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Pour un député marocain, « l’option militaire » contre le Polisario n'est pas à exclure

Le Maroc hausse le ton contre le Polisario et l’Algérie alors que de nouvelles tensions s’installent dans la « zone tampon »
Défilé de soldats du Front Polisario, en 2011, à l’occasion du 35e anniversaire de la création de la République arabe sahraouie démocratique (AFP)

En plein processus d'adoption de la résolution annuelle de l’ONU sur le Sahara occidental, le Maroc durcit le ton. Ce dimanche, deux réunions gouvernementales, l'une au Parlement, l'autre entre des chefs des partis politiques marocains, se sont tenues pour condamner les incursions du Front Polisario dans la zone tampon et à l’est du mur de défense de 2 700 kilomètres qui sépare le Maroc du Sahara occidental.

Les deux réunions, qui ont été pilotées par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit, ont été l'occasion d'instruire la classe politique marocaine sur les dernières évolutions du dossier sur le Sahara occidental. 

Jeudi 29 mars, quatorze membres des forces du Front Polisario ont dressé des tentes à El Mahbes, dans la zone tampon. Des médias marocains ont également fait état d'incursion dans les localités de Bir Lahlou et de Tifariti. Le Maroc accuse le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, de mener des incursions dans la zone tampon près de Guerguerat, un no man's land situé à l'extrême sud, à la frontière avec la Mauritanie, mais aussi, depuis mars, à Tifariti et Bir Lahlou.

« Cette provocation dure depuis un certain temps. Le Maroc ne pourra pas rester les bras croisés devant des attaques continues », a insisté le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, lors d'un point presse.

Le Front Polisario considère Tifariti et Bir Lahlou comme des « zones libérées », et a annoncé vouloir y établir son ministère de la Défense. Le mouvement indépendantiste considère même Bir Lahlou comme sa capitale provisoire, mais le siège du mouvement est situé à Rabouni, dans les camps de Tindouf, en Algérie. 

C'est d'ailleurs à Bir Lahlou qu'a été enterré Mohamed Abdelaziz, l'ancien chef du Front Polisario, décédé en 2016.

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Pour le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, qui s'exprimait à l'occasion devant les parlementaires des deux chambres, « l'ONU ne s'est pas montrée assez forte dans sa gestion des provocations de Guerguerat », ce qui a été, selon le diplomate, considéré par le Front Polisario « comme un encouragement ». Toujours selon le chef de la diplomatie marocaine, les actions du Front Polisario visent à changer le statut juridique de cette zone.

« Un message à l'Algérie »

« Le Maroc réagira avec détermination et par tous les moyens à toutes les actions qui pourraient changer le statut de cette zone, il s'agira d'un ''casus belli'' dont le Maroc tirera tous les enseignements », a prévenu Nasser Bourita dont les propos ont été relayés par la MAP, l'agence de presse officielle du Maroc. « L'Algérie doit assumer ses responsabilités. Le Maroc n'attaque pas l'Algérie lorsqu'il dit que l'Algérie encourage ce genre de provocations : c'est l'Algérie qui abrite, qui finance, qui arme, qui mobilise, ce n'est là ni une attaque ni une insulte, c'est la vérité », a affirmé M. Bourita.

Selon une source parlementaire contactée par Middle East Eye, la crainte du Maroc est de voir « une occupation progressive de ce territoire par le Front Polisario », qui « tente de transférer, graduellement, son centre de Rabouni » à Bir Lahlou. 

Cette séance parlementaire intervient au moment où le secrétaire général de l'ONU a présenté une version avancée de son rapport annuel sur le Sahara occidental. Le rapport devrait être adopté par le Conseil de sécurité ce mois-ci.

Traduction : Le parlementaire Addi Bouarfa ‘’explose’’ : « L’option militaire est très probable, deux sorties des Forces royales aériennes, et on efface le Polisario de la carte » 

À l'issue de la rencontre tenue au Parlement, les députés marocains ont adhéré à une condamnation unanime de l'incursion du Front Polisario dans la zone tampon. Certains ont tenu des propos particulièrement bellicistes. À la presse, le parlementaire Addi Bouarfa, du Parti authenticité et modernité (PAM), a déclaré ce dimanche que « l'option militaire n'est pas exclue ». « Je le dis et j'assume mes responsabilités », a-t-il insisté.

« Nous ne pouvons pas indéfiniment accepter ces provocations », a ajouté le député. « Le Maroc, et je le dis sincèrement, doit adresser un message à l'Algérie : soit elle respecte les principes du bon voisinage, soit le Maroc est prêt à tout, y compris à une intervention militaire ».

Plus troublant, le parlementaire a estimé que « le Maroc a un droit de poursuite à l'intérieur de son territoire. Deux sorties des Forces royales aériennes, et on les efface de la carte », a-t-il dit en référence aux éléments armés du Front Polisario qui mènent des incursions dans la zone tampon.

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« Le Maroc cherche des obstacles pour se désengager du processus de paix », a réagi M'hamed Khedad, le coordinateur du Polisario avec la mission de l'ONU au Sahara occidental, contacté par l'AFP depuis Alger.

Le Conseil de sécurité a demandé fin mars à l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler, de poursuivre les discussions sur une relance de négociations visant à régler le différend autour de ce territoire. Aucune date n'a été annoncée pour reprendre des pourparlers formels, les derniers en date, sous l'égide de l'ONU, remontant à 2012.

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