L’Arabie saoudite assouplit le système de tutelle imposé aux femmes, mais des questions subsistent
Les Saoudiennes n'ont plus besoin du consentement d’un homme pour mener à bien certaines activités, ont rapporté les médias du pays vendredi. Toutefois, les militants des droits de l’homme estiment que la mesure prise par décret royal ne va pas assez loin.
Les restrictions imposées aux femmes en Arabie saoudite sont parmi les plus strictes au monde. Il s’agit notamment du seul pays où les femmes ne sont pas autorisées à conduire.
Selon le système de tutelle en vigueur, une femme ne peut étudier, voyager ou mener un certain nombre d’activités sans l’autorisation préalable d’un parent de sexe masculin, habituellement le père, le mari ou le frère.
Cependant, un décret royal publié ce vendredi par le roi Salmane ordonne que les femmes ne soient plus tenues d'obtenir le consentement d'un tuteur pour mener des démarches administratives, « à moins qu'il n'y ait une base juridique pour cette demande » en vertu de la loi islamique.
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Les agences gouvernementales ont été informées de cette directive, a précisé le média Arab News.
Sahar Hassan Nasief, militante des droits des femmes située dans la ville de Djeddah, sur la mer Rouge, a dit apprécier l’attention royale sur cette question, mais a ajouté que les changements apportés par le décret n’étaient pas clairs.
« Nous avons besoin d’encore plus. Nous devons nous débarrasser complètement de la tutelle », a-t-elle déclaré à l'AFP.
Selon Nassima al-Sadah, une activiste de la ville côtière de Qatif, le gouvernement n’est pas près de mettre fin à la tutelle : « Peut-être qu'ils vont simplement l’assouplir ».
Suhaila Zain al-Abideen, membre de la Société saoudienne pour les droits de l'homme, s’est montrée plus optimiste, déclarant à Arab News qu'elle croyait que les services administratifs couverts par le décret comprendraient la possibilité pour les femmes de se représenter de manière autonome devant les tribunaux, ainsi que de renouveler leur passeport et de voyager à l'étranger sans avoir besoin de l’autorisation d’un tuteur.
L'année dernière, des milliers de personnes avaient signé une pétition demandant la fin de la tutelle.
« Nous avons besoin d’encore plus. Nous devons nous débarrasser complètement de la tutelle »
- Sahar Hassan Nasief, militante des droits des femmes
Philip Alston, rapporteur spécial des Nations unies, a déclaré lors d'une visite en Arabie saoudite en janvier dernier que le système de tutelle devait être réformé.
Les défenseurs des droits indiquent que même les détenues femmes doivent être accueillies par un gardien lors de leur libération, ce qui signifie que certaines doivent croupir en prison ou dans un refuge au-delà de leur peine d’emprisonnement si leur tuteur ne veut pas les accepter.
Bien que le gouvernement n'exige plus l'autorisation des gardiens masculins pour que les femmes travaillent, Human Rights Watch a indiqué dans un précédent rapport que de nombreux employeurs exigent toujours le consentement du tuteur pour embaucher une femme.
Certains hôpitaux demandent également une approbation du gardien avant d’effectuer certains actes médicaux, a ajouté l’ONG de défense des droits de l’homme.
Traduit de l’anglais (original).
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