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Les militants de l’État islamique « rasent leur barbe » tandis que la pression monte sur Mossoul

On rapporte que des militants de l’État islamiques ont rasé leur barbe et changé de vêtements alors que la ville irakienne de Mossoul échappe à leur contrôle
Les forces gouvernementales irakiennes patrouillent la région de Kirkouk à la recherche des membres du groupe État islamique (AFP)

Les militants du groupe État islamique rasent leurs barbes et changent de cachettes à Mossoul, ont indiqué des habitants, alors qu’une offensive irakienne majeure se rapprochait toujours plus mercredi.

Tandis que la pression monte au dixième jour de l’offensive sur Mossoul, les responsables occidentaux de la défense anticipent la prochaine cible : l’autre bastion majeur de l’EI, Raqqa, en Syrie.

Les récents progrès sur le front de l’est ont amené les forces irakiennes d’élite à moins de cinq kilomètres de Mossoul et les habitants contactés par l’AFP ont déclaré que les militants semblaient se préparer à une offensive sur la ville elle-même.

« J’ai vu certains membres de Daech [EI] et ils avaient l’air complètement différent de la dernière fois où je les ai vus », a déclaré Abu Saif, un habitant de l’est de Mossoul.

« Ils avaient taillé leur barbe et changé de vêtements », a déclaré l’ancien homme d’affaires. « Ils doivent avoir peur… ils se préparent aussi probablement à fuir la ville. »

Les habitants et les responsables militaires indiquent que de nombreux combattants de l’EI avaient déménagé au sein de Mossoul, passant de l’est à leurs bastions traditionnels sur la rive ouest du fleuve Tigre, près des itinéraires de fuite vers la Syrie.

Le bruit des combats sur les fronts nord et est de l’offensive sur Mossoul parvient désormais dans la ville, ont rapporté des habitants, et les avions de la coalition menée par les États-Unis survolaient la ville à plus basse altitude que d’habitude.

Des dizaines de milliers de combattants irakiens ont progressé sur Mossoul depuis le sud, l’est et le nord après le lancement d’une offensive le 17 octobre pour reprendre la dernière grande ville irakienne sous le contrôle de l’EI.

Raqqa dans « les prochaines semaines »

L’offensive est soutenue par un appui aérien et terrestre de la coalition menée par les États-Unis – laquelle comprend également la Grande-Bretagne et la France – qui a lancé une campagne contre l’EI il y a deux ans.

Les forces fédérales irakiennes, alliées à des combattants peshmergas kurdes, se sont emparées de plusieurs villes et villages dans une avancée prudente mais constante au cours de la semaine dernière, face aux bombardements, aux tirs de snipers et aux voitures piégées.

Environ 3 000 à 5 000 combattants de l’EI seraient présents à Mossoul, deuxième ville d’Irak, aux côtés de plus d’un million de civils pris au piège.

Avec l’étau qui se resserre sur Mossoul, des responsables de la coalition contre l’EI qui rassemble soixante nations envisagent de plus en plus clairement la phase suivante de la lutte.

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter ainsi que son homologue britannique Michael Fallon ont déclaré mercredi qu’ils s’attendaient à ce qu’une offensive sur Raqqa soit lancée dans quelques semaines.

« C’est notre plan depuis longtemps et nous avons les ressources pour soutenir les deux », a déclaré Carter NBC News avant d’arriver à Bruxelles pour une réunion de deux jours des chefs de la défense de l’OTAN.

Si Mossoul tombe, Raqqa sera la seule grande ville de Syrie ou d’Irak sous contrôle de l’EI, le vestige d’un « califat » transfrontalier que les militants ont décrété après s’être emparés d’une grande partie des deux pays à la mi-2014.

L’offensive contre Raqqa sera néanmoins sans doute beaucoup plus compliquée que celle sur Mossoul : contrairement à l’Irak, la coalition ne dispose pas d’un allié fort sur le terrain en Syrie.

Le président américain Barack Obama a discuté mercredi par téléphone avec le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué, exhortant une « coordination étroite » entre les deux pays pour « appliquer une pression soutenue sur l’EI en Syrie afin de réduire les menaces aux États-Unis, en Turquie et ailleurs ».

Les cinq ans de guerre civile en Syrie ont laissé le pays dans le chaos : l’EI, les rebelles soutenus par les États-Unis, les Kurdes syriens et les forces du président Bachar al-Assad sont tous engagés sur plusieurs fronts.

« Vague de déplacés »

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre une potentielle crise humanitaire majeure lorsque les combats commenceront à l’intérieur de Mossoul même et les civils étaient déjà de plus en plus nombreux à partir.

Un ministre irakien a déclaré mercredi que plus de 3 300 civils en fuite avaient demandé l’aide du gouvernement la veille, le nombre le plus élevé sur une seule journée jusqu’à présent.

Il y avait « une grande vague de personnes déplacées… le plus grand nombre depuis le début de l’opération militaire », a affirmé le ministre des Migrations et des Déplacés Jassem Mohammed al-Jaff.

Le nombre de personnes qui ont fui leur foyer depuis le début de l’offensive en octobre a dépassé 10 000, a déclaré l’ONU mercredi soir.

Les combats ont eu lieu dans des zones peu peuplées jusqu’à présent et bien que les chiffres aient augmenté plus rapidement cette semaine, ils ne représentent encore qu’une fraction de l’énorme déplacement auquel s’attendent les travailleurs humanitaires.

Dans un camp près de Khazir, le nombre de personnes récemment déplacées qu’on faisait monter dans des bus était plus élevé que d’habitude.

« Nous sommes sans aucun doute mieux ici. Nous avons été bombardés de tous les côtés, par des avions et des chars », a déclaré un homme qui a fui le village de Bazwaya et s’est présenté comme Abou Ahmad.

Les familles ont rejoint un camp composé de centaines de tentes bleues et blanches couvertes de poussière, tandis que des dizaines de travailleurs humanitaires distribuaient des matelas, des couvertures, de la nourriture et de l’eau.

La communauté humanitaire craint qu’il soit débordé lorsque les centaines de milliers de gens qui seraient encore pris au piège à Mossoul parviendront à s’enfuir.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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