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La Tunisie s’inquiète du retour des combattants de l'EI

L'Europe et le Sahel ne sont pas le seuls à s'inquiéter du retour de leurs ressortissants partis se battre aux côtés de l'EI. Depuis l'attentat de Berlin, le débat sur le sort à leur réserver agite la Tunisie
Des Tunisiens manifestent contre l'attaque contre le musée national du Bardo, commis par une cellule de combattants dont deux rentraient de Syrie, le 18 mars 2015 (MEE/ Eric Reidy)
By MEE

Depuis l’attentat contre le marché de Berlin, le 19 décembre, une partie du débat public en Tunisie se focalise sur le retour des combattants armés partis rejoindre le groupe État islamique (EI) en Syrie, en Irak et en Libye.

Selon une vidéo diffusée par l’agence de propagande du groupe, l’auteur présumé de l’attaque, Anis Amri, 24 ans, avait fait allégeance à Daech.

L'auteur présumé de l'attentat de Berlin, Anis Amri, a relancé le débat sur le retour des combattants tunisiens de l'EI (AFP)

Ce jeudi, alors que le président Béji Caïd Essebsi a reçu son chef de gouvernement Youssef Chahed pour parler « des plans mis en place par le gouvernement pour traiter le dossier des Tunisiens de retour des foyers de tension », six partis politiques ont mis en garde « contre tout accord secret ou annoncé » qui favorise leur retour.

L’Union patriotique libre (UPL), Nidaa Tounes (Front de salut), le Parti du travail patriotique et démocratique (PTPD), le Parti socialiste (PS), Projet de la Tunisie et le parti Athawabet ont rappelé que ces Tunisiens constituaient « un véritable danger pour la sécurité nationale et régionale ».

« La sécurité de la Tunisie dépend de la sécurité des pays voisins notamment de l’Algérie », ont souligné les partis dans une déclaration commune déplorant le manque de communication du gouvernement à ce sujet.

https://twitter.com/AfekTN/status/813851345115615232

Ils ont exhorté les autorités à éclairer l’opinion publique sur les mesures sécuritaires et juridiques qui ont été prises à l’encontre des combattants, qui selon le ministère de l’Intérieur, seraient plus de 800 à être revenus en Tunisie.

Hédi Majdoub, le ministère de l’Intérieur, a affirmé disposer de toutes les données nécessaires sur ces Tunisiens tout en reconnaissant « les faiblesses » du renseignement tunisien dans l’affaire de l’assassinat de Mohamed Zouari, notamment en ce qui concerne ses activités à l’extérieur du pays, la Tunisie ne disposant pas d’un système de renseignement extérieur ni de moyens matériels et humains pour parvenir à de telles informations.

Le ministre a également fait état de l’absence d’un cadre juridique qui organise les services de renseignement ajoutant que le système tunisien a été énormément affaibli au lendemain de la révolution.

Modifications sur la loi antiterroriste

Les six partis se sont déclarés, favorable à tout mouvement de protestation contre le retour des terroristes appelant, dans le même contexte, à opérer des modifications sur la loi antiterroriste pour préserver l’intérêt et la sécurité du pays.

Ils ont également mis en garde contre tout accord secret ou annoncé qui favorise le retour des terroristes en Tunisie.

« Le gouvernement allemand avait annoncé son intention de rapatrier plusieurs demandeurs d’asile parmi les ressortissants tunisiens », rappellent-ils dans leur déclaration.

Mardi à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le groupe parlementaire de Nidaa Tounes (le parti créé par Béji Caïd Essebsi qui regroupe 67 élus sur un total de 217 députés) avait appelé à intensifier les efforts diplomatiques « pour juger les terroristes dans les pays où ils ont commis les crimes ».

Le groupe a également proposé la constitution d’une commission juridique dont la mission serait d’élaborer une approche législative de ce retour.

Le même jour, des manifestants s’étaient rassemblés devant l’hémicycle du Bardo pour dire « Non à la repentance ! Non à la liberté pour les groupes terroristes ». Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha, membre de la coalition gouvernementale, avait soutenu dans le passé l'idée de « repentance » pour les Tunisiens souhaitant rentrer chez eux à condition qu'ils abandonnent la violence.

« Le retour des individus qui ont les mains tachées de sang risque d’affecter le modèle de société tunisien », a averti le bloc parlementaire de Nidaa Tounes.

Par ailleurs, le groupe a appelé à la protection du territoire Tunisien contre toute tentative d’infiltration illégale et de coordonner les actions entre les institutions militaire et sécuritaire pour démanteler les réseaux d’enrôlement des jeunes.

« Le retour en Tunisie des terroristes en provenance des foyers de tension est alarmant et peut conduire à la somalisation du pays », a affirmé dans un communiqué, repris par l’AFP, le Syndicat national des forces de sécurité intérieure qui déplore « l’absence de volonté politique » et exhorte le gouvernement à prendre des mesures « exceptionnelles », mentionnant « la déchéance de nationalité ».

La Tunisie compte plus de 5000 ressortissants dans les rangs d’organisations classées terroristes à l’étranger, selon un groupe de travail de l’ONU.

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