La production d’olives en Tunisie pourrait diminuer de moitié d’ici 2030
Par Mounir Souissi
La culture de l’olivier en Tunisie, tradition qui remonte à 3 000 ans, est menacée : la production risque de diminuer de moitié d’ici 2030 en raison des conditions climatiques extrêmes, des inondations aux sécheresses.
« Avant, il pleuvait régulièrement et la récolte était bonne. Aujourd’hui, tout est différent », explique Amor Slama, un oléiculteur âgé de 65 ans.
Cette année, l’économie chancelante de son pays peut compter sur des exportations record d’huile d’olive.
Cependant, le changement climatique peut causer des ravages dans cet État du nord de l’Afrique, où seuls quelques centaines de kilomètres séparent les terres fertiles de la côte des premières dunes du Sahara.
Depuis des générations, la famille Slama cultive des dizaines de milliers d’oliviers sur 230 hectares à Mornag, au sud de Tunis, où les champs, desséchés l’été, verdissent au printemps.
« Quand j’ai commencé l’oléiculture il y a 30 ans, je n’aurai jamais imaginé qu’un jour je devrais arroser les arbres », a déclaré Slama.
Les conditions météorologiques extrêmes peuvent être dangereuses, de fortes pluies inondant la terre, balayant la terre et endommageant les arbres.
À court terme, le secteur de l’huile d’olive en Tunisie, lequel représente plus de 40 % des ressources provenant des exportations de produits agricoles et 5 % du total des exportations, peut se réjouir.
Les chiffres officiels prévoient une production record de 340 000 tonnes en 2015, dont 312 000 tonnes destinées à l’exportation, faisant de la Tunisie – et ce, pour la première fois – le premier exportateur mondial de ce produit prisé.
Bonne nouvelle, rare dans cette économie ébranlée par la violence extrémiste et l’instabilité politique depuis la révolution tunisienne en 2011, le secteur a rapporté près d’un milliard d’euros cette année, a indiqué Anis Rayani, conseiller au ministère de l’agriculture.
Sécheresses fréquentes
Toutefois, Amor Slama reste pessimiste.
« Cela fait plus de 20 ans maintenant que je remarque l’impact du changement climatique, en particulier la hausse des températures, sur la récolte », a-t-il expliqué.
« D’une année sur l’autre, la production oléicole peut passer de 300 tonnes à 30 tonnes. »
Chokri Bayoudh, du ministère de l’agriculture, a déclaré que les oliveraies ont toujours été à la merci des éléments.
« Néanmoins, avant, nous subissions une grave sécheresse une année sur cinq. Aujourd’hui, c’est en moyenne deux en cinq ans. »
Le changement climatique affecte l’ensemble du secteur de l’huile d’olive qui emploie 390 000 des 560 000 travailleurs agricoles du pays et fournit une source de revenus à un million de Tunisiens.
En l’état, sur les 80 millions d’oliviers que comptent la Tunisie, 80 % ne sont pas irrigués et dépendent entièrement de l’eau de pluie.
En outre, une grande partie d’entre eux se trouvent dans le centre et le sud de la Tunisie où le sol est le plus aride.
Une étude menée conjointement par le ministère de l’Agriculture et l’agence de coopération allemande prévient que la production pourrait être réduite de moitié d’ici à 2030, ruinant de nombreux agriculteurs.
« Pour arroser les arbres, nous avons dû dépenser beaucoup d’argent : creuser un puits profond et construire des bassins pour conserver l’eau de pluie », a expliqué Amor Slama.
« Mais, avec la sécheresse, l’eau du puits est devenue salée puis s’est tarie », a rapporté l’agriculteur, dont les bassins sur le terrain de terre craquelée sont aujourd’hui vides.
Chokri Bayoudh a annoncé que la Tunisie avait pris des mesures pour faire face au défi que représente le changement climatique.
« Nous avons commencé à mettre en œuvre un plan visant à stabiliser la production dans les prochaines années », a-t-il expliqué.
Les autorités tunisiennes encouragent les agriculteurs à planter des espèces locales d’oliviers qui résistent mieux à la sécheresse et prévoient elles-mêmes d’en planter jusqu’à cinq millions dans le nord du pays où la pluviométrie moyenne est la plus élevée.
Ce projet de 18 millions d’euros a été officiellement lancé et devrait se poursuivre jusqu’en 2020.
« Nous devons nous adapter », a conclu Chokri Bayoudh.
Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.
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