L’Égypte appelle les enfants à espionner leurs voisins
Les critiques pleuvent sur le ministère de l’Intérieur égyptien qui encourage les enfants à signaler les « méchants » à la police.
Un dessin animé, diffusé fin janvier, qui appelle les enfants à avoir une totale confiance en la police, suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, certaines considérant que le ministère appelle les enfants à devenir des informateurs.
Fateen et Bolbol a été lancé avec ce slogan : « Main dans la main, nous allons protéger l’esprit de nos enfants ».
Traduction : « Second épisode de Fateen et Bolbol, main dans la main, nous allons protéger l’esprit de nos enfants… Le titre de l’épisode : « Rester positif »
Le deuxième épisode, diffusé samedi, montre les deux enfants en question, Fateen et Bolbol, en train de regarder leurs deux nouveaux voisins. Après les avoir trouvés suspects, les enfants signalent ensuite leurs activités à la police.
Dans la vidéo, le policier applaudit les enfants pour être venus tout de suite voir les autorités. Il leur demande aussi de ne raconter à personne ce qu’ils ont rapporté.
Après le signalement des enfants, la police arrive sur les lieux, arrête les deux voisins et les met en prison.
Le policier, appelé Nabil, présenté comme un ami des enfants, leur dit : « Bravo, les enfants, pour nous avoir signalé ce qui vous paraissait suspect ». Et d’ajouter : ce n’est pas aux enfants d’enquêter sur des activités suspectes, c’est le travail de la police.
Le dessin animé met l’accent sur la nécessité pour les enfants de rapporter tout ce qu’ils trouvent douteux sans en parler à qui que ce soit à l’exception de la police, et sans demander conseil à leurs parents. Dans le deuxième épisode, le père d’un des enfants déclare être « extrêmement fier » de son fils, qui est directement allé voir la police.
Traduction : Le ministère égyptien de l’Intérieur… soi-disant une organisation de charité, de progrès et de garderie pour les enfants, et un foyer pour ceux qui n’en ont pas…
L’épisode se termine sur l’enfant qui dit à l’officier de police : « Nous vous avons aidé à attraper les méchants. Où est notre récompense ? Où est le chocolat ? »
À ce sujet, le ministre de l’Intérieur a expliqué que son objectif était d’éduquer les enfants sur le rôle de la police, celui de servir les citoyens, de les protéger et de sauver des vies.
À LIRE : Égypte : vers qui se tourner quand même la police viole ?
Ce n’est pas la première fois que le terme « méchants » est employé par le gouvernement. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi l’utilise depuis 2014 et a appelé les habitants à soutenir l’action du gouvernement pour les combattre, sans spécifier exactement à quoi se rapporte ce mot.
La méfiance et l’aversion pour la police ne sont pas nouvelles. La révolution de 2011 a commencé lors de la journée annuelle de la police en Égypte, comme un acte de défiance après la diffusion de vidéos montrant des victimes de brutalités policières.
Selon Human Rights Watch (HRW), au moins 60 000 personnes ont été arrêtées ou inculpées depuis 2016.
Traduit de l’anglais (original).
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