L’ONU autorise une opération de l’UE visant à faire respecter l’embargo sur les armes à la Libye
Le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé mardi une force navale de l’UE à faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye en interceptant les navires soupçonnés de transporter des armes.
Le Conseil a adopté à l’unanimité une résolution rédigée par la Grande-Bretagne et la France qui étend la mission de l’opération Sophia. On craignait l’abstention de la Russie et de la Chine lors du vote visant à étendre la mission qui lutte contre le passage illicite de migrants en Méditerranée mais devrait désormais soutenir également le gouvernement d’union de Tripoli tandis qu’il se bat contre l’État islamique (EI).
La résolution invoque le chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui permet le recours à la force militaire, et accorde un mandat de douze mois aux navires de l’UE pour « inspecter, sans retard indu, en haute mer au large des côtes de la Libye, les navires à destination ou en provenance de la Libye dont ils ont des motifs raisonnables de croire qu’ils transportent des armes ou du matériel connexe à destination ou en provenance de la Libye. »
L’ambassadeur français François Delattre, qui préside le Conseil ce mois-ci, a affirmé que cette mesure peut « changer la donne » en coupant le flux d’armes « qui alimente l’instabilité » en Libye.
Cependant, l’ambassadeur adjoint russe Vladimir Safronkov a prévenu que la mesure pourrait semer la division en « aidant certains Libyens contre d’autres ».
Safronkov a rappelé que les milices fidèles au général libyen Khalifa Haftar, qui a refusé de soutenir le gouvernement d’union, ont « repoussé efficacement » l’EI.
« Il est inadmissible d’ignorer cela », a-t-il déclaré au Conseil.
L’exécution d’un embargo sur les armes par l’opération Sophia aiderait le gouvernement d’union, soutenu par l’ONU, qui lutte pour établir son autorité sur tout le pays d’Afrique du Nord.
Après le vote de l’ONU, les ministres européens des Affaires étrangères devaient charger officiellement l’opération Sophia de lutter contre la contrebande d’armes lors de leur rencontre lundi à Luxembourg.
Avant le vote, Fayez al-Sarraj, le Premier ministre désigné du gouvernement d’union soutenu par l’ONU, a déclaré que les avancées des combattants pro-gouvernementaux dans le bastion de l’EI de Syrte devraient être un modèle pour « une initiative nationale visant à lutter contre le terrorisme ».
« Nous bénissons les victoires de nos fils sur la ligne de front… dans la lutte pour libérer Syrte et la nettoyer » de l’EI, a-t-il affirmé dans une déclaration télévisée publiée sur la page Facebook du gouvernement d’entente nationale.
Les forces alliées à son gouvernement d’entente nationale se battent depuis la mi-mai pour évincer l’EI de Syrte, à 450 kilomètres à l’est de la capitale Tripoli.
Cependant, Amnesty International a exprimé mardi son inquiétude à propos de l’opération Sophia, en affirmant qu’une coopération plus étroite avec le gouvernement libyen risquait « d’alimenter les mauvais traitements endémiques et la détention indéfinie dans des conditions effroyables » de milliers de réfugiés et de migrants.
« L’Europe ne devrait même pas envisager la coopération migratoire avec la Libye si cela aboutit, directement ou indirectement, à des violations aussi choquantes des droits de l’homme », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe par intérim du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient de l’organisation.
« L’UE a montré à maintes reprises qu’elle est prête à empêcher les réfugiés et les migrants de venir sur le continent quasiment à tout prix. »
La chef de la politique étrangère de l’UE Federica Mogherini a déclaré au Conseil plus tôt ce mois-ci qu’il fallait faire plus pour faire de la « Méditerranée un lieu plus sûr, à commencer pour nos amis libyens ».
La Libye a sombré dans le chaos pendant le soulèvement de 2011 contre Mouammar Kadhafi et le nouveau gouvernement du Premier ministre Fayez al-Sarraj a mis en place un bureau à Tripoli il y a seulement deux mois.
L’embargo sur les armes a été imposé à la Libye en 2011, mais les groupes de suivi des sanctions de l’ONU ont rapporté des livraisons en provenance d’Égypte, de Turquie, des Émirats arabes unis et du Soudan à diverses factions.
La semaine dernière, l’ambassadeur russe Vitaly Churkin a exprimé des inquiétudes par rapport au fait que la mesure pourrait créer des « soupçons contre toute partie », bien que la Russie ne se soit finalement pas abstenue lors du vote.
La Libye est inondée d’armes, avec environ 20 millions d’armes pour un pays de six millions d’habitants, selon les Nations unies.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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