la force par la police.

« Nous constatons régulièrement que les autorités ne demandent aucun compte aux responsables de recours à la force excessive. L’utilisation de balles réelles contre les manifestants ne laisse présager qu’encore plus de sang », a-t-il déclaré.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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